Burundi news, le 04/05/2010

 

NKURUNZIZA, Président-candidat hautain et violateur des droits de l'homme!

Par NZIBAREGA Bernard

 

A la veille de l'ouverture officielle de la campagne électorale, il me semble important d'apporter mon humble contribution à la réflexion sur ce tournant historique qui, espérons-le, constituera un rapprochement festif entre les filles et fils d'une même nation.

 

De mémoire d'homme qui observe, depuis bientôt une quarantaine d'années, la vie politique dans différents pays du monde, je n'avais jamais vu un candidat à une élection présidentielle aussi hautain que le Président-candidat NKUKUNZIZA.

 

Voilà donc un candidat qui, dès le lendemain de la déclaration de sa candidature à la présidence de la République, s'empresse de partir en tournée à l'étranger, aux frais du contribuable , comme si la campagne électorale ne l'obligeait nullement à mouiller sa chemise. Et comme si le peuple burundais avait un intérêt quelconque dans ces voyages intempestifs voire compulsifs! Il est vrai que le Président-candidat est habitué à fuir ses lourdes tâches, sans doute trop lourdes pour ses épaules.

 

Une façon comme une autre de regarder de haut ses challengers qui, elles/eux, ont raison de  considérer qu'une élection n'est jamais ni gagnée ni perdue d'avance. Même si les ténors du CNDD-FDD, NKURUNZIZA en tête, voudraient nous faire croire que leur champion à la présidentielle  n'aura pas moins de 58% des voix dès le premier tour du 28/06/2010 ( selon une source interne à ce parti complètement déconnecté de la dure réalité générée par l'incompétence du pouvoir actuel). Ben, voyons.. ! Et pourquoi pas 100% comme lors du show piteux du 24 avril dernier! Pour mémoire, en 2005 Nkurunziza n'avait obtenu que 56% des suffrages, alors que son parti était parti favori! En réalité, le CNDD-FDD a déjà perdu les élections de 2010 à l'instar de l'UPRONA EN 1993 et du FRODEBU EN 2005, et la faute en incombe à NKURUNZIZA en personne. Le CNDD-FDD a surtout raté  une occasion en or de se régénérer: c'est dommage car il n'est jamais gai d'assister impuissant, à la mort en direct d'un parti qui avait suscité tant d'espoirs.

 

Au fond ce que redoute le Président-candidat NKURUNZIZA c'est de perdre la face, suite à un entêtement périlleux et  incompréhensible de vouloir, coûte que coûte,  rempiler après un mandat catastrophique du régime CNDD-FDD. Il est atteint du syndrome dominant chez plusieurs chefs d'état africains qui usent de tous les subterfuges pour se scotcher sur le fauteuil présidentiel à vie, tels feus Gnassimbé EYADEMA et Omar BONGO, sans oublier Laurent GBAGBO, Blaise COMPAORE (entre autres), auprès de qui NKURUNZIZA est allé demander conseil! Peut-être venait-il enfin de se rendre compte qu'il aurait dû céder sa place à un autre candidat ayant moins de boulets aux pieds!

 

Pourquoi peut-on affirmer sans ambages que la campagne du Président-candidat est mal partie? Tout d'abord,  désavoué au sein du Conseil des sages du 21mars 2010, NKURUNZIZA n'a obtenu (de manière démocratique) que 25% des suffrages, devancé  par RUFYIKIRI Gervais (32%) et NGENDAKUMANA Jérémie (28%).

 

Concrètement, 60% des membres du Conseil lui sont hostiles, et 15% se sont abstenus de lui signer un chèque en blanc . Non content de tels résultats « démocratiques », NKURUNZIZA s'est empressé d'orchestrer un putsch pour obtenir 100%, mais de manière non démocratique, lors du pitoyable show du 24 avril 2010 au cours duquel un élément sonore d'une radio privée nous a donné un avant-goût des slogans aussi idiots que violents tels que « SHIRIRA! », « ZIRYE! » dont les « imbonerakumwe » se gargarisent à longueur de meetings pour terroriser impunément quiconque n'est pas adhérent ou sympathisant du CNDD-FDD! On comprend mieux les affinités de NKURUNZIZA avec Arthémon SIMBANANIYE, le cerveau présumé du  génocide anti-Hutu de 1972 qui l'a rendu orphelin. Mais NKURUNZIZA n'est pas à une contradiction près, tant il est spécialiste du double langage!

 

NKURUNZIZA, conscient que seulement 25% des membres de sa propre famille politique lui font confiance se doute bien qu'il est impopulaire au sein de la population. Ses opérations de charme à caractère populiste lui font croire que les Burundaises et Burundais sont dupes!

 

Je le mets au défi de laisser les citoyens s'exprimer librement à travers les urnes et il risque de tomber de très haut! Mais là où le bât blesse, c'est que le Président-candidat NKURUNZIZA a peur d'affronter la vérité! Son parti dont le seul programme consiste en détournements massifs de fonds et de biens publics, corruption à tous les étages de l'état, violations flagrantes et répétitives des droits de l'homme, assassinats ciblés, paupérisation de la population à outrance, et j'en passe... nous donnent toutes les raisons de craindre le pire au cours de la campagne qui commence. Même le candidat de l'UPRONA a fait le même constat, tout en oubliant qu'il en porte une certaine responsabilité. Passons, car la campagne électorale s'annonce animée!

 

J'en profite pour lancer un appel à la raison des quelques militant(e)s qui étouffent au sein du CNDD-FDD, afin qu'ils/elles rejoignent le camp de la raison, en opérant une mutation salvatrice de leur parti (si cela est possible, et ce n'est pas gagné) ou cherchent le salut dans d'autres formations politiques qui les respecteront beaucoup mieux! La vérité est que le camp de la raison (l'opposition à NKURUNZIZA) est majoritaire alors que celui de la déraison (la tête du CNDD-FDD  est devenue minoritaire): à elles/eux de faire le bon choix , y compris dans l'isoloir le jour du vote, dès le 21 mai 2010! Les Burundais de DURBAN en Afrique du Sud ont donné un bel exemple à suivre!

 

Il faut savoir que  quiconque se laissera manipuler par ces responsables d'un pouvoir finissant court également le risque de se faire instrumentaliser pour les protéger au lieu de les neutraliser politiquement puis les faire traduire devant la justice, dès lors que cette dernière aura enfin acquis son indépendance, sous la houlette du nouveau pouvoir issu des élections de 2010.

 

On ne peut pas laisser le Président-candidat NKURUNZIZA continuer son double langage tout en préparant sournoisement le retour à l'affrontement entre les soeurs et frères de notre nation. Le camp anti-NKURUNZIZA est majoritaire,  veut la paix, exige la fin de l'impunité que ce candidat cherche à pérenniser pour mieux étouffer le peuple. C'est pour cela qu'il avait tout tenté pour que ces élections n'aient pas lieu.

 

J'en veux pour preuves les différentes manoeuvres du pouvoir : limitation à un million cent mille, le nombre de bénéficiaires de la carte d'électeur gratuite, les tricheries ici et là lors de la distribution des dites cartes d'identité et des inscriptions au rôle, les assassinats ciblés d'opposants, les actes d'intimidation ou de terrorisme orchestrés par des « imbonerakure » sous l'oeil complice de l'administration et de la police. Etc... etc...Tout cela pour dissuader les citoyens de se rendre aux urnes pour dire adieu à NKURUNZIZA qui n'a même pas la confiance des siens!

 

Les électrices et électeurs burundais ne sont pas plus bêtes que celles/ceux des autres pays où une certaine liberté d'expression existe. Les résultats  du 21 mai 2010 vont le démontrer magistralement à NKURUNZIZA qui, au lieu, de dilapider les impôts de ses concitoyens à l'étranger ferait mieux de les  rassurer en prenant des sanctions contre les contrevenants à la loi et à la sécurité publique.... à moins d'en être l'instigateur principal. Il a toujours fui ses responsabilités. Pourquoi donc le réélire? Je reconnais qu'il ne viendrait à l'idée d'aucun voleur de punir d'autres voleurs!

 

Par ailleurs, et c'est la deuxième raison de mauvais départ pour sa campagne: les silences complices du Président-candidat NKURUNZIZA dans tous les scandales de toutes natures ayant émaillé son mandat plaident en sa défaveur, surtout que (circonstances aggravantes) il s'est mis sous la protection du dictateur KAGAME (qui est pointé du doigt par « Reporters Sans Frontières » comme l'un des champions des violateurs de la liberté de la presse) au lieu de lui demander des explications sur le dossier relatif à l'assassinat du Président NTARYAMIRA et ses 2 ministres, le dossier des retraites de Burundais ayant travaillé au Rwanda et d'autres dossiers encore. KAGAME préfère NKURUNZIZA à un Président du changement démocratiquement élu, et pour cause!

 

La troisième raison, et non des moindres, qui annonce la déroute électorale du Président-candidat NKURUNZIZA et du CNDD-FDD, c'est la fuite du débat contradictoire. S'il était sûr de gagner ces élections, il ferait tout pour affronter ses adversaires, notamment, par le biais de débats contradictoires animés par des journalistes cooptés par les débatteurs. Mais comme il n'a rien à dire il préfère déléguer son ministre de l'Intérieur ou la présidente du CNC (en passant par l'obstruction criminelle du projet PACAM) pour faire comprendre au peuple  et aux journalistes médusés que le CNDD-FDD est suffisamment fort pour ne pas perdre son temps dans des débats contradictoires susceptibles de mettre à nu l'absence de programme de ce parti finissant. Oui la défaite du Président-candidat est quasi-certaine, seule son ampleur est encore inconnue! Rappelons-nous comment un certain BUYOYA avait snobé l'invitation d'un certain NDADAYE à un débat radio-télévisé. La suite on la connaît.

 

Et si le Président-candidat caresse l'idée de suivre l'exemple du candidat malheureux, Pierre BUYOYA, il doit savoir que depuis 1993, beaucoup d'eau a coulé sous le pont de la démocratie, que les Burundais ne se feront pas voler leur victoire comme les putschistes l'ont fait trois mois après l'avènement du 1er juin 1993.

 

Tout le monde, sauf au CNDD-FDD, sait que « les carottes sont cuites » pour le Président-candidat NKURUNZIZA et le CNDD-FDD. Tout le monde est en alerte maximum pour que personne ne réussisse un « coup d'état électoral » dans notre pays, de peur de reculer de 10 ans au moins.

 

Dès le 21 mai 2010, donnons une majorité forte à l'un des partis du renouveau pour enfin élire un Président du vrai changement dont nous avons tant besoin pour nous développer économiquement dans la paix et la démocratie retrouvée et pour en finir avec l'impunité qui règne depuis au moins le 28/11/1966 et dont le Président-candidat NKURUNZIZA se fait HONTEUSEMENT  le chantre aux côtés de Arthémon SIMBANANIYE dont la place est normalement devant les juges avant la prison , voire les travaux d'intérêt général (ce qui serait un verdict équitable pour chacun  des criminels impunis encore en liberté!). Et c'est peut-être ce que redoute NKURUNZIZA.......Charge à lui de démontrer, par des actes concrets et sincères , qu'il ne correspond pas à l'image de « Président- candidat hautain et violateur des droits de l'homme ».

 

Mieux encore, si NKURUNZIZA s'amende et s'implique concrètement, et non du bout des lèvres, dans l'organisation de ces élections dans la transparence totale, même s'il doit les perdre, alors, même battu, il en sortira grandi. Il a l'obligation de se démarquer de plusieurs de ses collaborateurs qui, visiblement, sont en train d'acheter les consciences des électrices et électeurs pour  faire réélire Pierre NKURUNZIZA.  Pourquoi ce dernier n'en dit rien pour rassurer ses concitoyens?

 

Dans le cas contraire, il sera comptable de tous les dégâts matériels ou humains éventuels de cette période électorale qui s'ajouteront à la longue liste des violations massives des droits de l'homme, des malversations financières, de l'institutionnalisation de la corruption, des assassinats ciblés et d'autres maux de même acabit perpétrées sous son mandat de 2005 à 2010.

 

Le peuple et l'histoire le jugera très sévèrement.