Des Objectifs bien clairs pour le Président de la République…

 Par The Leadership Institute

L’attitude du Président de la République, dans la gestion de l’Etat  est vraiment déroutante. Tout semble se passer comme si il n’était pas là et comme si les affaires de l’Etat ne le concernent pas du tout. Cependant, il faut essayer de déchiffrer son attitude pour en dégager une analyse cohérente. Nous pensons et l’affirmons haut et fort, le Président NKURUNZIZA n’est pas la personne indiquée pour répondre aux défis du Burundi ou pour faire avancer les principes chers aux burundais : la démocratie, le respect des droits de l’homme, la bonne gouvernance et la cohésion nationale. Ces principes sont, à notre avis, les fondements même du développement économique car bâtir une Nation sans ces pré requis consistera à bâtir sur du sable.  Combien d’écoles, de centres de santé et autres infrastructures ont été détruites pendant la crise ? Combien de vies humaines ?

Pendant que la plupart des intellectuels burundais s’acharnent à prouver à travers leurs écrits les tares et excès du régime NKURUNZIZA en matière de piétinement de la démocratie, de violation des droits de l’homme et de corruption,  ce dernier et sa clique jouent d’autres cartes pour se maintenir au pouvoir. Voici notre analyse dans ce sens :

  1. NKURUNZIZA sait pertinemment que la population burundaise est majoritairement illettrée, analphabète et n’a pas souvent accès à l’information et autres analyses sur la vie socio économico politique du pays qui démontrent de son incapacité à diriger. D’autre part, pendant la guerre, le CNDD FDD avait élaboré d’autres canaux de communication et appris à la population rurale à se méfier des « radios » qui colportaient la propagande de BUYOYA et compagnie.

 

  1. La population burundaise est encore très politisée car le souvenir de la guerre et des élections est encore frais dans les mémoires. N’oublions pas que le maquis a duré plus de 10 ans. La propagande basée sur l’ethnie est toujours là et malheureusement efficace. Si on peut se vanter qu’au niveau des intellectuels, le critère ethnique n’est plus de rigueur, ce n’est pas le cas de la population rurale dans son ensemble. C’est pourquoi NKURUNZIZA a choisi de changer de langage et de commencer une ethnisation de la vie politique pour se rallier la majorité de la population burundaise en jouant sur cette corde sensible. Il joue sur des chiffres démographiques et connaît la vraie force politique au Burundi : la base populaire. En effet, les enjeux électoraux au Burundi ne vont pas se trancher sur les questions de fond comme le programme de société ou les capacités des dirigeants à gouverner. Nous aurons tous beau crier, écrire des analyses, faire des grèves, nous n’allons pas nous débarrasser de NKURUNZIZA, à moins de l’attaquer sur son propre terrain : la base populaire. Mais bizarrement, malgré l’invocation de cette sensibilité ethnique, la population burundaise doit savoir qu’aujourd’hui la plupart des assassinats, emprisonnements et autres intimidations sur base politique sont perpétrés par le pouvoir NKURUNZIZA à l’ endroit des hutus. Pour les tutsis, une discrimination au niveau des postes au sein du Parti et des instances du pouvoir caractérise le régime NKURUNZIZA. Un vrai retour en arrière par rapport a l’idéologie du CNDD FDD de 2005.

 

  1. Sur ce point, il faut avouer que les autres formations politiques ont abdiqué dans cet exercice et ne constituent pas un danger pour lui. L’UPRONA, le FRODEBU et le CNDD semblent en perte de vitesse sur le terrain de la mobilisation populaire et traînent avec eux un passé sombre qui les désavantage et malheureusement, ils ne font rien pour y remédier. Ils attendent que d’autres gagnent les élections pour crier haut et fort au partage du pouvoir en mettant en avant leurs compétences techniques. Pourquoi ne pas faire preuve de vos compétences pour glaner les votes de la population ? Le PALIPEHUTU FNL pourrait constituer un danger et l’on comprend les tergiversations du gouvernement pour un règlement pacifique du conflit avec ce mouvement qui dispose d’un contact fort avec la base : NKURUNZIZA ne voudrait pas affronter le FNL dans les prochaines élections.

 

L’autre danger pour NKURUNZIZA se trouve dans l’autre faction du CNDD FDD fidèle à HUSSEIN RADJABU. C’est dans ce sens, que toutes sortes de manipulations ont été concoctées pour emprisonner l’ancien président du CNDD FDD et intimider la plupart de ses fidèles un peu partout dans le pays. Une chose est sûre : HUSSEIN RADJABU, contrairement aux accusations d’insurrection portées contre lui par le pouvoir, n’aurait pas plus de chances de battre le régime NKURUNZIZA par les armes que par la lutte politique. C’est, par ailleurs, sur ce dernier terrain, que d’aucuns lui reconnaissent sa force politique. NKURUNZIZA CRAINT RADJABU POUR SA CAPACITE DE MOBILISATION POPULAIRE. RADJABU SAIT PERTINEMMENT QUE CE N’EST PAS PAR LES ARMES QU’IL AVAIT ACCEDE AU POUVOIR MAIS PAR LA MOBILISATION POPULAIRE. IL USERA DE LA MEME METHODE POUR GAGNER AUX ELECTIONS. Malgré la diabolisation faite autour de sa personne, l’ancien homme fort du CNDD FDD reste populaire et charismatique. Il est vrai que les bavures du régime NKURUNZIZA contribuent à créer un courant de sympathie pour RADJABU au sein et en dehors du CNDD FDD. Pour pallier a ses lacunes en matière de mobilisation populaire, NKURUNZIZA utilise tous les moyens que lui confère l’Etat pour sillonner le pays et mettre en place ses propres structures sensées le faire réélire en 2010. Voilà pour les forces politiques en place à l’horizon 2010 et nous pouvons parier que NKURUNZIZA fait la même analyse à ce sujet.

 

  1. Les principales formations politiques devront inévitablement procéder à des alliances avec celles qui sont présentes sur terrain avec une force significative. Plus particulièrement, NKURUNZIZA doit préparer le terrain pour son acceptabilité en cas de fraude électorale : pour cela, il aura besoin de l’appui des autres partis politiques. Dans tous les cas, l’histoire récente défavorise NKURUNZIZA dans une quelconque alliance politique. Ce dernier brille tellement par son incompétence que l’on voit mal comment les autres formations peuvent se rallier derrière lui.

 

  1. Dans le contexte politique burundais, il y a aussi lieu de ses demander quel sera le rôle des FDN en vue des élections de 2010. NKURUNZIZA, en jouant la carte ethnique et en mettant en avant le soutien que lui accordent les généraux FDD, semble donner un message à la population burundaise en leur  disant que pour diriger le pays, il faut avoir ses propres militaires hutus sinon « abatutsi vont encore décapiter le pouvoir du peuple ».

 

Ceci explique pourquoi NKURUNZIZA s’accroche aux généraux corrompus et tortionnaires ex-FDD et pourquoi des tentatives d’intimidation des ex-FAB sont en cours avec les menaces de poursuite judiciaire pour les crimes économiques commis sous les régimes précédents et pourquoi pas, comme le pensent Gratien RUKINDIKIZA et d’autres, les récentes accusations du Général BANGIRINAMA Vital sur la moralité de certains généraux tutsi des FDN.

 

Il ne faut rien exclure, car le Président NKURUNZIZA est fort dans l’art de piéger les gens, pour preuve le cas des dribbles de NKURUNZIZA dans l’affaire FALCON et dans la destitution de HUSSEIN RADJABU qui, jusqu’au bout croyait en l’appui du Président NKURUNZIZA. Le Général NIYOYANKANA peut très bien être en train de payer les dividendes (à la NKURUNZIZA), de sa fidélité et de sa confiance envers le Président de la République. Mais à ce jeu, nous disons que le Président NKURUNZIZA joue avec le feu s’il veut créer la zizanie dans le corps de l’armée par l’ethnisation et la politisation.

 

On est vraiment en pleine folie où les réflexes ethnique et régional sont invoqués pour servir les desseins d’un pouvoir dépassé par les événements. De sources concordantes, une réunion a eu lieu en septembre 2007 à Ngozi entre les officiers FDD originaires des provinces du Nord (KAYANZA, NGOZI, KIRUNDO, MUYINGA, KARUSI) pour soi-disant constituer un bloc sensé protéger le Président NKURUNZIZA contre les autres militaires originaires des autres régions. Cette tentative de régionalisation  et de division des ex-FDD a accouché d’un œuf car certains militaires ont fustigé cette division entre d’anciens compagnons de lutte. La réunion était dirigée par un Colonel ex-FDD, anciennement à l’Administration Pénitentielle, agissant au nom de NKURUNZIZA.

 

Cependant, ce dernier ne va pas s’arrêter en chemin car la carte ethnique et régionale constitue sa seule marge de manœuvre pour se maintenir au pouvoir. Par ailleurs, nous doutons de la popularité réelle des dirigeants militaires du CNDD FDD dont l’enrichissement personnel est devenu la priorité et qui se soucient peu des autres officiers FDD intégrés au sein des FDN. La force réelle de ces généraux doit être relativisée et avec les années, on se demande qui d’antre eux sera encore crédible en 2010.  Si par contre NKURUNZIZA a prévu de faire usage de la force pour se maintenir au pouvoir (intimidations et autres assassinats ou manœuvres de déstabilisation des adversaires politiques), comme ils l’ont lors du Congrès de NGOZI, nous craignons une recrudescence de la violence dont l’issue est inconnue au des enjeux de l’heure.  

 

  1. Pendant que la classe politique est en train de critiquer les actions et omissions du régime, NKURUNZIZA occupe le terrain de manière stratégique, auprès d’une population qui ne fait pas la même lecture de la situation politique que la plupart des intellectuels et patriotes burundais hutus et tutsis, ou de la communauté internationale.

 

Il sait ce qu’il fait car il est en train de poser les jalons de sa campagne politique pour les élections de 2010 et SI LA CLASSE POLITIQUE BURUNDAISE N’Y PREND PAS GARDE, IL RISQUE DE GAGNER LES ELECTIONS EN ABUSANT DE LA POPULATION BURUNDAISE.

 

  1. UN AUTRE LEADERSHIP S’IMPOSE POUR ETRE UNE ALTERNATIVE CREDIBLE AUPRES DE LA POPULATION BURUNDAISE DANS NOS ZONES RURALES, LA VRAIE ARME POUR TOUT LEADER POLITIQUE AU BURUNDI. C’EST IMPERATIF POUR SAUVER LE BURUNDI.

 

  1. Dans l’immédiat, pour empêcher NKURUNZIZA d’arriver à ses fins, des stratégies s’imposent et nous nous permettons d’en élaborer quelques unes dans les lignes suivantes :

 

    1. Une destitution constitutionnelle par un front commun au sein du Parlement serait la solution idéale pour épargner les burundais du fléau que représente le pouvoir de NKURUNZIZA. Cette option est prônée par beaucoup et à deux années des élections, elle permettrait au CNDD FDD de se racheter avec d’autres dirigeants capables, de procéder à une ouverture sincère et constructive vers les autres familles politiques et d’aborder une période de sérénité et de stabilité politiques propices à la consolidation de la démocratie.

 

    1. Des actions de sensibilisation actives de la population par la mise en place d’un réseau d’information accessible à la population pour se battre contre la manipulation à caractère ethnique des hommes de NKURUNZIZA. L’ethnisme a tué au Burundi et il faut éviter un retour en arrière dans ce sens.

 

    1. Une action diplomatique et médiatique d’envergure pour présenter le régime NKURUNZIZA au grand jour devant la communauté internationale et inviter les bailleurs à ne pas cautionner un pouvoir tortionnaire, corrompu et qui met en péril les acquis de la démocratie.

 

    1. Exiger le respect des libertés constitutionnelles pour tous les burundais et condamner l’ingérence de l’Exécutif dans les autres instances (Judiciaire et Législatif). Pour cela, toutes les formations doivent adopter un code de conduite mettant en avant la solidarité pour condamner toute action susceptible d’enfreindre la Constitution, la Loi et la Démocratie dans son ensemble : Créer un FORUM POUR UN ETAT DE DROIT avec tous les partis politiques et les associations de la société civile

 

 

    1. Dans ce sens, le Parlement doit exiger que le Gouvernement réponde des actes de violations des droits de l’homme et de corruption dont il est constamment accusé, continuer à exiger une commission parlementaire sur la question du FNL ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques. Il faut une solidarité de la part des parlementaires et des politiciens dans l’exigence du respect de leurs droits sinon personne ne sera à l’abri de ce pouvoir.

 

    1. Constituer une alliance politique solide pour constituer une alternative viable pour toutes les composantes de la population burundaise et qui soit capable de répondre aux défis  de la Nation burundaise.

 

Pour terminer, une réflexion s’impose : à deux ans des élections, certains autour de NKURUNZIZA clament haut et fort que le CNDD FDD a fait des réalisations grandioses avec la construction des écoles, des centres de santé, la gratuité de soins de santé, l’éducation gratuite sans oublier la plantation des arbres fruitiers prétendant que sa victoire est assurée en 2010. C’est vraiment enfantin comme analyse de la part de Jean Charles NKANGANYI qui, apparemment ne sait pas que ses analyses s’adressent à des intellectuels. Nous le défions encore une fois de prouver chiffres à l’appui que la situation du Burundi en matière de développement a connu une quelconque amélioration avec NKURUNZIZA. Quant à la gestion des crises, que le Président de la République commence par donner l’exemple car les cas des exactions des SNR, les tueries de Muyinga sont des cas relevant directement de ses prérogatives.  Sans oublier l’affaire de l’avion présidentiel dont la vente a suscite un scandale qui le pointe directement du doigt.

 

CE QUI EST ENCORE PIRE EST QU’AU LIEU DE TRAVAILLER POUR REPONDRE AUX ATTENTES DU PEUPLE EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT ET AUTRES PRIORITES NATIONALES, NKURUNZIZA EST EN CAMPAGNE ELECTORALE. POUR FAIRE QUOI DE SON DEUXIEME MANDAT QUAND A MI-MANDAT COMME AUJOURD’HUI, IL EST EN CAMPAGNE AU LIEU DE TRAVAILLER.