UN ANCIEN PARENA QUI ESPERE  DEVENIR PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

 Burundi news, le 27/07/2014

Par Gratien Rukindikiza

Le Burundi est devenu très spécial. Avant 1993, peu de Burundais voulaient diriger le pays. C'était trop compliqué. Peu de gens s'estimaient capables. Je me rappelle comment en 1987 il manquait d'officiers pour prendre le pouvoir. Buyoya n'avait pas voulu prendre les devants et les prétendants manquaient. Dans les milieux officiers, c'était le casse tête chinois. Quel officier est-il capable de diriger le pays. La liste était trop courte.

Aujourd'hui, le pays est entré dans la démocratisation. Le Président Nkurunziza a tué la fonction présidentielle. Un paysan disait que lui aussi qu'il pouvait diriger le pays car il sait bien planter les avocats, jouer au football et prier. Des centaines de cadres du parti au pouvoir le CNDD-FDD affirment haut et fort qu'ils sont présidentiables. On pourrait former un parlement avec les présidentiables version CNDD-FDD.

Ils se bousculent à la porte du palais présidentiel

Contrairement à ce que les gens de l'opposition pensent, le troisième mandat de Nkurunziza inquiète plus les cadres présidentiables du CNDD-FDD plus que l'opposition. La lutte fait rage. Certains n'entendent pas reculer malgré les avertissements du général Adolphe Nshimirimana, patron des services de renseignements. Certains craignent que Nkurunziza modifie la constitution après son élection en 2015 pour qu'il n' y ait plus de limitation de mandats présidentiels. Or, à l'unanimité, sauf quelques quémandeurs, les cadres du CNDD-FDD veulent mettre Nkurunziza dehors en 2020. La récréation est terminée. Il agace les cadres de son parti surtout le trio Nkurunziza-Adolphe-Bunyoni est jugé infernal. Bunyoni aimerait se présenter aux élections présidentielles. Les cadres du CNDD-FDD pèsent qu'il n' a ni réseaux, ni amis mais juste une équipe qui l'aide à piller le pays. Son égoïsme est pointé du doigts.

Le palais présidentiel n'est pas une mince affaire. On se prépare, on construit son réseau. L'activité bat son plein. Ces présidentiables voient d'un mauvais œil l'organisation de la milice Imbonerakure car elle peut être à l'origine de la fin pure et simple du CNDD-FDD.

Parmi ces présidentiables, il y a des cas insolites. Ceux qui sont inattendus. Qui pouvait croire qu'un ancien Parena pourrait rêver de diriger le Burundi après Nkurunziza? Pourtant il y croit.

Un ancien Parena au pouvoir en 2015!

Un ancien magistrat, un grand militant du Parena, un tutsi, a un rêve de diriger le Burundi en 2015. Edouard Nduwimana, le ministre de l'intérieur, est entré dans le CNDD-FDD par opportunisme. Il était un grand militant du Parena. Il a bien assimilé la théorie de ce parti et rêve de la faire triompher au CNDD-FDD.

Le ministre de l'intérieur, Edouard Nduwimana, est le ministre le mieux coté de la République burundaise. C'est à peine qu'il ne tuerait pas les siens pour faire plaisir au Président Nkurunziza. Il se targe d'être un ami personnel du Président Nkurunziza. En privé, il confie qu'il arrivera à convaincre le Président Nkurunziza d'instaurer une alternance au sommet de l'Etat entre hutu et tutsi. Il serait alors le premier tutsi de cette alternance en 2015. De l'autre côté, il agite le bâton qui fait peur aux tutsi tout en espérant de les rassurer lors de son mandat en alternance. Une stratégie digne de l'école primaire.

Edouard Nduwimana est devenu le ministre le plus impopulaire du Burundi. Il mécontente l'opposition par son attitude. Il laisse perplexe les militants du CNDD-FDD quant à sa loyauté. Certains affirment qu'il dit le contraire dans des salons des tutsi.

Cette théorie de Nduwimana amuse les présidentiables du CNDD-FDD. Des rumeurs à Bujumbura disaient qu'il pouvait être sacrifié, assassiné par des imbonerakure. D'une pierre deux coups, éliminer celui qui est déjà sali par ses actions contre les partis politiques, celui qui propage ces idées d'alternance ethnique et aussi pour mettre cet assassinat sur le dos de l'opposition.

Bon courage Monsieur Edouard Nduwimana. Si tous ce que vous faites est dans le sens de gagner le palais présidentiel, vous êtes naïf. Si vous n'avez pas encore compris que vous êtes le pion du pouvoir, vous êtes naïf doublement.