SONT-ILS CONTENTS DE LA "VICTOIRE"?

Burundi news, le 16/07/2010

Par Gratien Rukindikiza

Nous ne reviendrons pas sur les tricheries et le processus électoral gâché au Burundi. Le CNDD-FDD et la CENi ont organisé des tricheries et le tour a été joué. Les partis de l'opposition ont boycotté les élections présidentielles et bientôt les élections législatives.

Une "victoire"  non célébrée, un hic!

La campagne électorale pour les élections communales était très animée. Tous les partis ont déployé beaucoup de moyens dans le but de gagner ces élections. Les résultats truqués lors des communales n'ont pas donné satisfaction au soi-disant vainqueur. Une victoire mal acquise ne se célèbre pas. Si un commerçant peut fêter l'acquisition d'un grand marché, un dirigeant ne fête pas l'obtention d'un million de la corruption. C'est ce qui s'est passé lors des communales et surtout lors des présidentielles.

Le Président a été "élu" dans un simulacre d'élection en tant que candidat unique. Même candidat unique, il a dû recourir à la tricherie car les PV étaient déjà remplis. Après la proclamation des résultats, c'était la douche froide. Les militants qui suivaient le Président dans des meetings n'avaient pas envie de fêter une fausse victoire qui ouvre une période d'incertitude.

Jusqu'aujourd'hui, aucune fête n'a eu lieu pour fêter cette "victoire". Aucun pays n'a envoyé officiellement un message de félicitation sans parler des réserves exprimées par la communauté internationale lors des élections présidentielles. Cette "victoire" gêne les pays occidentaux. Rarement un Président a été élu sans recevoir le lendemain des messages de félicitation, des émissaires venus exprimer la volonté de collaborer avec son régime. Même Buyoya a été reconnu par une puissance occidentale après son putsch contre le Président Ntibantunganya.

Très étonnant, les Burundais de France n'ont pas compris pourquoi après une "victoire" du Président issu du CNDD-FDD, les militants du CNDD-FDD ont brillé par leur absence aux festivités du 48 è anniversaire de l'indépendance. Manquent-ils de patriotisme ou ignorent-ils la signification de ce genre de fête?

Cette situation est très étonnante et ne présage pas un bel avenir pour le Burundi. Le Burundi vient de faire quelques années en arrière comme si le peuple n'était pas fatigué.

Des élections législatives qui sèment la zizanie au CNDD-FDD

Contrairement à ce que les gens pensaient, les listes des candidats députés du CNDD-FDD posent des problèmes. Le Président de la République a désigné les candidats lui-même et d'autres par ses proches. Certains ténors du parti ne sont pas sur les listes comme le porte parole du CNDD-FDD, Onésime Nduwimana, qui cumule les avantages d'être intellectuel, ouvert et communicant. Ses inconvénients sont son indépendance d'esprit, une méfiance mutuelle avec le Président Nkurunziza, être de Gitega, et rangé à tort dans un "groupe de Kirimiro" inexistant si vaste que moi-même, un certain Sendegeya a affirmé que j'appartiens à ce groupe.

Dans certaines provinces, les militants du CNDD-FDD refusent d'aller dans des meetings pour protester contre les désignations des candidats députés sur des critères de parenté. Il s'agit surtout de Mwaro où un Sénateur nommé Kekenwa fait la pluie et le beau temps et accumule la haine des militants du CNDD-FDD contre lui.

L'Uprona se présente aux élections législatives après un marché conclu avec le CNDD-FDD pour le partage des postes. Ce parti est rassuré d'avoir le minimum syndical des députés  pour que le CNDD-FDD ne se retrouve pas seul au Parlement. Aller aux urnes ne sert à rien. Les chiffres sont déjà arrêtés. Le taux de participation sera encore une fois le thermomètre de ces élections.