Burundi news, le 08/04/2008

 

Pierre NKURUNZIZA vs Hussein RADJABU…

Par The Leadership Institute

Anciens compagnons de lutte, les deux hommes forts que le CNDD FDD nous a présenté aux élections de 2005 sont aujourd’hui devenus des ennemis à tel point que l’un, devenu Président de la République a non seulement pris le poste de l’autre au sein du parti au pouvoir, mais vient de le condamner à 13 Ans de prison. Car il est vrai, au risque de nous répéter, que la condamnation de la semaine dernière vient de l’EXECUTIF.

Ce duel entre ces deux hommes ne date pas d’aujourd’hui et a commencé en 2005. S’il est vrai que l’attitude du Président NKURUNZIZA semblait caractérisé par la docilité absolue jusqu’à la victoire de 2005, il faut aussi ajouter que Hussein RADJABU n’a jamais constitué un obstacle à son accession à la magistrature suprême. Bien au contraire !

Pour votre information, lors de la désignation du candidat CNDD FDD à la Présidence du pays, le Président NKURUNZIZA Pierre était le candidat désigné MAIS exigeait en même temps de rester Président du CNDD FDD. Il voulait la présidence du parti en même temps que la présidence du pays, en contradiction de l’article 101 de la Constitution. Les ambitions de NKURUNZIZA pour la présidence du parti étaient devenues apparentes dès Aout 2005. Après des négociations nocturnes, il accepta à contre cœur de céder la présidence du parti à l’Honorable Hussein RADJABU, mais n’en a pas laissé tomber l’ambition comme on le verra en février 2007. Sa mégalomanie est revenue à la charge avec la planification, l’exécution et la consommation du Coup d’Etat au sein du CNDD FDD, à Ngozi sa province natale.

Avec ce Congrès, NKURUNZIZA voulait prendre le contrôle du CNDD FDD même au prix de juxtaposer les organes du Parti en créant pour la circonstance le Conseil des Sages du CNDD FDD dont il devenait le Président. Ses ambitions satisfaites, ayant contribué largement au dénigrement médiatique et diplomatique de l’Honorable Hussein RADJABU, le Président NKURUNZIZA installa ses amis au Conseil des Sages et confia la présidence du parti à un homme des généraux qui l’avaient aidé dans la destitution de l’Honorable Hussein RADJABU. La première étape de son plan de « pouvoir total » était terminée. Il fallait compter sans la ténacité et la détermination de l’Honorable Hussein RADJABU, qui ne s’avoua pas vaincu et entreprit de s’organiser pour faire de l’opposition. Ce que le Président NKURUNZIZA considérait comme une victoire s’avéra une pilule amère avec la dissidence de plusieurs parlementaires et sénateurs qui prirent l’option de rester FIDELES à Hussein RADJABU. Ce fut le premier échec du plan de NGOZI : le CNDD FDD n’allait pas s’en remettre jusqu’à ce jour.

Pour y remédier, un plan fut élaboré et un montage conclu pour faire écrouer l’Honorable Hussein RADJABU. Le Service National de Renseignement dirigé par le tristement célèbre Adolphe NSHIMIRIMANA s’en chargea, sans prendre des gants : tortures, intimidations, mensonges grossiers, tout fut mis à contribution. Le 27 avril 2007, l’Honorable Hussein RADJABU, au milieu d’une mascarade de levée de son immunité parlementaire, fut écroué à la prison centrale de MPIMBA. Objectif : son élimination politique. Pour cela, l’isolement à la prison fut décidé. Cet emprisonnement n’allait pas beaucoup servir à NKURUNZIZA puisque les blocages institutionnels continuaient et que maintenant il devait compter sur les partis d’opposition pour diriger. Il était pris dans son propre piège. Avec Hussein RADJABU en prison depuis plus d’une année, NKURUNZIZA et sa clique ont-ils atteint leurs objectifs ? Loin de là. Bilan : deux crises institutionnelles (la dernière est toujours en cours), un groupe parlementaire qui s’est réduit davantage, des violations de droits de l’homme, une mauvaise gouvernance caractérisée, le parti CNDD FDD perd de plus en plus de ses membres et ressemble comme un navire à la dérive, perte de crédibilité du pouvoir NKURUNZIZA dans la sous région et sur le plan international, un gouvernement qui ne fonctionne pas pour faute de clarté des missions attribuées aux ministres et vice-ministres, un programme DDR qui menace de remettre le pays à feu et à sang etc. Au-delà de toute cette mauvaise gouvernance du CNDD FDD, le procès et la condamnation actuelle de l’Honorable Hussein RADJABU sont de l’avis de tous les observateurs, une mascarade judiciaire pour un COMPLOT POLITIQUE et UNE CONDAMNATION POLITIQUE. NKURUNZIZA n’a pas hésité à PIETINER la LOI et à compromettre la Cour Suprême, afin d’arriver à ses fins. Echec numéro deux de NKURUNZIZA dans le dossier Hussein RADJABU : avec une telle condamnation, il vient de radicaliser encore plus l’opposition que les supporters de NKURUNZIZA lui faisaient subir. En effet, il vient de martyriser et de rendre encore plus populaire l’Honorable Hussein RADJABU, victime de l’oppression. En l’absence d’une condamnation, la retenue semblait de mise pour ne pas provoquer le pouvoir. Avec cette condamnation, les dés sont jetés et ils n’ont plus rien à perdre. Nous prédisons une radicalisation des supporters de RADJABU, qui se font appeler « UMWUKA » que cet emprisonnement va renforcer dans leur détermination qui avait déjà résisté à une année d’intimidations, arrestations arbitraires, licenciements abusifs, sans oublier les solidarités qui ne vont pas manquer de se mettre en place avec les autres acteurs politiques. Hussein RADJABU n’est plus, aux yeux de beaucoup,  la bête noire que voulait présenter le régime NKURUNZIZA, il y a une année. Une opposition politique sérieuse va se mettre en place dans les institutions et auprès de la population en vue des élections de 2010.

Dans ce duel entre le Président NKURUNZIZA et l’Honorable Hussein RADJABU, ce dernier semble l’emporter à ce jour. Est-ce la faute à NKURUNZIZA ou celle de ses généraux peu stratèges, qui semblent l’embarquer inlassablement dans des bras de fer sans lendemain ?

 

Nous ne saurions terminer cette analyse sans nous exprimer sur les questions suivantes :

-         Quel est l’agenda caché du Président NKURUNZIZA qui lui fait prendre à la légère les problèmes de fonctionnement de son gouvernement ainsi que ceux de l’Assemblée nationale ? Il ne peut logiquement S’EN FOUTRE à moins d’avoir un AGENDA CACHE pour la Nation ? Pour qui roule t-il ? Le Peuple ou d’autres intérêts que nous ignorons ?

-         Comment le Président de la République s’arrange toujours pour prétendre négocier des investisseurs lors de ses visites à l’étranger ? De vrais investisseurs demanderont à voir le Code des Investissements et passeront par les voies officielles et transparentes. Or, ce que l’on voit de nos jours, ce sont des investisseurs qui sont introduits par des « commissionnaires » internationalement reconnus, et qui se voient accorder des contrats par l’Etat, négociés directement avec le Chef de l’Etat, en dehors de toutes règles de transparence. Nous craignons sérieusement de voir l’Etat burundais dans des procès sans fin et couteux dans les années à venir. L’autre grande crainte réside dans le risque de voir brader les richesses du pays, au prix des fortes commissions négociées aujourd’hui par les services de la Présidence. C’est clair que si le Président KAGAME s’est vu surnommer « Le Président Entrepreneur », le Président NKURUNZIZA mérite grandement le surnom de « Président Commissionnaire ». Affaire à suivre…

-         Nous regrettons beaucoup de voir le Burundi se faire HONTE à l’East African Community avec cette histoire de parlementaires de l’EALA. Le Gouvernement NKURUNZIZA, par son forcing ☺et sa propension à s’en foutre de la loi, a voulu imposer une liste de parlementaires sans se rendre compte que l’honneur du Burundi pouvait en souffrir dans la Communauté Est Africaine où les burundais apparaissent aujourd’hui comme ceux qui vont retarder la mise en place des institutions régionales par leurs magouilles. C’est vraiment une HONTE.

-         La question du PALIPEHUTU FNL suscite bien des émois dans l’actualité. A entendre le porte-parole de ce mouvement, on sent que le problème réside dans la confiance de ce mouvement envers le Président de la République. En effet, il prétend que ce dernier n’est pas respecté par les services de sécurité, que le LEADERSHIP du gouvernement ne se fait pas sentir même dans les pourparlers où c’est plus la médiation qui prend des engagements que le gouvernement. Ceci est GRAVE. C’est comme quand le gouvernement dit que le programme de démobilisation est celui de la Banque Mondiale.

 

A suivre…