NKURUNZIZA, EST-IL ENCORE PRESIDENT DU BURUNDI?

Burundi news, le 29/08/2011

Par Gratien Rukindikiza

La question mérite d'être posée. Etre Président de la République n'est pas seulement apparaître à la télévision lors des meetings de prière collective. Etre Président, c'est assumer le pouvoir, assumer la charge du travail présidentiel, régler les problèmes du pays au lieu de se mettre en hibernation.

Un Président impuissant face à certains ténors

Le Président Nkurunziza a du mal à trancher. C'est un homme qui dit oui au dernier venu. Les ministres sont habitués à cet exercice d'absence de pouvoir et d'indécision du Président Nkurunziza. Face aux ordres contradictoires du Président, ce sont les ministres les plus malins qui tirent l'épingle du jeu. Même le parti s'invite dans les affaires du gouvernement. C'est ainsi que le président du CNDD-FDD, Jérémie Ngendakumana, vient de constituer son équipe gouvernementale au sein du gouvernement. La ministre des finances et  la ministre de la justice roulent pour lui. Le dernier exemple est l'affaire Interpetrole dans laquelle le procureur général a plaidé pour un classement sans suite.

Ce dossier a été relancé parce que le président du CNDD-FDD voulait "manger comme les autres". Selon certaines sources, il n'aurait pas eu de l'argent escompté dans ce dossier. Paradoxalement, les services de la Présidence avaient conclu que le dossier n'avait pas matière à poursuivre après la commission paritaire. Le procureur général de la République avait analysé le rapport de cette commission et l'avait accepté. La bande à Jérémie Ngendakumana ressort le dossier déjà clôturé sans que le Président Nkurunziza réagisse.

Les tueries dans le pays, orchestrés par certains éléments de la police, de la Documentation et du mouvement des jeunes Imbonerakure, version JRR de 1972, emportent des milliers de Burundais. Le peuple manifeste son mécontentement et accuse le pouvoir d'être complice. Le Président Nkurunziza est muet, absent, aveugle. Pire, il ressort avec ses déclarations déplacées d'accusation de la société civile d'être à la base des maux du pays. On aura tout vu, c'est ce qui se disait qu'au marché de Mwaro, celui qui est dépouillé doit fuir celui qui vient de le dépouiller.

Au nom du Président, on tue, on emprisonne les innocents, on pille les caisses de l'Etat

Monsieur Nkurunziza, arrêtez de vous plaindre. C'est devenu à la mode. Le Président raconte à qui veut l'entendre que les collaborateurs volent, jugent mal en son nom. Ils emprisonnent, trichent dans les marchés publics en son nom. Il promet de les punir. Pourtant, il les connaît tous mais il les protège. Celui qui protège un voleur est sûrement un receleur. Celui qui protège un assassin, une fois, deux fois, trois fois, est sans aucun doute un assassin. Pourquoi se plaindre alors? Laissez le monopole à ce peuple maltraité, ce peuple qui réclame de la paix depuis plus de 20 ans.

La première dame, s'il faut l'appeler ainsi, pasteure depuis peu, fustige les voleurs. Si ce n'est pas du cinéma, au lieu de demander à celui qui a volé un matelas, elle pourrait bien souffler dans l'oreille de son mari de rembourser le Falcon 50, les cahiers ougandais, le pétrole nigérian etc...

Un gouvernement difficile à former

Depuis 6 mois, les ministres sont presque au chômage, en attente de ce nouveau gouvernement. L'attente est longue. Des noms sont déjà alignés mais le public m'excusera de ne pas citer quelques uns. Il y a des ministères dont les prétendants ayant la confirmation sont nombreux. A se demander comment un seul poste sera occupé par trois ministres, un nommé par le Président, un autre par le parti et un autre par les généraux.

Le Président manque de la force (Les Français diraient autrement d'une façon vulgaire) pour se décider. Les pressions exercées sur lui sont plus fortes que sa détermination et le voilà prisonnier de lui -même. Par ailleurs, là où aucune influence ne joue, il excelle. C'est sur le terrain de l'argent, des détournements, de la corruption, imbattable.

Attente de gouvernement, non, plutôt le peuple attend la chute du pouvoir

Le peuple burundais attend un sauveur. Qui peut faire tomber ce pouvoir? La force est celle du peuple. Personne d'autre ne peut le délivrer. Kadhafi a été chassé du pouvoir par son peuple. Contrairement à ce que certains pensent, même les puissances occidentales encouragent les peuples à chasser leurs dictateurs.