JUSQU'OU IRA LE PRESIDENT NKURUNZIZA POUR UN BRIGUER UN 3 è MANDAT?

Burundi news, le 03/03/2014

Par Gratien Rukindikiza

Si un sujet monopolise les débats politiques burundais, le 3 è mandat de Nkurunziza en est un. Toute la vie politique burundaise est au rythme de cette probabilité. Selon la constitution et les accords d'Arusha, aucune personne ne peut diriger le Burundi plus de 10 ans. Le Président Nkurunziza veut déroger à la règle. Pourra-t-il y arriver? Quelles sont ses forces, ses outils pour y arriver, ses alliés, ses faiblesses?

La loi                                                                                          

La loi joue contre son troisième mandat. Cependant, au Burundi, si la loi bloque la voie que le Président veut emprunter, la solution est simple. Il change ceux qui sont chargés de l'appliquer pour qu'ils la violent au nom "de la loi". Les magistrats de la cour constitutionnelle, chargés d'interpréter en dernier recours cette constitution ont été changés et seuls les fidèles du Président et membres officieux du parti CNDD-FDD siègent dans cette cour.

Politiquement, les discussions de Kigobé au Parlement ont permis un consensus et la communauté internationale a apporté son soutien. Il n'est pas question de modifier la constitution sur cette question du mandat du Président et aussi de mettre fin aux accords d'Arusha. Si le Président passe outre, son opposition sera, non seulement nationale mais aussi internationale. Quelques pays ont déjà exprimé leur opposition au 3 è mandat de Nkurunziza et à  la mise ne quarantaine des accords d'Arusha. On peut citer la Belgique, les Etats Unis et aussi l'Ouganda sans le faire officiellement.

Deux généraux derrière Nkurunziza en première ligne

Les proches du Président sont de moins en moins fidèles et de plus en plus critiques. Il devient aussi de plus en plus méfiant. Il vient d'envoyer deux généraux à l'étranger aux postes d'ambassadeurs. Le général Godefroid Mbazumutima, ancien chef d'Etat major de l'armée vient d'être nommé ambassadeur au Kenya et le général Nkurunziza est nommé en Somalie.

Un groupe de 5 généraux décidait de tout au Burundi, agissait comme des membres du conseil d'administration de l'entreprise Burundi-Nkurunziza Sarl. Les ministres, les chefs du CNDD-FDD ne sont que des figurants. Toutes les décisions se prennaient au sein de ce conseil d'administration de 5 généraux qui épaulaient le Président. Un ministre qui avait osé décider sans demander les instructions de ce conseil d'administration, surtout en matière de marché public, a été traité d'agahimbiri, un petit idiot.

Le Président directeur général du conseil  d'administration de l'entreprise Burundi-Nkurunziza Sarl a voulu réduire son conseil d'administration pour ne pas perdre son marché le Burundi. Il a gardé deux directeurs généraux ayant plus d’efficacité dans la main mise sur les parts du marché burundais. Le général Adolphe Nshimirimana, patron de la sécurité de la société garde un œil et un couteau sur tous ceux qui peuvent contester la suprématie de la société Burundi-Nkurunziza Sarl  sur les parts du marché burundais. Il est prêt à les envoyer sous terre pour que son patron se maintienne au pouvoir, que les salariés, les esclaves, soient d’accord ou pas.

Le général Alain Guillaume Bunyoni est le fidèle parmi les fidèles et se positionne au poste de secrétaire général de la société. Il assure toutes les affaires courantes financières et coups bas, toujours dans le cadre du maintien de son chef   Nkurunziza à la tête de la société  tout en gardant les parts du marché à 100%. C’est lui le chargé des missions pour phagocyter les petites sociétés qui veulent acquérir les parts du marché. La société Uprona est tombée sous le complot de Bunyoni et une trahison a mis de l’embarras dans la société Uprona. Les délégués du personnel de ce parti ne veulent pas perdre leurs places au conseil d’entreprises du groupe car la société a connu un rachat sauvage  part la grande entreprise Burundi-Nkurunziza Sarl. Ces délégués du personnel restés avec Nditije, patron de la boîte veulent rejoindre Concilie Nibigira qui a reçu un cadeau d’un amant. Dans l’emballage, il y avait la société Uprona de Nditije. Aujourd’hui, Nditije se prépare avec  capital et créances à rejoindre celle qui a reçu le cadeau Uprona. Tout cela sous la supervision du général Bunyoni et dans le cadre de la protection du   3è mandat de Nkurunziza.

Les autres généraux ne sont plus  dans les affaires stratégiques. Les autres directeurs sont réduits à la figuration.

Dans la réalité, le Burundi est dirigé par  le trio Nkurunziza-Nshimirimana-Bunyoni. Ce trio s’entend parfaitement et se partage les dividendes, richesses du Burundi. Mes excuses à toute personne du CNDD-FDD qui se croyait importante ou partie intégrante des décisions du régime. Les autres sont des serviteurs, ni moins ni plus. Très étonnant, des hautes personnalités sont convoquées à la Documentation pour être interrogées. Cela ne pourrait se faire ailleurs. Le trio manipule l’art de ridiculiser les leurs et aussi les adversaires.

L’arme précieuse, Imbonerakure

Le trio n’a pas confiance en l’armée. A défaut de gagner les élections, ce trio a mis en place  une milice à l’image des interahamwe qui ont commis le génocide au Rwanda en 1994. Ces imbonerakure ont déjà commis des meurtres et harcèlent les opposants. C’est un outil dans les mains de la Documentation. Les responsables communaux reçoivent de ce service 150 000 frs par mois. Cette milice commence à se heurter à une résistance, surtout des jeunes du parti MSD qui ont décidé de s’opposer.

La cour anti- corruption pour traquer les opposants

La justice a aussi son rôle à jouer pour aider le Président Nkurunziza à se représenter pour un 3 è mandat. Cette cour est composée spécialement des militants du CNDD-FDD qui exécutent des ordres reçus d’en haut. Peu importe qu’il ait une accusation ou pas, c’est la prison. Banvuginyumvira du Frodebu est en prison et le procureur de cette cour l’accuse d’avoir tenté de corrompre les policiers dans un montage politico-policier et sexuel.

Cette cour continue dans sa lancée. D’autres opposants et militants du CNDD-FDD qui ne veulent pas soutenir Nkurunziza sont dans le collimateur.

L’argent

A tout seigneur tout honneur. Au royaume du pasteur Nkurunziza, l’argent vient avant les hommes. L’enveloppe des bonnes œuvres de 6 milliards de francs bu ; soit 3 millions d’euros, sert à financer le très pauvre Président Nkurunziza et ses deux complices du trio. Les Burundais sont pauvres. Ils peuvent se consoler car ils ont un des Présidents les plus riches de l’Afrique noire. Le trio croule sous les dollars.  Les pauvres burundais peuvent en être fiers avant de  demander à ce trio de rembourser.

Le pasteur Président avait prédit des inondations qui devaient emporter les citoyens. La pluie a emporté six jours après plus de 150 personnes au cours de  la nuit et plusieurs milliers de maisons. Les 6 milliards de francs bu prévus pour aider les dizaines de milliers sinistrés sont manquants à l’appel des aides. En effet, le trio a faim et les pauvres sinistrés de Kamenge, Kinama, n’ont qu’à se débrouiller et marcher presque nus.

Cet argent est nécessaire pour s’enrichir, acheter certains opposants, pour déplacer les imbonerakure et d’autres actions pour un 3 è mandat.

La constitution sera modifiée en faveur de Nkurunziza

Le parti Uprona s’apprête à aider le CNDD-FDD à voter la  nouvelle constitution. Les députés de l’Uprona, par peur de perdre leurs places comme ceux qui étaient avec Radjabu, viennent de prendre la décision de se tourner vers Concilie Nibigira. Nditije pourrait faire partie de la nouvelle migration. Des discussions sont en cours.

L’Uprona se ferait du hara kiri sous l’œil amusé du CNDD-FDD.

Jusqu’où ira Nkurunziza ?

Il est  prêt à tout, y compris  sa propre perte pour un troisième mandat qui sera tragique pour lui. Les morts seront au rendez-vous, les emprisonnements. Il faudra que les Burundais se préparent à résister à la folie d’un chef qui pourra  appliquer la pire des dictatures en Afrique. Manque de chance pour Nkurunziza, les officiers issus du CNDD-FDD sont très mécontents. La grogne monte face à l’enrichissement du trio et à la dictature qui se prépare. Ils seront à la base des problèmes futurs de Nkurunziza.

Quelle mouche a piqué Nkurunziza pour qu’il joue contre ses propres intérêts ? Est-ce que le pouvoir rend aveugle, sourd et muet ?