Burundi news, le 04/06/2010
Une opportunité historique
Par Parfait BURUNDI
Dans un article publié le 31 décembre sur ce même site j'écrivais en parlant des élections à venir:
"Alors que les révoltes populaires contre le pouvoir ont toujours été horizontales au Burundi : on s’en prenait aux voisins sensés symboliser le pouvoir et jamais directement au pouvoir, l’évolution sociale en cours rend possible, en cas de trucage des élections, une révolte verticale, c'est-à-dire une société civile, toutes ethnies confondues, disant pacifiquement et directement « NON ! » à un pouvoir usurpé, comme en Ukraine lors de la révolution orange!"
On y est!
Qui aurait dit que le PARENA de Bagaza, le FNL de Rwasa, le FRODEBU et neuf autres partis politiques seraient un jour unis derrière une même cause ? Leurs militants respectifs ont été des ennemis jurés. Leurs proches sont tombés sous les coups les uns des autres et vice versa. Aujourd’hui ils se coalisent pour dénoncer d'une même voie le trucage des élections. Sans distinction ethnique, originaires du nord, du sud ou du centre, ils sont tout simplement des burundais engagés dans une même revendication, celle du respect du choix du peuple. Qui aurait pu imaginer cela il y a seulement un an ? Visiblement l'histoire burundaise s'accélère sous nos yeux. Il s'agit là d'un mouvement qui pourrait vite se transformer en l'ultime combat pour la démocratie burundaise parce que ce n’est pas l’affaire d’une ethnie ni celle d’une région. C’est un mouvement rassembleur sur le plan national. Bien mené, il pourrait réconcilier les burundais et jeter les bases d'une société véritablement démocratique: ceux qui auront partagé un même idéal pourront rester adversaires politiques mais plus jamais ennemis. La société burundaise ne peut en sortir que grandie. Un pas de géant vers la démocratie. Avec l’ADC, Alliance des Démocrates pour le Changement, le Burundi change d’époque
Quel objectif, quels moyens, quelles valeurs, quel plan d’action ?
Pour que l’ADC puisse avoir des lendemains démocratiques profitables à la nation, elle doit communiquer sans tarder sur les objectifs poursuivis, préciser les valeurs desquelles elle se réclame, être clairs sur les moyens qu’elle mettra au service de sa cause et ceux qu'elle bannit, définir et publier un plan d’action. Le tout doit s'inscrire dans le respect rigoureux des droits de l'homme et dans le refus catégorique de toute violence à l'endroit de ceux qui ne partagent pas son point de vue. Le trucage massif des élections qui apparaît aujourd’hui comme un recul de la démocratie pourrait alors se transformer en une opportunité inespérée pour rebâtir une nation sur des bases saines.
Et l'UPRONA ?
La dernière fois qu'un mouvement rassemblant les burundais toutes ethnies confondues a eu lieu, c'était sous la houlette de l’UPRONA de Rwagasore vers la conquête de l'indépendance. Comme l’UPRONA de l’époque, l’ADC est soutenu par une population largement représentative de la nation, son bien-fondé et sa légitimité ne sont pas discutables. L’UPRONA, qui vient de dénoncer de façon argumentée le trucage des élections communales, peut-il ne pas prendre part à ce mouvement sans trahir ses idéaux ? Je pense que l'UPRONA se retirera du processus truqué parce que l’heure réclame l’expression d’une intelligence politique au service du peuple. J’invite l’UPRONA à se mettre du côté du peuple spolié.