LE PACTE  DES ASSASSINS POLITIQUES AU BURUNDI

Burundi news, le 15 juin 2008

Par Gratien Rukindikiza

Les peuples du tiers monde sont souvent victimes de leurs dirigeants. Ces peuples donnent des mandats  à des politiciens démagogues pour diriger le pays et se transforment en véritables assassins. Ces assassinats deviennent des hantises des dirigeants qui s'imaginent leurs sorts après leurs mandats. Certains font tout pour rester au pouvoir en muselant l'opposition, en refusant de quitter le pouvoir après la défaite ou en refusant la tenue même des élections. D'autres sont obligés de partir sous la pression de la communauté internationale. Ceux qui sont partis n'ont pas eu la même chance. Certains ont été jugés par la justice de leur pays alors que d'autres ont été jugés par la cour pénale internationale. Les plus chanceux ont négocié leurs sorties et leurs immunités.

Au Burundi, ce ne sont pas  les assassins politiques qui manquent. Depuis 1961, il y a eu des assassinats politiques. Ce n'est pas une ou deux ethnies qui ont tué mais des dirigeants, politiciens avides du pouvoir, cyniques pour qui les morts ne signifient pas grand chose par rapport aux risques de perdre le pouvoir.

Les assassinats plus dévastateurs et non jugés sont ceux de 1972, 1988, 1993, 1994, Bugendana, Séminaire de Buta, Muyinga etc... Les assassins se font protéger par d'autres assassins. Il est tellement compliqué de comprendre pourquoi  certains protègent les assassins de leurs parents du fait qu'ils sont devenus aussi des assassins. Les assassins politiques retrouvent leur vraie ethnie qui est celle des assassins. Si ce n'est que cette ethnie, qu'est ce qui  pourrait réunir Simbananiye au Président Nkurunziza?

1972 oublié?

Le pacte des assassins qui est entré en vigueur depuis plusieurs années après la mort du Président Ndadaye a aussi fait disparaître 1972 en instaurant une alliance contre nature. Tout chemin mène à Rome. Simbananiye est devenu le pasteur du Président Nkurunziza et de ce fait, un des hommes les plus écoutés du régime. Il suffit de blanchir Simbananiye pour que 1972 devienne un simple paragraphe de l'histoire. Or, tout le monde sait que 1972 est  l'année de l'horreur qui est restée dans les mémoires des Burundais. Tant qu'il n'y aura pas de lumière sur ces événements, les cicatrices ne se refermeront pas.  

1993 : Les assassins de Ndadaye et ceux qui ont commis des massacres sont libres

La situation actuelle des assassins de Ndadaye et de ceux qui ont commandité les massacres de 1993, 1994 donne l'impression qu'il s'agit tout simplement des suicides. Même si Ndadaye aurait été un simple citoyen de Nyabihanga, ses assassins auraient dû être poursuivis et condamnés selon la loi burundaise. Les caporaux qui l'avaient étranglé ne sont plus en prison, les commanditaires n'ont même pas été jugés. Le Président Nkurunziza a  libéré les assassins de Ndadaye sous un prétexte qui ne peut tenir debout.

Personne ne pourra oublier que le Frodebu a été au pouvoir après l'assassinat de Ndadaye. Minani ne peut pas nous faire oublier qu'il a été le partisan et membre du pacte qui réunissait les deux derniers militaires au pouvoir. Il a aussi cautionné le jugement des assassins, uniquement les exécutants, alors qu'il savait que le régime Buyoya ne pouvait que sacrifier les petits caporaux et sous officiers. Les massacres de 1993 après la mort de Ndadaye par certains militants du Frodebu sans qu'il y ait un appel au calme du Frodebu ont crée une culpabilité réelle des dirigeants du Frodebu. Certains pouvaient risquer des procès. Dans le cadre des pactes des assassins, le Frodebu a sacrifié Ndadaye au profit de son immunité et pour se maintenir au pouvoir. La non assistance de personne en danger est aussi punissable par la loi burundaise.

Qui a commandité l'assassinat du Président Ndadaye? Certains Burundais préfèrent ne pas le savoir. Mais que dirons-nous aux enfants de Ndadaye? Qui pourra leur dire qu'au nom de la réconciliation, ils ont refusé de poursuivre les assassins?

Buta, Muyinga, des massacres qui portent un cachet CNDD-FDD 

Les massacres des séminaristes de Buta n'ont pas été jugés. Les assassins trônent à Bujumbura avec leurs grades ou leurs postes civils. Pourquoi s'en prendre aux séminaristes qui voulaient devenir des hommes de Dieu, qui n'avaient aucune ambition politique? Que la barbarie! Malheureusement, le pacte des assassins est renouvelé à chaque mandat.

Les massacres de Muyinga ont un autre cachet. Ceux qui mettent en avant le caractère ethnique des massacres perdent leur latin quand il s'agit de ces massacres. Pourquoi ont-ils massacré des personnes soupçonnées de sympathies envers le Palipehutu -FNL? Combien sont-ils du CNDD-FDD qui travaillent pour le Palipehutu-FNL? Silence! Le colonel Vital Bangirinama a organisé ces massacres de Muyinga en suivant l'ordre d'en haut. Après son forfait et en raison de la pression médiatique, il lui a été proposé 30 millions de francs bu pour partir à l'étranger et il avait refusé. Quand le ministère de la défense s'est décidé de l'arrêter, ceux qui lui avaient commandé les massacres ont organisé sa fuite vers la Tanzanie. Il a déjà quitté la Tanzanie avec la complicité du pouvoir burundais vers un pays occidental.

Et si les assassins étaient devenus plus forts que les autres forces?

L'acquittement des assassins de Kassy Manlan par la cour suprême est un signe fort de ce pacte. Ce signe est tellement fort qu'il montre que ce pacte est devenu plus fort que les autres lois. Ces assassins avaient été jugés et tous éléments de culpabilité étaient présents. Certains ont dit que même les avocats de la défense ont été surpris. Cet acquittement a été tempéré par le procureur général de la République qui a fait appel.

Par ailleurs, pour que la cour suprême, dirigée par une dame qui ne prend aucune décision sans demander l'avis du Président Nkurunziza, prenne cette décision d'acquittement, le pacte des assassins a bien fonctionné et je dirai même qu'il a été actualisé.

Si la tendance se confirme, le pacte des assassins deviendra aussi fort que  la mafia italienne. Qui pourra s'y opposer? Qui voudra s'y opposer?