NKURUNZIZA II SERA PLUS FAIBLE QUE NKURUNZIZA I 

Burundi news, le 18/09/2010

Par Gratien Rukindikiza

Les proches du Président Nkurunziza n'en reviennent pas. Le chaos qui caractérise le nouveau pouvoir de Nkurunziza fait froid au dos. Les instructions sont décentralisées et chacun les donne selon son pouvoir estimé. Il est actuellement difficile d'avoir un interlocuteur valable. La course à l'argent a pris la place du pouvoir.

A la Présidence, les conseillers rivalisent d'escroquerie pour extorquer le maximum d'argent avec des promesses de régler telle ou telle affaire. Qui est le conseiller le plus proche du Président? Plus il fera comprendre à tout Bujumbura qu'il est l'interlocuteur privilégié du Président, plus sa côte à la bourse des magouilles augmentera. Je ne sais pas si le pouvoir de Mobutu avait atteint ce sommet.

La faiblesse du pouvoir se caractérise aussi par une absence de coordination des missions à l'étranger. Un pays où une rébellion commence à naître, un pays où des dérapages s'observent que ce soit de la part de la police ou des apprentis rebelles incontrôlés qui massacrent les hommes et les vaches, il est difficile de comprendre l'absence des personnalités clés du régime. En effet, le Président de la République est en tournée en Inde, le ministre de la Défense Nationale à l'étranger, comme le 2 è vice- Président de la République, le président du Sénat en France, le ministre de la justice et le procureur général en mission, trois conseillers à la Présidence en Afrique francophone en mission. A la question de savoir ce qui rapporte le plus dans les ministères sans être inquiétés par la justice, les ministres répondent spontanément les missions.

Qui respectent encore les ordres du Président?

On observe dans ces jours une bataille rangée autour du chèque de caution de la société Interpetrole. La commission ad hoc a donné son rapport au procureur général et ce dernier a innocenté les concernés de cette affaire Interpetrole. Pourtant, des lettres circulent des ministères et de la BRB pour s'opposer au déblocage de la caution des 8 milliards fournis par la société Interpetrole. Le Président Nkurunziza a déjà donné des instructions au remboursement de ce chèque de caution. Mais, la remise en cause de cette décision du Procureur général intervient après les élections et le gouverneur de la BRB s'oppose à la remise du chèque.

Certains observateurs se demandent si Nkurunziza, en reconduisant son gouvernement, n'a pas donné des signes de faiblesse exploitables par ceux qui croient détenir une certaine force politique au sein du CNDD-FDD. Des lobby politico financiers s'opposent à plusieurs décisions qui ne peuvent pas leur profiter comme si la République burundaise était déjà vendue et que les actionnaires se diviseraient en deux groupes.

A la Présidence, certaines informations font état d'une situation dégradée entre les conseillers pour des raisons liées à la corruption. La chèvre broute là où elle est attachée comme le disait un Congolais. Une chèvre qui fait les yeux doux au bouc, maître du groupe, a beaucoup plus de chances de brouter plus que les autres. Cette situation est intenable et le Président en est conscient. Aura-t-il la force de faire des changements en commençant par son directeur de cabinet? Rien n'est sûr.

L'absence d'autorité du chef d'Etat fragilise le Burundi en tant que nation. Rien n'est interdit. La corruption est devenue un système généralisé. La police est achetable sur tous les points de vue. Elle vend tout et tout y compris le fait de fermer les yeux pour laisser faire ce qu'elle était censé interdire.

Un homme venu directement de l'Europe a fait un test et a corrompu les policiers qui gardent la prison de Mpimba pour entrer et prendre des photos la nuit. Habillé en uniforme de prisonnier, la personne a circulé sous la protection des policiers dans les chambres des prisonniers et a pu voir dans sa chambre une personne précise que je nommerai X. Ce "service" de la police a coûté 300 €uros. La personne me disait au retour que tout s'achète au Burundi. Deux jours après son arrivée à Bujumbura, il a pu négocier et entrer à Mpimba pour faire ce test. Cette situation est engendrée par cette corruption généralisée.

Kavumbagu avait raison. Face à cette corruption, les rebelles somaliens peuvent eux aussi corrompre si un Africain vivant en Europe peut le faire. Au delà des polémiques, la police burundaise est dans un état lamentable à tel point qu'elle a besoin de sa sécurité. Elle est à l'image de la République. C'est elle qui met en insécurité les citoyens.