On ne peut se permettre ce luxe…

 Par The Leadership Institute

 

La situation qui prévaut au Burundi justifie amplement le résultat sur le baromètre mondial élaboré par des chercheurs de l’Université de Leicester (World Map of Happiness) où le Burundi est classé 178ème sur 178 pays, derrière le Zimbabwe et la RDC..

 

Au-delà  de ce classement réalisé par Adrian G. White, la plupart des chiffres sur le Burundi sont dans le rouge depuis plusieurs années et on ne peut s’empêcher d’admirer et d’envier les succès enregistrés sur le plan économique au Rwanda. Ces derniers ne se sont pas faits en un jour et découlent des efforts du leadership rwandais, à commencer par le Président Paul KAGAME lui-même, à chercher les voies et moyens de répondre aux défis auxquels fait face ce pays : le développement. En effet, après avoir investi largement dans la sécurisation du Rwanda, les autorités rwandaises ne pouvaient se permettre le luxe de négliger les aspects liés au développement comme atouts stratégiques très importants.

 

Tout le monde a entendu parler de la « Vision 2020 », du faible niveau de corruption, des avantages accordés au secteur privé dans la croissance etc. Par exemple, sachez que le Rwanda a reçu en 2007 à peu près 180 millions de dollars sous forme d’IDE (Investissements Directs Etrangers). Le Rwanda est cité comme modèle par les institutions de Bretton Woods tandis que la transparence de la gestion des finances publiques, les performances du Rwanda Revenue Authority et l’environnement de sécurité contribuent largement au résultat actuel qui qualifie le Rwanda comme un des pays les plus progressistes en Afrique. En tant que burundais, nous ne pouvons qu’envier le Rwanda et à nous demander pourquoi les ténors du pouvoir de Bujumbura continuent à citer les échecs du Kenya au lieu de suivre les exemples positifs du Rwanda voisin. On ne peut pas gouverner par des excuses.

 

En 2005, lors de la victoire du CNDD FDD, le Burundi présentait toutes les chances d’un décollage économique et semblait même offrir plus de chances de stabilité politique que le Rwanda, qui a encore à gérer les interahamwe et autres FDLR établis en RDC. Le Burundi pouvait même jouer un rôle important dans la stabilisation de la sous région avec les relations privilégiées que le CNDD FDD avait avec les autorités rwandaises et congolaises. Ce rendez-vous diplomatique dans la stabilisation de la sous-région est complètement raté tandis que le décollage économique semble n’avoir été qu’un rêve.

Lorsque l’on est au pouvoir, on encaisse TOUT bon ou mauvais. Alors que les défenseurs du règne de NKURUNZIZA cessent de nous condamner de faire porter tout le mal burundais sur la tête du Président NKURUNZIZA.

 

Pour insuffler un véritable décollage économique, le Burundi avait besoin  de l’appui financier de la communauté internationale, de la création d’un environnement favorable sur le plan sécuritaire, social et politique, mais aussi de la mise en place d’une certaine dynamique sur les programmes de réduction de la pauvreté. Dans un système politique comme celui du Burundi, le Président de la République est le RESPONSABLE NUMÉRO UN ET LE GARANT DU FONCTIONNEMENT DES INSTITUTIONS. Le Président NKURUNZIZA a failli dans sa mission pour plusieurs raisons :

 

-         l’aide de la communauté internationale n’a pas été décaissée malgré la bonne foi de la communauté internationale, pour des raisons qui incombent au gouvernement

-         l’insécurité bat son plein dans tout le pays

-         l’incapacité à conclure la paix avec le PALIPEHUTU FNL

-         la corruption est devenue galopante avec le régime NKURUNZIZA

-         le manque de vision du Chef de l’Etat qui a multiplié les décisions populistes mais économiquement désastreuses (à titre d’exemple, les réductions du prix du sucre et des produits de la BRARUDI a fait perdre au trésor burundais près de 10 milliards de francs burundais)

-         les crises institutionnelles qui se succèdent paralysent le pays

-         le manque de dynamisme et de cohérence gouvernemental dans les réformes économiques et institutionnelles importantes (réforme de la filière café etc.)

 

On pourrait continuer avec la liste des manquements du Président de la République qui nous permettent de conclure ceci : on ne voit pas le système CNDD FDD sortir le Burundi du marasme économique, politique, militaire et stratégique dans lequel se trouve le Burundi. Ce pays est largement le maillon le plus faible dans la sous région et a besoin d’une vraie équipe à ses commandes pour  le remettre sur les rails sur tous les plans.

 

Le pouvoir est une affaire d’hommes et de programme. Sans des hommes qu’il faut avec les programmes qu’il ne faut, rien ne se fera tout seul. Sans un président ambitieux pour son pays, et non pour sa propre personne, toute la machine de l’Etat s’enrouille. Sans un président nationaliste, tout le peuple est paralysé. Sans un président soucieux de son propre succès, un système politique ne peut réussir par le simple fait qu’il émane des urnes. Sans un président travailleur et sérieux, s’entourant des gens capables et vertueux, le désordre s’installe.

 

Enfin, sans un président convaincu des principes démocratiques et CROYANT, la violation des droits de l’homme, les assassinats, le  mensonge et les violences à caractère politique constituent le lot quotidien de l’Etat.

 

Le Président NKURUNZIZA ne peut pas se permettre le luxe de ne pas travailler, de protéger les assassins, de laisser les crises institutionnelles s’éterniser, de laisser le pays sombrer dans la torpeur et l’anarchie car les masses de burundais qui ont élu le CNDD FDD ont FAIM, sont TUEES chaque jour, l’image du Burundi s’assombrit tous les jours, et un environnement propice à la guerre s’installe peu à peu.

 

Malheureusement, on ne voit pas le Président NKURUNZIZA se ressaisir car finalement ses manquements sont dus à la mauvaise foi et une incapacité notoire à saisir les vrais enjeux de son leadership, sinon il ne pourrait se permettre le luxe de jouer au foot tous les jours et de ne piloter qu’un conseil des ministres sur trois depuis des mois.

 

C’est dommage, comme l’a écrit un burundais sur internet, que le Burundi ne constitue pas un intérêt stratégique sinon Koffi ANNAN devrait venir au Burundi après le Kenya. C’est au Burundi que la crise s’installe et que le pouvoir prépare la guerre contre son peuple.

 

C’est aussi dommage que les pays de la sous région AIENT ABANDONNE le Burundi, une fois les élections terminées et le Président NKURUNZIZA installé. Ce n’est pas cela dont le peuple burundais avait besoin : il fallait instaurer un mécanisme d’accompagnement post-conflit. Faut-il attendre que le Burundi brûle pour qu’encore une fois la communauté internationale se mobilise pour un autre processus de paix ? La paix n’étant pas une fin en soi mais un processus, la prévention des conflits doit être un processus qui commence dès les signes avant coureurs comme ceux que l’on observe aujourd’hui.

 

Pauvre Burundi, pauvres burundais… qui ne peuvent se permettre le luxe d’accepter indéfiniment la dictature de NKURUNZIZA.