UN NOUVEAU GOUVERNEMENT, POURQUOI  FAIRE ?

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 17/11/2007

Un nouveau gouvernement vient d'être formé. Il est le résultat de longues négociations précédées de longues pressions internationales et déchirements internes au CNDD-FDD. Le pouvoir actuel ne dispose plus de majorité au Parlement. A l'Assemblée Nationale, le Président dispose de 40 députés officiellement sur les 118. Officieusement, il en dispose bien peu. Certains avancent le chiffre de 20  car d'autres députés du CNDD-FDD ont déjà viré vers le camp Radjabu et ne le déclarent pas.

La composition du gouvernement permet actuellement de donner la majorité au gouvernement et non au Président. Cette majorité pourra en cas de besoin voter contre le Président de la République. C'est une majorité d'alliance pour le gouvernement, pour le partage du pouvoir.

Une joie qui cache la médiocrité de la  classe politique actuelle

La joie affichée par les chefs des partis Frodebu et Uprona lors de la nomination du vice-Président Yves Sahinguvu a fort étonné. Certains disaient même qu'ils vont voter toutes les lois et tout de suite. Tellement aveuglés qu'ils ont oublié qu'ils ne sont pas à la solde de l'exécutif. La composition du nouveau gouvernement semble calmer les critiques contre le pouvoir du Frodebu et de l'Uprona. Ils viennent d'entrer au gouvernement conformément à la constitution. Ces deux partis ont dénoncé plusieurs fois les dossiers du Falcon 50, des massacres de Muyinga etc....  Aujourd'hui, il semble que les deux partis ont déjà oublié ces dossiers. Sans être insolent, cette histoire me rappelle le cas d'un chien qui aboie quand il entend des voleurs. Dès qu'il reçoit un morceau de viande, il arrête d'aboyer jusqu'à la fin de son repas. Dès qu'il a fini, il reprend les aboiements. Dans la culture burundaise, il est interdit de parler la bouche pleine.

L'Uprona et le Frodebu disent que les problèmes n'existent plus et que le blocage des institutions n'est que qu'un histoire du passé. Est-ce que la nomination de ce gouvernement règle les questions ou donne l'espoir de régler les questions de la pauvreté des Burundais? Est-ce que la Banque Mondiale et le FMI vont débloquer l'argent promis parce que le Frodebu et l'Uprona viennent d'entrer au Gouvernement? Est-ce que le Frodebu et l'Uprona vont encore parler du dossier Falcon 50 et des massacres  de Muyinga?

Et le peuple?

Après moi le déluge. Le Frodebu et l'Uprona viennent d'entrer au gouvernement. Certains vont se soigner de leur maladie de la pauvreté qui ravage le pays. Ils vont facilement oublier le peuple. Le Burundi souffre du manque d'intérêts de sa classe politique par rapport au peuple. Les partis d'aujourd'hui ont démontré que le peuple est une vache laitière à laquelle on dit jamais merci. Si la corruption se maintient au niveau actuel et reste le sport national dont le détenteur incontesté de la coupe est le Président de la République, le peuple se vengera à coup sûr en 2010.

Le Burundi a besoin d'un parti du peuple, un parti qui le représente, un parti qui diminue les dépenses somptuaires de l'Etat pour favoriser le développement du pays. Il a besoin d'un parti qui détermine des mécanismes transparents de la passation des marchés publics, un parti qui respecte les biens du peuple.

Le peuple burundais a rejeté le pouvoir de l'Uprona pour sa mauvaise gestion du pouvoir et sa fausse politique d'unité nationale. Il a rejeté le pouvoir du Frodebu pour sa collaboration avec Buyoya et la corruption du pouvoir de Ndayizeye. Il veut aussi rejeter le pouvoir du CNDD-FDD pour sa médiocrité, sa corruption, son manque de vision de l'avenir. Le peuple recherche actuellement un parti qui mérite son soutien.

A quand alors ce parti du peuple? Espérons que nous répondrons un jour à cette question.