NKURUNZIZA NE SERA PAS CANDIDAT EN 2015

 Burundi news, le 15/01/2015

Par Gratien Rukindikiza

Il y a des nouvelles très attendues et qui marquent l'histoire politique. Le Président Nkurunziza, briguera-t-il un troisième mandat? Les Burundais se posent la question. Les membres du CNDD-FDD attendent et une seule phrase suffit pour soulever des inquiétudes chez certains, de la joie chez les autres.

Les accords d'Arusha et la constitution burundaise ne permettent pas un troisième mandat pour n'importe quel burundais, y compris Nkurunziza. Le Président Nkurunziza a voulu modifier la constitution en passant par le Parlement, sur conseil d'un politicien qui ne voulait pas qu'il se présente pour un troisième mandat. Ce politicien savait qu'il était difficile de faire échouer le référendum sur la nouvelle constitution. Les tricheries pouvaient faire triompher la version de Nkurunziza lui permettant un troisième mandat. Ce politicien avait tout prévu au Parlement. Ainsi, une voie a manqué et c'est un autre mandat pour le Président Nkurunziza qui a fait défaut.

Les pressions qui ont mis à terre Nkurunziza

La pression de la classe politique et surtout de l'opposition et de la société civile n'était pas suffisante pour empêcher Nkurunziza d'être candidat pour un troisième mandat. Au sein du parti CNDD-FDD, seuls les généraux issus de ce parti ont bien indiqué dans leur lettre au Président leur opposition au troisième mandat.

Non des moindres, la pression américaine transmise par le secrétaire d'Etat John Kerry et d'autres émissaires a joué un rôle clé. Le Président Nkurunziza a compris que le temps de la rigolade est terminé. Les Américains lui ont dit clairement qu'ils entendent faire respecter les Accords d'Arusha qu'ils ont soutenus. La rencontre de Dakar lors du sommet de la francophonie a aussi fait réfléchir le Président Nkurunziza sans oublier la leçon du Burkina Faso.

Le discours de Monseigneur Ntamwana a été clair. Un troisième mandat serait comme une violence contre le peuple burundais et aussi un asservissement, voir un esclavage. Son discours reflète la position de l'église. Cela signifie que Nkurunziza est lâché par la communauté internationale et la  puissante église catholique du Burundi. Il ne lui restait que son parti CNDD-FDD. Le dernier verrou allait tomber.

L'interview de l'ancien sénateur Richard Nimbesha de Bubanza, un homme proche du président du Sénat Gabriel Ntisezerana, a lancé les hostilités au CNDD-FDD. Le porte-parole a beau crier sur les toits que Nimbesha se trompe mais la guerre des tranchées est en cours au sein du CNDD-FDD.

Nkurunziza cherche un successeur

Au sein du CNDD-FDD, certains hauts cadres avisés ont déjà compris que  Nkurunziza ne pourra pas se présenter. Eux-mêmes pourraient lui barrer la route au troisième mandat. Les groupes commencent à s'organiser. Le jeu de la suspicion a déjà commencé. Qui se lance le premier? Un kamikaze! On commence par envoyer les pions. Ntisezerana a envoyé Nimbesha. Ntisezerana veut incarner le groupe imbo. Il a dans son collimateur un autre groupe de Kirimiro. Le groupe des généraux n'a pas dit son dernier mot.

A côté de ces trois groupes, le Président Nkurunziza a son candidat en la personne du général Ntiranyibagira Jérémie. Il est proche du général Adolphe Nshimirimana. Ainsi, le trio resterait sur place et le général Adolphe Nshimirimana reviendrait aux renseignements pour faire la pluie et le beau temps. Ce général est perçu par le trio comme un faible et le trio espère le manipuler. Ainsi, même sans être candidat, le Président Nkurunziza maintient  le dispositif de tricherie électorale pour que son candidat soit Président. Si Nkurunziza tente d'imposer Ntiranyibagira, il y aura un ou deux autres candidats du CNDD-FDD. Les primaires ouvertes ne sont pas à l'ordre du jour mais les civils ne sont plus intimidés par les généraux depuis la chute d'Adolphe.

Le scénario qui sauvera le Burundi

Un scénario plausible. Nkurunziza n'est pas candidat. La mission d'observation électorale arrive à imposer une nouvelle CENI ayant le consensus des politiciens. Le fichier électoral est refait et les manifestations sont autorisées avec la sécurité pour tous. Dans ce cas, le candidat du CNDD-FDD ne pourra pas s'imposer au premier tour. C'est le deuxième tour qui serait fatal pour ce parti en raison des alliances au niveau de l'opposition et éventuellement avec des dissidents du CNDD-FDD. Il pourrait y avoir une grande coalition qui pourrait relever la situation du Burundi.