PARCOURS DU COMBATTANT DES AFFAIRES AU BURUNDI

Burundi news, le 31/01/2011

Par Gratien Rukindikiza

Chaque pays fait son possible pour attirer les hommes d'affaires et aussi favoriser ceux qui entreprennent dans le pays. Les recettes de l'Etat viennent en grande partie de la TVA, des impôts, des droits de douanes générés par des entreprises. Au Burundi, la volonté théorique est affichée pour favoriser les affaires. Dans la pratique, c'est une autre affaire.

Le transport de Kigali à Kayanza passe par Bujumbura

Une société burundaise basée à Kayanza qui importe des biens du Rwanda doit passer à la douane de Kayanza et transporter la marchandise avec un scellé jusqu'au port de Bujumbura. La douane de Kayanza n'est pas équipée pour peser des camions remplis de marchandises. Ainsi, le camion doit passer par Bujumbura pour remonter à Kayanza. Cette société devra compter sur la lenteur légendaire de l'OBR. Celui qui passe moins d'une semaine pour faire les documents est un chanceux ou il a graissé la patte comme on le dit.

Si un commerçant de Kayanza achète des haricots à 400 frs bu au Rwanda, le tour par Bujumbura fera grimper le coût d'achat de ses haricots à 700 frs le kg. Il ne sera plus intéressant d'acheter ces haricots au Rwanda. La fraude devient "plus rentable" pour les commerçants et les douaniers sont plus intéressés car le prix de la corruption augmente.  Il y a lieu de se demander si réellement l'Etat burundais a besoin de favoriser l'économie ou les poches des fraudeurs et douaniers corrompus. Il est déjà presque impossible de franchir les douanes de Kayanza sans donner des dizaines de milliers aux douaniers.

L'exemple du Rwanda

Au Rwanda, les documents administratifs sont à la disposition des demandeurs même la nuit. Une heure suffit pour obtenir des documents qui demandent trois jours au Burundi. Un Rwandais qui passe à la frontière burundaise et à qui on demande de donner de l'argent au noir au douanier n'en revient pas. Au Burundi, la tolérance 100 % est appliquée.

Décourager les affaires au Burundi

Ce parcours du combattant décrit provient d'un cas suivi de A à Z. Ce n'est pas une histoire inventée. De la corruption aux douanes de Kayanza aux procédures longues à l'OBR, les démarches sont décourageantes. Tout est fait pour décourager les affaires. Ce système profite à quelques généraux et autres dignitaires du pouvoir CNDD-FDD qui contournent les douanes en fraudant. De ce fait, leurs produits sont très concurrentiels et les autres commerçants importateurs ne peuvent pas tenir.

Ces problèmes de l'OBR s'ajoutent aux autres problèmes de marché. L'Etat contrôle plus de la moitié du marché burundais. Celui qui est en disgrâce avec le pouvoir peut difficilement faire les affaires.