L’ « Opposition » au pouvoir à Bujumbura…

Par The Leadership Institute

Depuis le Congrès de NGOZI du CNDD FDD et les divisions au sein du parti CNDD FDD, on observe une perte progressive de pouvoirs par le Président NKURUNZIZA et le parti au pouvoir.

Ces divisions et l’incapacité de NKURUNZIZA à rassembler ses hommes à l’Assemblée Nationale ont largement ramené l’exercice du pouvoir et des prérogatives présidentielles à un simple marchandage avec les partis UPRONA et FRODEBU. Ces derniers ne se gênent pas pour réclamer des postes chaque fois qu’ils sont sollicités pour leur appui au Sénat ou à l’Assemblée Nationale.

Tout a commencé avec la destitution d’Immaculée NAHAYO puis avec celle de la Ière Vice-présidente du Sénat, la nomination d’Alice NZOMUKUNDA à la première vice-présidence de l’Assemblée Nationale etc. A chaque fois, le CNDD FDD devait lâcher une partie de son pouvoir pour faire passer ses plans et ses objectifs dans ces institutions.

Plus récemment, toutes les nominations des hauts cadres politiques ou dans la diplomatie ont été rejetées et les déblocages n’ont pu se faire qu’après un marchandage pur et simple. Selon les informations recueillies, les partis d’opposition négocient des postes pour leurs membres tandis que pour les autres, des pots-de-vin en espèces sonnantes et trébuchantes sont distribuées. Cette réalité est confirmée par la plupart des parlementaires. Drôle d’exercice du pouvoir et drôle de démocratie.    

Le partage du pouvoir, dans un esprit positif de mise à contribution de toutes les composantes politiques, est une chose à encourager en soi. Cependant, l’esprit de ce marchandage est vil et mercantile. Le pouvoir est interprété comme une marchandise et non comme un devoir de servir le peuple.  Ce principe du donnant donnant dégrade la démocratie et trahit la volonté du peuple burundais.  On ne sait plus si le pouvoir actuel est entre les mains du CNDD FDD ou c’est une coalition. En effet, l’UPRONA et le FRODEBU, se considèrent comme des partis d’opposition quand cela les arrange.  Et quand il s’agit de partager le pouvoir, ils deviennent des membres d’une coalition au pouvoir. Cela leur permet de partager le crédit des bonnes réalisations du régime et de faire porter le chapeau au seul CNDD FDD pour les erreurs. Ils sont gagnants sur tous les plans. On est purement et simplement de retour dans les gouvernements de transition de Kigobe, Kajaga ou même des gouvernements issus des accords d’Arusha. En clair, disons le haut et fort, la victoire du CNDD FDD aux élections profite aujourd’hui plus aux partis d’opposition qu’au CNDD FDD lui-même.

Vis-à-vis du CNDD FDD, il s’agit purement et simplement d’une haute trahison pour son électorat et pour tous ceux qui considèrent que le peuple avait donné un mandat au CNDD FDD et tous les moyens nécessaires pour réaliser ce mandat. Avec plus de 60% de membres de l’Assemblée Nationale et du Sénat, le CNDD FDD avait été plébiscité par le peuple pour diriger le Burundi.

A moins de deux ans des élections, le Président NKURUNZIZA ne peut pas dire qu’il dirige quand il ne peut même pas faire nommer un ambassadeur ou un maire de la ville. Même les présidents des gouvernements de transition avaient plus de pouvoirs que lui. La nomination des grands commis de l’Etat est partout au monde une prérogative présidentielle et quand on ne peut plus l’exercer, on n’a pas de pouvoir.

Par ailleurs, ces marchandages renforcent la fragilité du système politique en place. Ils perpétuent le manque de leadership et expliquent le maintien du pays dans un climat d’irresponsabilité et d’impunité. Dans un cas où le Président de la République ou celui qui exerce les pouvoirs exécutifs n’a plus de majorité parlementaire, deux solutions s’imposent : un gouvernement de coalition ou des élections anticipées. Le système actuel n’est pas une coalition car l’UPRONA et le FRODEBU se comportent comme des partis d’opposition. En fait, ni le CNDD FDD ni ces deux partis, ne voudraient entendre parler de COALITION pour les raisons suivantes :

-         L’UPRONA et le FRODEBU ne voudraient nullement être assimilées aux bavures et autres dérives du régime NKURUNZIZA.

-         Le CNDD FDD ne voudrait pas être assimilé à ces deux partis pour ne pas apparaître comme ayant trahi son électorat et être assimilé à l’image négative de ces partis au sein d’une partie de la population burundaise

Dans la réalité, on est bel et bien dans une coalition gouvernementale même si dans la terminologie et dans les discours officiels, on refuse de l’admettre. C’est pour cela que nous pouvons affirmer que l’ « opposition » est au pouvoir à Bujumbura. Nous pouvons même dire que les partis d’opposition, vu le nombre de sièges au Parlement qu’ils avaient, sont vraiment les grands gagnants de cette coalition, d’autant plus que cette union va pour le MEILLEUR et non pour le PIRE.