LE SOUS SOL EXPLOSIF DU BURUNDI
Burundi news, le 23/04/2013
Par Gratien Rukindikiza
La richesse d'une nation est en général la prospérité des peuples. Or, l'argent ne fait pas le bonheur. Surtout quand cet argent appartient aux autres. Un paysan de Buhonga avait bien résumé la réalité de la richesse du Burundi. Il disait que le Burundi est riche et il a l'impression que le pouvoir ne veut pas que notre pauvre paysan reste au Burundi. Il avait demandé la richesse du pays, sous- sol, liquidité etc.... qu'on divise par les 7 millions de Burundais et qu'on lui donne sa part. Il accepterait de partir pour de bon et leur laisser le Burundi.
Les Burundais ont intérêt à demander leur part du gâteau avant que les vautours n'emportent pas tout.
Revenons à notre sous- sol. Je ne dirai pas comme le Pasteur Jesse Jackson mais mon Dieu, garde le Burundi de ses minerais et pétrole, quant aux autres ennemis, le pays est capable de se défendre.
Le pétrole glissant vers le Congo pourra réveiller les bruits des bottes
Le lac Tanganyika regorge de pétrole. Bientôt le Burundi sera producteur de pétrole. Pour rêver, il entrera dans l'organisation des pays producteurs de pétrole OPEP, le Président Nkurunziza occupant le fauteuil à côté du roi d'Arabie Saoudite. Arrêtons les rêves. Les rêves du pétrole peuvent se révéler en cauchemar.
Le Lac Tanganyika est partagé par le Burundi et la RD Congo. Le pétrole n'est pas figé. Pour rappel, les frontières dans le lac Tanganyika sont sur l'eau. Rien n'indique la frontière sous l'eau. Si on vidait le lac Tanganyika, les Burundais seraient surpris de l'état du lac Tanganyika. Il est incliné vers le Congo, plus en surface du côté du Burundi. Cette frontière lacustre manque de bornes géodésiques. Demain, il y a risque de conflit entre le Burundi et le Congo pour la délimitation de la frontière du bas fond du lac. L'Ouganda clairvoyant a déjà positionné sa frontière dans le lac Edouard. Les Burundais ne devraient pas ignorer cette bathymétrie du lac Tanganyika.
Comme le lac Tanganyika est incliné vers le Congo, si le Congo exploite en premier le pétrole dans le lac Tanganyika, le pétrole se versera vers la pente du sous- sol suivant l'inclinaison; donc vers le Congo. Le Burundi ne fera que constater les dégâts de sa richesse coulée vers le Congo. Une grande richesse qu'un pays acceptera de laisser partir facilement. Je l'avais déjà écrit, celui qui exploitera le pétrole du lac Tanganyika devra occuper les hauteurs de l'autre ou accepter d'exploiter en commun.
Le pétrole ne vient jamais seul. Un autre conflit risque de naître. Les Congolais viennent d'obtenir des documents historiques du tracé de la frontière entre le Burundi et le Congo du côté de Gatumba. Ils prétendent que le delta de la Rusizi entre la petite et la grande Rusizi leur appartient. Ces documents sont officiels. Les Burundais ne devraient pas croiser les bras. En 1982, les Burundais ont failli se battre avec les Congolais sur cette même histoire de la frontière entre les deux Rusizi. Aujourd'hui, ce n'est pas la terre qui intéresse dans le delta mais le pétrole.
Une seule société, toutes les mines du Burundi
Une société nommée John Jbeili, certains la situent à Dubai, d'autres en Europe de l'Est, vient de gagner un marché de gré à gré toutes les mines du Burundi. Notre paysan de Buhonga aurait raison d'aller réclamer sa part du gâteau avant que Jbeili mette la main sur la manne minière du Burundi. Cette société aura le droit d'exploiter des mines en profitant des explorations déjà faites par d'autres sociétés. Il est fort à parier que les vrais actionnaires sont parmi les dignitaires du régime. Cette société aura l'exclusivité sur l'or et ses dérivés ou rejets. Ils incluent aussi le coltan et l'étain.
La conférence internationale des mines pour la région des grands lacs avait bien spécifié que la certification sera faite par une société tierce pour les minerais. Or, cette société exploitera les mines, s'auto certifiera, s'autoproclamera multipuissante aussi. Les sociétés qui exploitent l'or sont en train de plier bagage.
Des mines d'or meurtrières
Le Président de la République a arrêté l'exploitation de l'or dans le pays. Un confrère avait écrit que c'est parce que les généraux n'arrivaient pas à bien se partager les mines. La réalité est ailleurs. Le député Gihahe a acquis une colline pour exploiter l'or. Ses ouvriers ne produisaient pas à la vitesse de ses attentes. Des fois, il faut forcer la richesse minière mais la manière de Gihahe ne change pas. Au moment où ses ouvriers creusaient dans le sous -sol, il a fendu une partie de la colline avec des explosifs militaires. Huit ouvriers ont péri dans les mines. Le Président Nkurunziza a piqué une colère et a décidé de fermer ces exploitations de mines temporairement. Une façon en douce aussi de passer les mines à Jbeili.
En attendant le pétrole du lac Tanganyika, le nickel cherche exploitant bien patient. Les chinois ou les sud-africains?