LES NOUVEAUX PARTIS SERONT LES NOUVEAUX GAGNANTS AU BURUNDI

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 25/01/2010

La règle de l'usure du pouvoir n'épargne pas le Burundi. Elle s'applique même plus ailleurs. Un pouvoir élu par le peuple a souvent déçu et décrié par le même peuple qui l'a plébiscité. L'UPRONA a profité de la longévité au pouvoir après la disparition de ses concurrents. Il n'aurait pas gardé le pouvoir si la démocratie avait continué en 1965 et après. Le FRODEBU a perdu et était en perte de vitesse après quelques années de pouvoir, certes assez mouvementées.

Aujourd'hui, le CNDD-FDD n'a pas dérogé à la règle. C'est un parti fatigué et surtout qui a fatigué le peuple. C'est le parti le plus haï au point qu'il est dans la situation de l'UPRONA en 1993, si non plus.

La violence à défaut du peuple

Tous les pouvoirs vieillissants, découragés, commencent par haïr son peuple du genre " Je ne t'aime pas, moi non plus". Certains dirigeants le disent, si le peuple ne vote pas pour nous, on ne va pas hésiter à le massacrer. Le député Gihahe n'hésite pas à le dire, même quand il est enregistré. Est-ce que le CNDD-FDD va massacrer tous ceux qui ne veulent pas voter pour eux? La marche du peuple est incontournable et personne ne peut la bloquer. Celui qui peut essayer de la bloquer peut en subir les foudres. L'histoire est témoin.

La violence de la jeunesse du CNDD-FDD, attisée par certains cadres de ce parti, est le signe flagrant de faiblesse. celui qui a la popularité est fier de lui et confiant. Celui qui constate qu'il va perdre le pouvoir se comporte comme l'équipe qui a déjà perdu le match dont les joueurs n'hésitent pas à casser du tibia de l'adversaire. Ce n'est pas la sagesse du président du Sénat Rufyikiri et en même temps président de la campagne électorale au CNDD-FDD qui va empêcher cette violence. De même, rien ne l'épargnera de ses responsabilités. En tant que président de la campagne électorale d'un parti qui fait la violence, Rufyikiri devra répondre devant la justice nationale ou internationale. Soit, il devra se désolidariser, soit il devra assumer.

Les nouveaux partis, futurs gagnants

Le rapport émane du pouvoir. Les nouveaux partis politiques sont les futurs gagnants. Le trio commence à se démarquer. Le FNL, le MSD et l'UPD dominent actuellement le paysage politique burundais. Il suffit de voir les vidéos des meetings du MSD pour se rendre compte que ce parti né officiellement il y a moins d'un an risque de s'imposer sur la scène politique. Le FNL est aussi présent dans tout le pays. Son expansion est proportionnelle au déclin du CNDD-FDD. L'UPD occupe aussi le terrain et dispose des moyens. Les manœuvres pour le bloquer ne l'affaiblissent pas. Au contraire. Les trois partis politiques sont les partis les plus maltraités par le pouvoir et c'est ce pouvoir qui a fait la publicité de ces partis.

Les trois partis auront sans aucun doute la majorité des voix. La probabilité qu'un de ces partis fasse une coalition avec le CNDD-FDD est nulle et elle est proche de 1 pour que ces partis fassent une coalition à un certain stade avec le FRODEBU, L'UPRONA et d'autres partis.

A Arusha, le Président rwandais Kagamé avait dit qu'il a vu des hutu, des tutsi et des twa mais pas de Burundais

Un phénomène nouveau inquiète certains burundais atteints d'une myopie ethnique. L'équation est simple pour certains. Un hutu doit voter pour un hutu et de même pour les tutsi. Or, le peuple burundais est toujours en avance. Il n'est pas comme ce Burundais qui m'avait dit que j'ai de la chance car il a accepté de discuter de politique avec moi sans que je sois de son ethnie.

Le parti MSD laisse perplexe certains politiciens encore au stade d'Arusha. Kagamé avait raison car les Burundais qui étaient à Arusha parlaient au nom des ethnies,  ou plutôt au nom de leurs ventres. Kagamé n'a pas trouvé ceux qui parlaient pour le Burundi. Le nouveau parti MSD incarne cette image du Burundi peuplé de Burundais et non par des ethnies. Les militants de ce parti sont en grande majorité d'ethnie différente du président de ce parti. Cela n'est en aucun cas un problème. Sauf pour ceux qui font campagne en disant qu'il faut telle ethnie au pouvoir. Jamais une ethnie n'a dirigé le Burundi. Ce sont des individus à titre personnel qui ont assumé ce pouvoir.

La démocratie du MSD dérange surtout le parti au pouvoir. En effet, au sein du MSD, tout candidat de ce parti à tous les niveaux devra être élu par les militants de sa circonscription. La démocratie commence à la base. Le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, désignera les candidats et c'est la porte ouverte aux dissensions internes. Chacun place les siens. Drôle de démocratie et aussi l'auto négation de soi-même.