L'OBR CONTRE LES COMMERCANTS

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 29/01/2012

Au Burundi, un établissement public suscite la haine des commerçants. L'OBR (Office des recettes du Burundi) a raté son départ. Il a cumulé les incompréhensions, l'incompétence de ses salariés et la corruption. L'OBR a été perçu dès le départ comme un instrument chargé de décourager les commerçants qui ne sont pas liés à certains ténors du pouvoir.

La corruption continue et est devenue chère

La corruption n'a pas pris fin à la douane parce qu'il y a l'OBR. Au contraire. Par ailleurs, elle se situe surtout au haut niveau. Les fonctionnaires de base n'ont plus la main car ils doivent se surveiller mutuellement. Ils savent par ailleurs que le commerçant qui importe doit glisser une grande enveloppe pour le chef. Ils le disent bien aux commerçants.

Pour obtenir de l'argent, les cadres de l'OBR retardent les dossiers et le commerçant doit payer le stationnement au port s'il dépasse un délai court. Les prétextes pour faire retarder l'aboutissement du dossier sont : Un nouveau décompte pièce par pièce de la marchandise se trouvant dans un conteneur, l'envoi au marché d'un fonctionnaire  pour connaître les prix de vente afin de s'en servir pour base de dédouanement, les ordinateurs en panne etc....

Dédouanement hors loi

L'ancien code douanier n'a pas été remplacé ou s'il l' a été, il est caché dans un tiroir. Les douaniers refusent d'appliquer l'ancien code et applique un autre code qui verra le jour dans les mois à venir. Aucun texte officiel n'est montré aux commerçants pour expliquer les frais de dédouanement exigés.

Ainsi, chacun commerçant a son tarif. Un conteneur d'un même produit peut être dédouané à 3 millions pour un commerçant A, 6 millions pour un commerçant B et 9 millions pour un commerçant C. Il va de soi que les trois commerçants ne pourront pas vendre au même prix. Celui de 9 millions devra attendre la hausse des prix ou vendra à perte.

Certains commerçants se sont associés avec certains ténors du pouvoir notamment à la tête du parti CNDD-FDD, la Documentation et la ministre des finances afin de contourner l'OBR. Ces commerçants inondent le marché des produits non dédouanés et empêchent d'autres commerçants de travailler.

Il y a au Burundi aujourd'hui des gens qui ont la mission de bien gouverner le pays mais qui ont changé leur mission en affaires illicites. Quand les hauts cadres du pouvoir font le commerce en situation de quasi monopole, ils bloquent la libre entreprise, obstruent la démocratie pour protéger leurs affaires et tuent l'économie.

Aujourd'hui, les prix flambent sur le marché. Les commerçants hésitent et attendent avant d'importer. L'économie tourne au ralenti. L'OBR verra sa base fiscale baisser. Il est grand temps que les règles soient claires. Pourquoi un dédouanement ne peut-il  pas se faire sur internet et payer directement à la banque? Ne faut-il pas déconnecter le lieu des formalités douanières et le lieu de paiement?