MENSONGE AUTOUR DU MARCHE DES ARMES DE L'ARMEE

Burundi news, le 02/12/2010

Par Gratien Rukindikiza

S'il y a un corps au Burundi qui a pu résister face à la dégradation morale et patriotique au Burundi, c'est sans aucun doute l'armée. Elle est restée républicaine. L'intégration des ex rebelles a été réalisée avec beaucoup de professionnalisme et l'armée actuelle est le fruit du travail accompli de tout un corps à commencer par la base; donc les hommes de troupe jusqu'au ministre de la défense. Cette armée est le dernier rempart de la démocratie. S'en prendre à cette armée pour des visées de places ou d'argent est méconnaître les conséquences de tels actes.

Un marché des armes qui nécessite des explications

L'armée burundaise a acheté des armes dans les anciens républiques de l'Est. La commande a été faite après une étude de faisabilité d'une commission militaire. Cette commission a statué sur un fournisseur parmi les autres soumissions. Compte tenu de l'enveloppe, l'armée pouvait se permettre de s'offrir des armes d'équipe (Mitrailleuses) en dehors de la commande des munitions. Elle a pu négocier aussi une livraison d' armes sur une partie de l'argent qui restait de la facture des munitions. Or, cette négociation n'a pas précisé si les armes étaient d'occasion ou pas. En plus, compte tenu de la quantité commandée, le transport n'était pas à la charge du fournisseur; d'où le surcoût.

A la livraison, le transport a été facturé en plus de la commande d'origine en raison de cette commande supplémentaire des mitrailleuses. Ceux qui étaient chargés de réceptionner la marchandise ont émis des réserves pour réceptionner ces mitrailleuses. Au départ, le ministre de la défense en ce moment, le général Niyoyankana, a voulu les refuser. Les premiers tests n'ont pas arrangé les choses. Les militaires burundais ont constaté que ces armes étaient défectueuses. Le fournisseur a affirmé que ces armes fonctionnaient normalement. Il a dit qu'il pouvait y avoir un problème de réglage. Pour démontrer sa bonne foi, le fournisseur est arrivé à Bujumbura avec ses techniciens. Ils ont bien réglé les armes et les ont expérimentées sur un champ de tir. Il a,  en plus, accordé une garantie de quelques mois sur ces armes d'occasion. Au moment où les discussions allaient bon train vers un renvoi de ces armes, le fournisseur a accepté de les reprendre. Comme le transport a été payé par l'armée burundaise, c'est cette armée qui devait payer le retour. Face à ce coût, les deux chefs d'Etat major ont suggéré de garder ces armes; ce qui a été une bonne décision.

Les dessous du rapport de l'inspection générale

Au moment des discussions sur la réception ou non de ces armes, Burundi News avait relaté une histoire d'argent réclamé par des officiers au nom du parti CNDD-FDD. En cas de refus, ces officiers voulaient refuser la réception de ces armes. Un ou deux officiers généraux de la Présidence ont voulu empoché des commissions pour accepter cette réception. Le refus a été net. Ainsi, le dossier est reparti pour atterrir dans les bureaux de l'inspection générale.

Le général de brigade Rugigana, réputé pour son inimitié envers l'ancien ministre de la défense Niyoyankana, a téléguidé le rapport de l'inspection générale. Cette inspection a plus écouté les dires de ce général au lieu de faire son travail d'investigation au vrai sens du terme. Sa mission principale était à charge du général Niyoyankana. D'une pierre deux coups, un autre général de cette même Présidence voulait la place du général Niyombare. Or, le général Niyombare avait accepté la réception de ces armes; une occasion rare pour l'accabler.

Cette commission n'a aucune preuve de cette corruption supposée. Pire, tout est passé par des commissions militaires. Tous les officiers qui connaissent ce dossier disent bien que personne n'a touché une commission sur la vente de ces armes. Le fournisseur n'aurait pas suggéré d'annuler la vente de ces mitrailleuses s'il avait versé des commissions.

Que fait Olucome dans ce dossier?

Le rapport de l'Olucome ressemble étrangement au rapport de l'inspection générale. Olucome a dû ajouter sa touche. Comment se peut-il qu'un tel dossier de l'armée  a pu tomber dans les mains de l'Olucome juste après le rapport définitif? Pourquoi l'inspection générale, qui cache ses dossiers,  a-t-elle donné ce dossier à Olucome? Pourquoi Olucome fait-il tant de médiatisation d'un dossier qui part de la manipulation d'un achat d'armes? Pourquoi Olucome exige-t-il un remboursement des montants sans demander des explications de ce qui s'est passé à l'armée?

La seule question qui se pose est de savoir si Olucome n'a pas été manipulé ou s'il y a autre chose. Olucome devrait reprendre le dossier, interroger les officiers qui sont cités dans ce rapport pour bien comprendre ce dossier. Le rapport made by Rugigana ne peut que ternir l'image de l'Olucome. Certaines questions peuvent se poser, des interrogations, pourquoi pas de réponses sur le travail de l'Olucome.

L'armée visée et certains tentent de la diviser

Ce rapport de l'Olucome est sorti en même temps qu'un tract au sein l'armée. Burundi News était au courant depuis deux semaines mais avait refusé de publier l'information. Cette information est déjà sortie chez plusieurs de nos confrères. Ce tract vise le ministre de la défense, le général Gaciyubwenge. Ce tract n'a rien de militaire. Si c'est un officier qui l'a écrit, il a démontré que son niveau intellectuel est trop bas.

Le ministre de la défense Gaciyubwenge est un homme intègre envers lequel j'ai beaucoup de respect pour son courage et son esprit d'analyse. J'ai eu la chance de travailler avec lui au camp Muha en 1993. Il dirige un ministère  complexe. Ses qualités lui permettront d'assurer correctement son travail de meneur d'hommes et de planificateur de l'avenir de cette armée.

L'armée burundaise a besoin d'une cohésion. Les tentatives de déstabilisation doivent se heurter à la cohésion, à la force de l'unité. Un militaire est un burundais d'abord. Son origine régionale est de l'accessoire sans aucune importance. Chacun doit apporter sa force, son intelligence pour construire, renforcer cette armée et résister aux tentatives de division.