L'OPPOSITION DOIT AFFRONTER LES ELECTIONS DE 2015

 Burundi news, le 22/12/2012

Par Gratien Rukindikiza

Les élections de 2015 s'annoncent compliquées, truffées d'embûches et de danger pour le peuple burundais. Le Président Nkurunziza dit "j'y suis et j'y reste" et l'opposition ainsi qu'une partie du CNDD-FDD disent "ôte toi de là que je m'y mette". Si 2010 a été une élection de tricherie, de boycott, les élections de 2015 seront des élections tragiques, des morts seront comptés, de la base au sommet, il y aura des dégâts. Il y a lieu même de se demander si les élections ne se feront pas avec les canons  des kalachnikovs. Comme Staline demandait combien de divisions disposent le Pape pour oser parler de lui de cette façon, le futur candidat Président Nkurunziza demandera à l'opposition combien d'hommes armés dispose-t-elle pour oser l'affronter aux élections.

L'opposition devra être présente quelque soit la forme des élections

La politique de la chaise vide n'a pas payé. Le Président Nkurunziza a tout raflé. Il a donné quelques miettes aux Upronistes qui ne sont au Parlement que pour dire Amen. L'Uprona est devenue la cinquième colonne du CNDD-FDD.

La CENI mise en place est un véritable piège pour l'opposition. Nkurunziza a voulu livrer un message clair. Voilà les piliers qui m'ont aidé à  tricher les élections et je les maintiens pour faire la même chose et comme vous avez boycotté en 2010, faites le aussi en 2015.

 L'opposition doit le surprendre, répondre présente. Même les opposants se trouvant à l'étranger devront rentrer pour entrer dans la bataille électorale. Cette opposition devra faire des élections primaires pour désigner le candidat Président de l'opposition, faire des listes communes aux élections communales, législatives et sénatoriales. La surveillance des élections devra être aussi mutualisée. Le CNDD-FDD dispose d'une milice. Est-ce que l'opposition se contentera de la bible?

Si les élections sont violentes, l'opposition devra préparer son plan B et faire tout pour empêcher le hold up électoral. En Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo s'est maintenu au pouvoir malgré sa défaite. La démocratie a été rétablie par l'usage des armes et le monde a applaudi. C'est dommage mais c'était indispensable.

Si personne ne voulait financer les élections burundaises

Tout est mal parti. La commission électorale est contestée, non seulement par l'opposition mais aussi par l'opinion publique. Cette commission a été nommée par un candidat sans consulter l'opposition. C'est à l'image d'un entraîneur d'une équipe de football qui viendrait avec son arbitre. Pierre Claver Ndayicariye est plus qu'un militant du CNDD-FDD sans carte du parti. Il est à sa place pour défendre un seul candidat, le Président Nkurunziza.

L'organisation des élections sera imposée aux autres concurrents. Tout sera contesté avant les élections. Tous ces éléments dissuaderont les bailleurs de fonds à financer des élections  sans issue. Des élections qui mèneront aux troubles, à des rébellions ne méritent pas une présence pour les cautionner. Sans cette présence de la communauté internationale, faute de moyens, les élections peuvent être reportées ou bafouées. L'anarchie qui peut en découler est susceptible d' emporter le Président au pouvoir. Souvent, les dirigeants africains oublient que le réveil est rapide et la chute est aussi tragique.

La crise monétaire au Burundi contre le pouvoir

Aujourd'hui, le Burundi connaît une crise sans précédent. Il est difficile de dire que c'est une crise monétaire, économique, budgétaire etc... L'argent manque, la pauvreté dépasse les limites, l'Etat ne paye plus ses fournisseurs et le ministre des finances l'a annoncé officiellement. Grâce à la magie, les fonctionnaires sont encore payés.

Cette crise s'explique par le fait que plus de 50 % du budget est financé par des dons de l'étranger. Or, depuis les violations des droits de l'homme, la mise en place d'une vraie dictature, la communauté internationale refuse de cautionner le pouvoir en place. Très peu de financements arrivent de l'étranger malgré les valses diplomatiques. Les devises manquent au Burundi. Les importations deviennent très chères. L'OBR ponctionne partout. Les mécontentements grandissent. A ce rythme, les élections de 2015 sont lointaines pour incarner le changement.

Le Président Nkurunziza est sourd devant ces problèmes tant qu'il dispose de son pouvoir de s'enrichir personnellement au détriment des intérêts du pays. L'exploitation du  port de Bujumbura est confiée à une société écran dont le véritable patron serait Nkurunziza sans appel d'offre en violant toutes les lois de la procédure des marchés publics.

C'est cette indifférence qui devra être exploitée par l'opposition. Le peuple a besoin d'un changement. L'opposition ne devra pas remplacer Nkurunziza pour faire comme lui.