LE PETROLE NIGERIAN ET LA FERMETURE DES COMPTES SPECIAUX

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 30 août 2007

Notre rédaction a révélé au public burundais l'existence de ce dossier du pétrole nigérian qui est le plus grand dossier de la corruption au Burundi depuis l'indépendance. Le dossier remonte du temps de Buyoya II. L'ancien Président Ndayizeye en a profité. On finit par comprendre pourquoi ces Présidents ont du mal à quitter le pouvoir. Notre rédaction a continué les enquêtes. Nous vous révélons l'ampleur de cette corruption et les conséquences inattendues.

Ceci dit en passant, le dossier du commerce du sucre a aussi intéressé les Burundais. Après nos investigations, nous pouvons révéler que le sucre était une affaire de financement du parti CNDD-FDD. Un Burundais qui achetait un kilo de sucre donnait,  sans le savoir, 40 frs Bu au parti CNDD-FDD. Tout commerçant de sucre devait verser au parti CNDD-FDD 40 frs par kilo. Les Burundais se sont ruinés pour payer plus le sucre pour que  le luxe règne au parti CNDD-FDD.

Lors de l'inspection de l'institution internationale FMI, ses experts ont constaté qu'il y a un compte dont les entrées n'ont aucun justificatif et les sorties non budgétisées. Ils ont demandé des informations à la BRB et personne n'a donné des explications. Le FMI a alors menacé de ne plus donner des fonds si les Burundais reçoivent de l'argent qu'ils ne peuvent pas expliquer. Ce compte concernait les 80 000 dollars qui sont versés sur un compte à la BRB tous les deux mois. Cet argent provient du fameux dossier de corruption du pétrole nigérian. A partir de ce moment, ils ont demandé de fermer ce compte et aussi les autres comptes spéciaux. Le pouvoir a refusé de fermer ce compte magique tout en acceptant de fermer les autres comptes spéciaux. Ce compte resté ouvert intéresse beaucoup le FMI qui sait bien de quoi il s'agit.

Le Trésor public reçoit 40 000 dollars par mois de ce pétrole nigérian. En réalité, ce pétrole rapporte cher au Président de la République. Le montant dépend des cours mondiaux. Le baril coûte en moyenne 50 dollars. Le Burundi dispose d'un quota de 15 000 barils par jour. Par mois, le montant est de 22 500 000 dollars. Le Président Burundais reçoit hors intermédiaires 10%, soit 2 250 000 dollars par mois, soit 2, 25 milliards de francs Bu par mois. Pour mémoire, aucun PDG français n'a un tel revenu mensuel. Par an, le Président totalise 27, 50 milliards de francs Bu, l'équivalent d'un budget d'un grand ministère. C'est aussi l'équivalent des salaires de tous les fonctionnaires de l'Etat burundais de deux mois et deux semaines. C'est un véritable pillage du pays. Cet argent peut initier des projets agricoles et combattre la famine.

Ce dossier est plus grave que celui du Falcon vendu illégalement. On a beau dire aux Burundais de prier, entre la prière qui est chantée à longueur de journée et le calvaire imposé au peuple avec cette corruption, le doute est grand. Il est grand temps que la justice soit rendue. Rendre à César ce qui est à César. Quant à la prière et le football, ils ressemblent à la méthode de la colonisation comme le disait Nyerere : "Quand les évangélistes sont arrivés, ils avaient des bibles et nous, nous avions la terre. Quelques années après, nous avions leurs bibles et ils avaient nos terres". Piller son peuple est un grand péché et chaque croyant le paiera devant le Dieu Tout puissant.