UN PACTE SECRET DIRIGE LE BURUNDI

Burundi news, le 23/10/2011

Par Gratien Rukindikiza

Le Burundi est depuis ces six dernières années dirigé par un pouvoir invisible, sous marin,  qui rend difficile la cohérence et l'unicité du pouvoir. Plusieurs dirigeants étrangers demandent souvent où se trouve réellement le centre du pouvoir. Dernièrement, un politicien européen  me disait qu'il a rendu visite au Président Nkurunziza et a fait un constat amer. Le Président Nkurunziza était absent, désintéressé des discussions en cours alors que ces mêmes discussions avaient un lien direct avec les aides de plusieurs pays européens. Est-il intéressé par le vrai pouvoir? A-t-il les moyens de promettre et de faire ce qu'il a promis à la communauté internationale? Qui dirige le Burundi? Une cohabitation, un duo ou un pacte secret et ultraconfidentiel?

Un pacte de 2005 unit Nkurunziza à Adolphe Nshimirimana

En 2005, Nkurunziza a eu du mal à s'imposer en tant que candidat du CNDD-FDD aux élections présidentielles. La place intéressait Radjabu au dernier moment. Chacun a compté ses alliés et les deux rivaux ont failli en venir aux armes. Un homme a fait pencher la balance au profit de Nkurunziza, Adolphe Nshimirimana. C'est à ce moment qu'un pacte secret a été scellé entre Nkurunziza et Adolphe Nshimirimana. Ce dernier protège Nkurunziza contre Radjabu et d'autres rivaux du parti CNDD-FDD et Nkurunziza s'engage à maintenir Adolphe à un poste de son choix, à savoir les services de renseignement et à lui donner carte blanche pour s'enrichir via plusieurs services à commencer par les douanes.

A qui profite le pacte actuellement?

Le pacte profite aux deux. Le Président Nkurunziza est un homme sans confiance et souvent isolé. Le réseau tissé dans les corps de sécurité chez les anciens DD appartient surtout à Adolphe. Les milices Imbonerakure comptent sur le soutien des services de renseignement. Adolphe place, déplace au niveau des postes de la police et la Documentation. Il est capable de donner un ordre à tel ou tel autre cadre du CNDD-FDD de faire tel acte ou ne pas faire dans le cadre de son travail au sein de l'appareil étatique. Cette position le rend indispensable au Président. Il a tout au moins une force de nuisance pour le Président au cas où le pacte serait rompu.

Le général Adolphe Nshimirimana est accusé de plusieurs massacres et assassinats. Aucun juge ne peut oser le convoquer. Adolphe Nshimirimana serait rattrapé par la justice s'il était lâché par le Président. Le peuple burundais le prend pour un des grands assassins burundais. Il pourrait difficilement éviter la colère populaire s'il était dépourvu de sa sécurité.

Le pacte protège les deux signataires et joue contre les intérêts du peuple burundais.

"Je te jure au nom du pacte que nous avons scellé, je n'ai pas ....., à Gatumba"

Au cours d'une discussion houleuse entre le Président Nkurunziza et le général Adolphe Nshimirimana, le pacte scellé a été évoqué surtout par Adolphe pour jurer que l'échec de l'opération de Gatumba ne lui incombe pas. Le lecteur comprendra dans le rapport que nous sortirons dans ces jours. Le Président Nkurunziza pensait ou il a été mal informé, que l'opération a échoué en raison des fuites sur l'opération quelques jours avant. Il aurait dû demander à Burundi News pour savoir que le motif est plutôt une erreur tactique sans qu'il y ait fuite d'information organisée par la Documentation.

Au nom de votre pacte, Burundi News demande d'arrêter de vous casser la tête sur l'origine de nos informations. Ni Adolphe, ni Nkurunziza ne pourra nier l'existence de cette discussion.  Cela pourrait pousser à en dire plus.  En tout cas, les informations  nous arrivent de sources sûres. Nous doutons fort que les informations soient modifiées quand elles arrivent au Président. La bonne source des informations au Burundi est dans le pacte qui lie les deux hommes. Encore faut-il savoir si Adolphe est devenu l'homme fort de l'ombre grâce au pacte?

Ceux qui pensent que le général Adolphe Nshimirimana sera démis par son chef se trompe. Les deux sont liés et seront au pouvoir ensemble. A moins que l'exemple du printemps arabe donne des leçons aux Burundais. Pauvre Kadhafi, il fallait penser à négocier ou quitter le pouvoir avant.

Ce pacte est au dessus de toute institution. Au nom de ce pacte, les policiers qui ont tabassé le sénateur Vital Bambaze qui voulait faire arrêter des camions citerne impliqués dans un trafic de carburant au profit d'Adolphe n'ont pas été inquiétés. Le commissaire Uwamahoro est intouchable car il est protégé par les ramifications de ce pacte. La justice ne jugera jamais et jamais les assassins d'Ernest Manirumva en raison de l'existence de ce pacte. Il est très compliqué à changer le gouvernement en raison de ce pacte car certains ministres sont des protégés d'Adolphe Nshimirimana et le Président a du mal à les limoger.

Au nom de ce pacte, le parti CNDD-FDD est une caisse de résonnance des décisions issues de ce pacte.

En définitive, ce pacte pourra conduire à la catastrophe le pays.