DES REMANIEMENTS DANS LE CORPS DE SECURITE

 

 Burundi news, le 09 novembre 2012

Par Gratien Rukindikiza

 Jamais le Burundi n'avait connu un tel changement des chefs des corps de sécurité en dehors des changements de pouvoir le même jour. Des rumeurs couraient sur le changement du directeur de la Police. A l'Armée, les rumeurs visaient surtout le ministre de la Défense. Ce qui s'est passé étonne beaucoup de Burundais. Les partants sont des anciens FAB et aussi des anciens FDD. Les entrants sont aussi des anciens FAB et anciens FDD.

Les sortants

A l'Armée, le chef d'Etat Major le général de brigade Godefroid Niyombare et son chef d'Etat Major Adjoint Diomède Ndegeya, respectivement ancien FDD et ancien FAB, ont été remerciés après plus de six ans. Les deux généraux sortants constituaient un duo qui s'entendait. Les rumeurs de la capitale faisaient état d'une mésentente entre ce duo et le ministre de la Défense, le général major Gaciyubwenge.

A la police, le commissaire Fabien Ndayishimiye, alias Joke, directeur général de la Police, ancien FAB et le commissaire Gervais Ndirakobuca, alias Ndakugarika, directeur adjoint de la Police,  ancien FDD, ont été remplacés. Ndayishimiye a été souvent l'objet des rumeurs de son limogeage depuis plusieurs années. Il était connu pour son silence, son immobilisme devant les crimes politiques commis et exécutions extrajudiciaires par ses policiers. Ndakugarika est connu pour ses participations à plusieurs exécutions notamment à Gatumba et aux exécutions extrajudiciaires dans tout le pays.

Les entrants

Le général de brigade Prime Niyongabo, ancien FDD, ancien commandant de la 2 è région militaire, est nommé chef d'Etat Major de l'Armée. Il a été commandant du contingent en Somalie et il était chef d'Etat major logistique, appelé dans le jargon militaire G4 avant sa nomination à l'EMG (Etat Major Général).

Le général de brigade Fabien Nzisabira, ancien FAB de la 17 è promotion des officiers, ancien commandant de la 1 ère région militaire, vient d'être nommé chef d'Etat Major adjoint de l'Armée. Il occupait le poste de chargé de liaison avec l'East Africa community dans le domaine militaire.

Les deux officiers entrants sont connus pour leurs qualités militaires. Espérons qu'ils pourront continuer à cultiver la cohésion de l'Armée et redresser la barre au sein de la 1 ère région militaire qui est commandée par les services de renseignements.

Le commissaire André Ndayambaje, ancien FAB de la 20 è promotion, est nommé directeur général de la Police. Il occupait le poste de l'équivalent du G3, entraînements et opérations.

Le commissaire Godefroid Bigirimana, ancien FDD, est nommé directeur général adjoint de la Police. Il occupait avant,  le poste d'inspecteur général de la Police.

Les deux commissaires devront faire un choix. Devenir indépendants de la Documentation qui dirigeait la Police ou rester sous les ordres des services de la Documentation. La tâche ne s'annonce pas facile d'autant plus que Ndakugarika est nommé directeur de cabinet de l'Administrateur général du SNR. Agricole est remercié et est remplacé donc par Ndakugarika.

Esprit de ces changements

 Si ces changements étonnent, ils n' annoncent pas pour autant un changement de cap. Les tueries continueront. La preuve, la nomination de Ndakugarika au cabinet des services de renseignements. Les changements attendus étaient surtout à la Police. Souhaitons à Ndayambaje de respecter ses engagements et l'esprit d'un officier de protéger le peuple. Il se souviendra ce qu'il a entendu pendant la baptême à l'ISCAM que " Tout ordre manifestement illégal ne mérite pas le début de l'exécution". Les exécutions extrajudiciaires sont manifestement illégaux quelque soit le donneur d'ordre. Mieux vaut perdre son poste que perdre son âme. Ce peuple est le seul détenteur du pouvoir. C'est lui qui paie les salaires, l'équipement des policiers. Il mérite respect, protection et sécurité.

Demain les ministres

Demain, le remaniement ministériel sera au rendez-vous. Les ministres sortants sont connus dans certains milieux et il y aura des surprises surtout au niveau des sortants. L'excès de zèle n'est pas souvent récompensé.

Le Burundi est dans la phase d'observation des bailleurs de fonds. Ce remaniement sera aussi un signe d'ouverture, de changement pour mériter ces fonds. La forme ne signifiera pas que le fond a changé. La corruption, les exécutions extrajudiciaires et la dictature resteront au menu du Président Nkurunziza.