Note de la rédaction : Nous publions un article de notre confrère Arib. Le travail de recherche d'Arib sur le dossier d'Interpetrole et  la part du 2 è vice-Président Ntisezerana pour bloquer l'économie burundaise est capital pour faire avancer la vérité au Burundi. Nous tenons à féliciter notre confrère Arib.

Révision du budget 2007 : une poudrière pour le Burundi

Les dessous de l’échec de la vidéoconférence entre

le 2ème Vice-président Gabriel NTISEZERANA et le FMI

Pour qui roule en réalité le 2ème Vice-président Gabriel NTISEZERANA ?

ARIB.INFO - Correspondance spéciale de Bujumbura - 19/08/2007

Depuis quelques temps, les Burundais assistent médusés à une dégringolade accélérée de leur pouvoir d’achat et à une flambée des prix, surtout pour les produits de première nécessité tels le sucre, le carburant, etc., sans savoir à quel Saint se vouer. Pour calmer l’ire montante d’une population affamée, le Gouvernement avance des promesses mirobolantes  (augmentation de 34% des salaires des agents de l’Etat), mais qu’il n’arrive pas à les concrétiser, vu l’extrême exiguïté de la marge de manœuvre que lui laisse le budget 2007 et les difficulté institutionnelles pour le réviser .

Au lieu de faire profil bas et accepter que les conjonctures actuelles ne lui permettront pas de tenir ses promesses, le Gouvernement a choisi le mensonge comme voie de sortir : c’est ainsi qu’on assiste actuellement à une diabolisation tout azimut des parlementaires de l’opposition ; accusés de ne pas avoir voté des lois pour la survie de la population, alors qu’en coulisse le même gouvernement s’adonne à des pratiques pour le moins mensongères et de fuite en avant.

Seules quelques âmes sensibles, versant dans un sentimentalisme primaire ou un militantisme aveugle - qui les pousse jusqu’à appeler tous les élus à devenir ni plus ni moins que des béni oui-oui, des « Ndiyo Bwana » - ont cru au discours gouvernemental sans chercher à savoir exactement où se situait la vérité dans tout cela. Car la vérité est ailleurs !

En effet, depuis le lancement de nos investigations sur les affaires politico-financières qui ébranlent le pouvoir en place à Bujumbura, nos enquêteurs s’entretiennent régulièrement avec des experts et autres acteurs directs qui sont au fait des réalités du moment.

Selon nos sources, au cours des rencontres qui ont eu lieu entre le Gouvernement burundais avec différents bailleurs de fonds, ces derniers montrent leur disponibilité à aider le Burundi, mais demandent au Gouvernement seulement deux choses :

- Mettre fin à la paralysie des institutions (volet politique)

- Se mettre d’accord avec le FMI (volet économique)

Dans cette livraison, nous mettrons l’accent sur ce deuxième volet, car tous les experts que nos enquêteurs ont interrogés estiment que cette relation avec le FMI revêt autant d’importance que le premier point (volet politique) pour ce qui concerne la vie du pays.

NTISEZERANA

Nous avons ainsi appris qu’au cours de deux séances tenues par vidéoconférence les 23 et 24 juillet derniers dans les enceintes de la représentation résidente de la Banque Mondiale à Bujumbura, le 2ème Vice-président Gabriel NTISEZERANA a été incapable de convaincre le Fonds Monétaire International (FMI) sur la révision du budget 2007 ; mais rien n’a encore filtré jusqu’aujourd’hui sur les raisons de cet échec.

Nos avons poussé des investigations sur les dessous de cet échec et vous en donnons quelques résultats obtenus au stade actuel de nos enquêtes.  Précisons d’abord que les bailleurs de fonds se réfèrent toujours au programme que le FMI a dans le pays ; ceci n’est pas propre au Burundi, ça se fait partout ainsi, le FMI étant le gardien des équilibres économiques du monde entier.

Ensuite, nous voudrions attirer l’attention de nos lecteurs sur le fait que la relation avec le FMI revêt une importance capitale dans tout pays, surtout parmi les plus pauvres. Pour le cas du Burundi, il s’agit d’un très grand enjeu puisqu’elle affecte les aides extérieures, qui occupent plus de 50% de notre budget sous examen.

Qu’est ce qui n’a pas marché ? Pourquoi ?

Au cours de la réunion par vidéoconférence, Washington (FMI) ne décolérait pas : le gouvernement burundais ne met pas en œuvre les engagements qu’il a pris auprès du FMI ; rien n’a été fait depuis la dernière mission. « Comment peut-on avancer avec des gens qui ne respectent pas leurs engagements ? », interroge-t-on du côté de l’Institution Bretton Woods, nous a confié un fonctionnaire ayant assisté à la séance.

Le Burundi a un programme avec le FMI qui s’acheminait vers sa fin puisqu’il reste la conclusion de la 6ème revue (la dernière) ; elle est déjà en retard car elle aurait du être conclue avant le 30 juin 2007.

Normalement donc, cette rencontre devait s’inscrire dans la logique de continuité du programme que les deux parties connaissent pour avoir conclu les 5 premières revues ; ce qui veut dire que ce budget devait être élaboré dans cette logique et au sein de ce programme. Le camp gouvernemental, emmené par le 2ème Vice-président Gabriel NTISEZERANA, était ainsi sous la sellette.

Des observateurs se demandent pourquoi le 2ème Vice-président NTISEZERANA est allé personnellement s’engager dans cette rencontre alors qu’il y a un ministre qui en est en charge, à savoir la Ministre des Finances, Mme Clotilde NIZIGAMA, ce qui aurait permis au 2ème Vice-président de garder une marge de manœuvre au cas où la Ministre n’obtenait pas un résultat satisfaisant et éventuellement de rectifier le tir. En y allant lui-même, il a mis tous les oeufs dans un même panier, ce qui est une preuve d’imprudence pour le moins caractérisée. « N’avait-il pas confiance en sa Ministre ? », s’interrogent certains cadres du ministère des Finances, habitués à ce genre de rencontre.

D’après des confidences en provenance de Washington, il semble que ce budget révisé présente un déficit qui approche les 100 milliards de FBU ! D’après nos sources, il semble que ce qui gonfle le budget révisé a trait aux dépenses qui se sont ajoutées suite à la promesse de l’augmentation des salaires des fonctionnaires, du personnel des établissements publics et des forces de sécurité , mais également et peut-être surtout les augmentations faramineuses des émoluments des président et vice-présidents (5 millions/mois), des ministres (3 millions/mois), des gouverneurs de provinces (1 million/mois) ainsi que des avantages (encore) des députés et sénateurs (5 millions) ; des frais de missions et autres dépenses farfelues pour leurs excellences et honorables.

Gonfler les dépenses est une chose ; mais assurer leur financement en est une autre. Plusieurs experts se demandent comment Monsieur le 2ème Vice-président NTISEZERANA, économiste de formation, peut-il cautionner un budget avec un si grand déficit non financé ou difficile à financer ? Il aurait mieux valu se rassurer de l’origine des ressources au lieu d’être humilié par des leçons de grand-mère qui sait que quand elle n’a pas de sous elle ne va pas au marché (dixit le représentant du FMI).

Pauvreté accrue

Selon nos sources, une fois pris de court, Monsieur le 2ème Vice-président NTISEZERANA se serait alors engagé à augmenter les prix des denrées de première nécessité tels que la bière, le carburant, le sucre, pour ne citer que ceux-là. En a-t-il mesuré les conséquences ? Tout le monde sait que quand on augmente les prix de ces deux produits (surtout le carburant), les prix de tous les autres flambent. Les Burundais ont plus que jamais besoin d’explications ! Ils commencent à en ressentir les effets avec la récente décision d’augmenter le prix du sucre alors que c’est une denrée qui est produite sur place. Mais le pire est à venir ! (Akari inyuma karahinda, comme dirait sogokuru !)

Selon les économistes, l’augmentation de ces prix gonfle ipso facto les dépenses et creuse davantage le déficit. N’y a t-il pas risque que cette flambée des prix annule l’effet de l’augmentation des salaires ? Ce n’est pas très sorcier ; nul doute qu’il ne faut pas être économiste chevronné pour comprendre que platement le fonctionnaire lambda risque de voir son pouvoir d’achat stagner au mieux, et au pire diminuer malgré l’augmentation promise de 34 % et même descendre en deçà du niveau actuel.

Comme nul ne l’ignore, la diminution du pouvoir d’achat entraîne la chute du volume des chiffres d’affaires des commerçants, l’érosion de l’emploi ; bref le ralentissement de l’activité économique ; voilà vers quoi le 2ème Vice-président NTISEZERANA, en charge des questions économiques et sociales, s’est engagé et risque de conduire le pays : rendre les Burundais plus pauvres encore qu’ils ne sont déjà ! Drôle de responsables d’un pouvoir élu « démocratiquement », n’est-ce pas !

Cela rappelle sans rire une déclaration restée mémorable au sujet de la vente illégale du Falcon présidentiel : « Nous aurions pu le donner gratuitement ». Alors vous parlez d’un pouvoir corrompu (nombreuses malversations) et myope (perte de la majorité et blocage des institutions) ? Ajoutez incompétent n’est pas exagéré au vu de la situation. Espérons seulement qu’aucun mauvais génie ne vienne, dans l’entre temps, insuffler à l’oreille du pouvoir de recourir à la planche à billets qui donnerait libre cours à une inflation encore plus galopante. Qui vivra verra !

Embargo financier international

Une autre conséquence prévisible concerne le programme de réformes économiques sous l’appui du FMI : pour continuer, il a besoin que les équilibres macro-économiques soient stables (taux d’inflation, taux de change, taux de croissance, etc.). 

En déstabilisant le taux d’inflation (hausse des prix), Monsieur le 2ème Vice-président NTISEZERANA risque de créer un climat très défavorable pour que le Burundi puisse négocier avec le FMI un autre programme indispensable pour la mobilisation des ressources. Or, il est en train d’amenuiser les chances de conclure celui qui est en cours ; ce qui veut dire qu’il risque de mettre le Burundi au rancart des nations.

Quid du point d’achèvement ? Le Burundi risque de se voir écarté de la facilité d’annulation de la dette. Apparemment personne au gouvernement ne semble s’en préoccuper actuellement.

Vous aurez compris : l’aide extérieure est liée au programme avec le FMI. En se mettant à dos le FMI, le 2ème Vice-président NTISEZERANA hypothèque les financements extérieurs, ceci équivaut à remettre le Burundi sous un embargo financier international

Trahison

Dans l’une de nos livraisons antérieures, nous vous avions démontré que Monsieur 2ème Vice-président NTISEZERANA était en train de saboter l’action du Président de la République ; avec ce cas du budget révisé, il sabote non seulement le Président, mais également les Burundais et le Burundi.

Plusieurs voix commencent déjà à s’élever pour s’interroger sur les visées réelles de Monsieur NTISEZERANA et surtout pour qui il roule en réalité. L’affaire Interpetrol l’avait déjà pointé du doigt, en plus des millions qu’il s’est octroyé en quittant la Banque centrale.  Ses connexions avec IBB ne le mettent point en dehors de tout soupçons.  Et maintenant, ce sont ses responsabilités en tant que autorité comptable de la situation économique du Burundi. Ce pauvre pays meurtri ne mérité-t-il pas mieux ?  

Nos investigations continuent !

Affaire à suivre …