CES NOUVEAUX  PARTIS QUI INQUIETENT LE POUVOIR DU CNDD-FDD

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 20/01/2009

Après les élections au Burundi, le Président Nkurunziza a commencé la campagne électorale comme s'il n'était pas fier d'être élu à son poste. Il a concentré beaucoup de moyens de l'Etat sans parler de l'argent pour faire une campagne électorale, oubliant complètement qu'il était élu pour diriger et non partir en campagne électorale. Le Président Nkurunziza a donné l'impression dès le départ d'un Président incapable de bien diriger et qui a décidé de séduire la masse paysanne pour fuir ces citadins et intellectuels critiques.

Erreur politique du Président

L'erreur commise par le Président Nkurunziza est de commencer la campagne avant de travailler. Les paysans qui reçoivent un kilo de haricot se moquent du Président car un chef a toujours donné plus. A voir le Président aller planter des avocatiers, les Burundais se demandent quand est- ce qu'il travaille sur les dossiers chauds du pays. Certains se demandent même s'il n'y a pas d'autres qui dirigent à sa place et lui se contentant de puiser dans les caisses de l'Etat.

Si beaucoup de Burundais apprécient le Président Nkurunziza quand il est en train de déboucher les caniveaux, planter les arbres fruitiers, ils savent bien que c'est un mauvais Président parce qu'ils ne le voient rarement à l'œuvre. Celui qui est à l'aise  dans les caniveaux s'ennuie dans les bureaux de la Présidence. Le Président Nkurunziza a bien démontré qu'il est mal à l'aise à la Présidence du Burundi. De grâce, si le CNDD-FDD veut placer leur homme au pouvoir, qu'il propose un homme ou une femme qui aime travailler les dossiers.

Ces nouveaux partis qui montent

A l'ombre des géants politiques à savoir le CNDD-FDD, le Frodebu et l'Uprona, quelques nouveaux partis montent à une vitesse de croisière. Ce n'est pour rien que ces partis se retrouvent dans le collimateur du pouvoir.

Le FNL fait un travail non négligeable sur le terrain. Il mobilise beaucoup de Burundais et fait une réelle concurrence au CNDD-FDD. Sur le terrain, il a encore des combattants et des mobilisateurs encore frais. Dans beaucoup de provinces, ce parti rivalise réellement avec le parti au pouvoir. Demain, lors des élections, la machine répressive du CNDD-FDD trouvera une opposition du FNL avec ses futurs démobilisés non encore déçus. Or, les démobilisés du CNDD-FDD sont des déçus, des trahis. Rouler pour  le CNDD-FDD est un non sens de la part des démobilisés.

L'UPD est un parti créé dans la grande discrétion au lendemain de la victoire du CNDD-FDD. C'est un parti conçu pour prendre la relève, un parti réserviste. Aujourd'hui, le parti tient son rôle depuis l'emprisonnement de Radjabu. Ce parti recrute et semble trouver beaucoup de militants. Ce parti ratisse  large au CNDD-FDD même si les militants gardent l'anonymat pour rester dans leurs postes. C'est ainsi que les grands secrets, confidences sortis des réunions des cadres du parti se retrouvent dans les sites proches de ce parti. Les déçus du CNDD-FDD s'adressent à ce nouveau parti.

Le MSD est un parti non encore agréé mais un parti qui inquiète le pouvoir. Ce parti doit inquièter  parce qu'il mobilise largement, plus que les prévisions du pouvoir. Cela peut expliquer les raisons du refus de l'agréer et aussi de l'emprisonnement d'Alexis Sinduhije. Plusieurs militants attendent l'agrément pour se manifester. Il est très dangereux de se déclarer du MSD dans ces jours dans certaines communes dirigées par des zélés du CNDD-FDD.

Le parti ADR d'Alice Nzomukunda n'est pas à négliger. C'est un parti qui fait un travail de terrain et qui se fait discret. Cette discrétion  et la persévérance de sa présidente Alice Nzomukunda  donneront des fruits.

Demain, ces partis politiques risquent de faire des surprises. Les grands partis ne manqueront pas de les séduire. Le Frodebu fait déjà des yeux doux au FNL. Il courtise le MSD et l'UPD. Si le candidat du Frodebu Ndayizeye arrivait à mobiliser une coalition autour de lui  ces partis en y ajoutant le CNDD de Nyangoma, le chemin de la Présidence lui serait tracé. Une alliance de ces nouveaux partis pourrait faire un carton et formerait un groupe incontournable.

Des milices, un danger électoral du futur perdant

Lorsqu'un Président est convaincu d'être populaire, comme un joueur convaincu qu'il est un bon joueur, il respecte les règles. Or, le Président Nkurunziza sait bien qu'il n'est pas populaire. Ainsi, il compte sur deux éléments à savoir la force des milices et une commission électorale indépendante CENI sous sa botte. Ces éléments sont des armes du faible. L'ancien Président Buyoya, convaincu qu'il était le meilleur, qu'il était le chouchou du peuple burundais, n'a pas voulu tricher. Malgré la force qui lui était acquise entièrement, il a refusé de l'utiliser du début jusqu'à la fin. Le Président Nkurunziza utilise les moyens du perdant pour éviter de perdre. Ces moyens sont synonymes de manque de confiance, de découragement aussi.

Les milices sont une arme très difficile à manier. Surtout au Burundi où le Président ne maîtrise pas l'armée car il s'est voulu toujours du CNDD-FDD au lieu d'incarner l'unité nationale. L'armée reste le corps de plus cohérent, professionnel qui garde un esprit de corps.

Les entrainements para militaires des milices des démobilisés et jeunes du CNDD-FDD sont un avertissement  sérieux à la classe politique burundaise. Or, cette milice sera demain rendue inoffensive par l'arrivée des démobilisés du FNL et aussi la mobilisation des autres forces de jeunesses politiques.

Le pouvoir vient de recevoir une véritable leçon de démocratie au Sénat. En refusant de donner carte blanche au Président avec cette CENI conçue pour tricher les élections, le Sénat  adresse au Président un message politique. Les élus du peuple seront tenus responsables de la tricherie qui se passera si cette CENI est votée. Ils refusent de cautionner le forcing  du Président. Une commission électorale est le fruit d'entente des partis politiques, contourner cette entente est aussi violer les règles de la démocratie.