L'OR BURUNDAIS HORS DES BURUNDAIS
Burundi news, le 09/09/2013
Par Gratien Rukindikiza
Nous venons de publier un contrat d'exclusivité du commerce de l'or entre l'Etat burundais et la société J JBeli. Dans chaque contrat, il y a au moins un qui gagne. Si les deux parties sont malignes, elles gagnent toutes mais moyennement. Il peut arriver qu'une partie accepte de perdre officiellement pour que quelques individus se partagent le gain exceptionnel avec celui qui est désigné par le gagner.
Prenons un exemple, un Etat vend son avion Falcon 50 à 3 millions de dollars officiellement alors que sa valeur est de 8 millions de dollars. L'acheteur consent à donner plus de 80 % des 5 millions qui font la différence mais en versant sur des comptes offshore ou dans un autre paradis fiscal. L'Etat perd mais les vrais vendeurs gagnent énormément.
Un contrat au détriment de l'Etat
Le concessionnaire obtient une exclusivité sur l'or burundais pendant 10 ans. Aucun autre comptoir ne sera plus permis au Burundi. Que deviendront les comptoirs déjà en place depuis des dizaines d'années?
Il est question d'encadrer les artisans aurifères. Or, cette compagnie est plutôt spécialisée dans la vente que dans l'exploitation de l'or. Le contrat ne spécifie aucune contrainte et aucune modalité pratique de cet encadrement.
Le projet qui avait été présenté pour demande de financement aux AE belges, il avait été précisé ce qu’il fallait faire :
- Fourniture de petit équipement permettant une maximisation de récupération du minerais et de minimisation de perte surtout dans la fraction ;
- Fourniture d’équipement (pompes) permettant l’approvisionnement en eau, particulièrement pour les exploitations en flanc de collines et éloignées des rivières ;
- Accès au London Metal Exchange pour connaître le prix du produit au moment de la vente, etc)
Or, dans ce contrat, rien n'est précisé.
L'Etat burundais s'interdit de réaliser des cartes géologiques car elles deviennent l'exclusivité de la société J JBeli. Même les universitaires, les professeurs, les géologues du ministère de la géologie et mines n'auront plus le droit d'aller fouiner dans le sous-sol aurifère du Burundi concédé à la société libano grecque J JBeli.
Les artisans vont perdre en revenus car il n'y aura plus de concurrence et la société pourra déterminer dans un système monopolistique les prix bas.
Violation des mécanismes de certification des minerais adoptés par les pays de la CIRGL.
La société J JBeli aura le plaisir de se certifier; ce qui est contraire à ces mécanismes. Dans aucun système de contrôle ou de certification, l'autocertification n'a été reconnue. Il doit y avoir un autre organisme indépendant pour le faire. La société chargée de commercialiser l'or du Burundi pourra acheter de l'or congolais et le certifier au Burundi. La société risque de certifier les lingots produits alors que la certification concerne l'origine avant enrichissement et modification des print fingers pour les connaisseurs.