OU EST PASSE LE PRESIDENT BURUNDAIS ?

 Burundi news, le 09 juillet 2007

Par Gratien Rukindikiza

Il y a des rois qui règnent, d’autres qui dirigent. Il y a aussi des Présidents qui règnent, d’autres qui prient et jouent au football, d’autres qui dirigent. Dans certains pays, ils ont même préféré un dictateur présent, qui agit plutôt qu’un Président efface, invisible et inopérant quand la situation se complique.

Le Burundi est un petit pays d’Afrique. Il est tellement petit qu’il l’est devenu, non pas par sa géographie, mais sa petitesse au niveau de la bonne gouvernance, de son absence sur la scène internationale et de la volonté de ses dirigeants de s’infantiliser, de se ridiculiser et de cesser d’exister.

Un Président absent, des ministres en attente de limogeage

Le Président Nkurunziza a une spécialité. C’est de s’effacer quand le pays connaît des difficultés. C’est aussi son absence d’initiatives qui choque. Il s’enferme au lieu de rebondir, de rénover, de créer, de fédérer le peuple autour de lui. Il invite les citoyens à prier comme si le Burundi n’avait plus d’autres ressources que le Dieu. Le Dieu n’a jamais développé les pauvres.

Le Parlement est bloqué et le Président ne prend pas d’initiatives pour débloquer la situation. Il se contente de ceux qui lui disent qu’ils ont la force. Au départ, le Frodebu ne demandait pas grand-chose. Aujourd’hui, les revendications augmentent. A prendre ou à laisser car il n’ y a pas d’autres choix. L’autre alternative est de libérer Radjabu et diriger avec lui. Une solution presque impossible.

En attendant le gouvernement que nous avons annoncé il y a plus de deux mois, les ministres ne travaillent plus. Ils attendent. Certains même se confectionnent une petite caisse pour l’ « argent de poche » de départ. Entre temps, les caisses se vident. On a l’impression que c’est la fin de l’Etat. L’Etat est entrain d’être mis en faillite, voire en cessation d’existence. On vide les caisses pour payer une dette fictive ou les conséquences d’une créance non revendiquées en justice.

Des caisses qui se vident et le Président muet

Rarement, on aurait vu un pays se ruiner à tel niveau. Jamais, aucun pouvoir burundais n’avait pillé les caisses et les biens de l’Etat comme l’actuel. Des ministres détournent et voyagent librement. Un ancien ministre des finances, accusé par le pouvoir  d’avoir vendu illégalement l’avion présidentiel, est libre à Bujumbura. Le pouvoir craint qu’il déballe ce qu’il connaît. Le Président ne veut pas s’exprimer alors que le peuple attend ses explications. Le peuple a besoin de savoir comment et pourquoi le Falcon a été vendu.

Les ministres qui volent dans les caisses de l’Etat ne sont pas remerciés. Du sommet à la base, la corruption a été institutionnalisée.

Un gouvernement impossible à mettre en place

Si un Président est incapable de mettre en place son gouvernement, il est temps qu’il consulte le peuple pour choisir un autre Président capable de le faire. Il a été élu par le Parlement et le Sénat. S’il ne dispose pas d’une majorité, il est obligé de créer des alliances. A défaut, il n’a plus de majorité et donc de pouvoir pour diriger le pays.

Dans les moments d’interrogation, d’inquiétude, le chef se manifeste pour calmer, pour remobiliser. Si le chef montre ses faiblesses, les autres s’inquiètent. Cette situation pousse certains malins à assumer le vide dans l’ombre ou en réalité. La place intéresse plus d’un et les tractations ne sont pas absentes.