Le Phénomène Hussein Radjabu…

Par The Leadership Institute

Le Parlementaire Hussein Radjabu de la Mairie de Bujumbura continue d’alimenter l’actualité avec le procès marathon auquel il vient de faire face durant ces deux dernières semaines.

Nous voudrions, dans les pages suivantes, faire des commentaires sur la nature de ce procès à caractère purement politique et sur la controverse qui alimente la carrière politique de cet ancien rebelle de 45ans, dont plus de 20 ans passés dans la lutte politique au Burundi.

Les circonstances de son emprisonnement : Il serait juste de dire clairement que ses démêlés avec le pouvoir de Bujumbura ont commencé avec l’organisation et la tenue du Congrès de Ngozi le 07 février 2007. Le Président NKURUNZIZA ainsi qu’un groupe d’officiers supérieurs ex-FDD avaient décidé d’en découdre avec lui comme président du parti CNDD FDD. Ne l’entendant pas de cette oreille, Hussein Radjabu a boycotté le Congrès de NGOZI du 07 février 2007, en ayant lui-même convoqué un congrès le 24 février. Le Congrès de NGOZI eut lieu, en toute illégalité il faut l’avouer, et l’Honorable Hussein Radjabu décida d’attaquer son illégalité en justice. Cependant, dès le lendemain du Congrès de NGOZI, et malgré les éloges proférés à son égard pour son rôle historique dans le processus ayant mené le CNDD FDD au pouvoir par le Président NKURUNZIZA lui-même, tout le monde remarqua le début de sa persécution par le pouvoir : quadrillage policier de sa résidence, emprisonnements et persécutions de ses fidèles, retrait de la garde rapprochée qu’il avait depuis le maquis, surveillance des agents du Service National de Renseignement sur les va-et-vient dans sa résidence et fouille systématique de tous véhicules dans la Ville de Bujumbura. Ces actions créaient une psychose qui remettait en question la prétendue considération demandée par le Président NKURUNZIZA à son égard auprès des membres du CNDD FDD réunis en congrès à NGOZI. Bujumbura ressemblait à un lendemain classique de COUP D’ETAT, sauf que cette fois-ci on ne vit pas de blindés.

Il serait utile de mentionner que cette destitution de l’Honorable Hussein Radjabu intervenait à un moment où il subissait une des campagnes médiatiques négatives de l’histoire du Burundi. Tout le monde semblait lui coller au dos tous les maux du système CNDD FDD. C’est dans ce contexte que la communauté internationale, les partis d’opposition, la presse et la société civile, tous, unanimement, ont fermé les yeux sur le caractère illégal du Congrès de NGOZI. On verra les ambassadeurs de France, de Belgique, des Etats-Unis participer à ce Congrès et cautionner la destitution de l’Honorable Hussein Radjabu. Des lendemains meilleurs semblaient promis au Burundi et au système CNDD FDD. Tous les discours étaient encourageants, des déclarations de satisfaction fusaient de tous les horizons politiques. Stoïquement, l’homme que tous les anciens combattants appellent ROMEO avala sa défaite mais n’abdiquait pas au combat politique. Il commença alors une campagne d’information et de sensibilisation au niveau de la sous-région et rallia à sa cause une bonne partie des parlementaires du CNDD FDD pour une résistance politique.

S’ensuit alors une chasse aux sorcières sans précédent contre une nouvelle ethnie au Burundi : les pro-Radjabu. Dans l’administration, dans l’armée, dans les entreprises paraétatiques, dans la police, dans le Parti lui-même, à l’assemblée nationale et au sénat, la purge fut systématique, renforçant les ralliements et les fidélités à Radjabu. Hutus, mais surtout, les cadres tutsis aux grands postes de l’Etat furent écartés en masse.

L’arrestation et l’emprisonnement de Hussein Radjabu : Les tentatives du pouvoir de réorganiser le Parti où la plupart des cadres avaient été mis en place par Radjabu, furent désastreuses pour cette formation politique au pouvoir. Le CNDD FDD fut scindé en deux, et il perdit sa majorité au Parlement. Une crise institutionnelle sans précédent venait de commencer et dura près de neuf mois. Le CNDD FDD doit depuis lors, recourir aux votes du FRODEBU et de l’UPRONA pour faire voter des lois au Parlement. Ces deux partis devaient alors négocier avec le Président de la République la composition du gouvernement pour l’obliger à respecter la Constitution sur la question. N’ayant pas compris qu’il n’était plus en position de force, ayant perdu une bonne partie de ses parlementaires, le Président NKURUNZIZA tergiversa et la crise dura jusqu’en novembre 2007. Dans ce contexte de résistance au Congrès de NGOZI, et au vu de sa capacité à rallier une bonne partie du CNDD FDD, l’Honorable Hussein Radjabu venait de marquer son premier point contre ses nouveaux adversaires politiques. Il devenait un homme à abattre et la suite fut logique : il fut accusé de complot contre la sûreté de l’Etat, conformément à l’article 413 du Code Pénal Livre II. Nous disons, logique, parce que ce fameux article a toujours été invoqué par tous les régimes burundais lorsqu’il s’agissait d’éliminer un opposant politique. C’est donc logique et classique au Burundi. Vers la fin avril 2007, l’Honorable Hussein Radjabu se vit retirer son immunité parlementaire et fut emprisonné dans une procédure pour le moins douteuse comme souligné par l’Union Interparlementaire. Il était accusé, en outre, d’outrage  au Chef de l’Etat.

Avec lui, d’autres personnes furent accusées :

-         Jean BIGIRIMANA, ancien ministre et un fervent catholique (n’a pas été emprisonné)

-         Beaudoin RIBAKARE, ancien coach de l’équipe nationale de football et ancien chargé de mission à la présidence (n’a pas été emprisonné)

-         Evariste KAGABO, démobilisé et ancien commissaire national chargé de la mobilisation et de la propagande du CNDD FDD

-         Hassan NYABENDA, membre du CNDD FDD

-         Hamissi NYANZIRA, un jeune pécheur de 16 ans

-         Nestor BIRORI, membre du CNDD FDD

-         Jean Marie HARAGAKIZA, membre du CNDD FDD

Dans le contexte de ces arrestations, des violations massives de droits de l’homme furent enregistrées, avec notamment la torture perpétrée par Jean Bosco NGENDANGANYA, directeur de cabinet au Service National de Renseignement à l’endroit d’Evariste KAGABO, comme cela fut reconnu par toutes les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme. Le gouvernement fut obligé de le destituer du SNR, une plainte fut déposée contre lui mais il ne fut jamais poursuivi : IL VIENT D’ETRE NOMME DIPLOMATE A L’AMBASSADE DU BURUNDI A PRETORIA. 

Les conditions INHUMAINES d’emprisonnement de Hussein RADJABU furent l’objet d’une demande d’information  par l’Union Interparlementaire. Il lui a été refusé, pendant des mois, le droit de voir un médecin et ses proches continuèrent d’être poursuivis, avec par exemple, les intimidations perpétrées par le SNR au domicile de Hussein Radjabu, des parlementaires pro-Radjabu furent attaqués à la grenade et à la fusillade, les limogeages continuèrent. Au même moment, l’aile Radjabu continuait de marquer des points avec de plus en plus de ralliements de parlementaires et sénateurs. On observa de plus en plus de démissions de parlementaires de ce parti. Plus grave encore, le régime aborda sa phase la plus mauvaise en termes de corruption, de violations de droits de l’homme, d’instabilité politique et institutionnelle, d’impunité et une montée de l’insécurité dans tout le pays. Une véritable militarisation du régime caractérisa le CNDD FDD, compromettant le fondement même de l’esprit démocratique. On observa aussi des pratiques d’exclusion ethnique au sein du parti au pouvoir et une violation continue des libertés individuelles des citoyens.

C’est dans ce nouveau contexte et sûrement sous la pression des organisations telles que l’Union Interparlementaire, que l’on vient d’assister à un procès marathon de l’Honorable Hussein Radjabu.

Le Procès : On aurait attendu qu’un tel procès aurait dû être mené par des juges aguerris, ayant une grande expérience professionnelle, mais apparemment le pouvoir l’entendait d’une autre oreille. La présidente de la Cour a une expérience professionnelle de seulement deux ans, le représentant du Ministère Public a trois ans d’expérience, tandis qu’un des juges n’est autre que le mari de l’ancienne Ministre de la Justice, actuellement Ministre de la Fonction Publique. On laisse à chacun faire son interprétation du choix de ces personnes. D’un autre coté, l’Honorable Hussein Radjabu fut assisté par trois avocats : un burundais, un rwandais et un congolais.

Nous voudrions nous joindre aux autres qui se sont déjà exprimés sur ce procès pour dire ceci :

-         Tout le réquisitoire du Ministère Public repose sur les aveux de Monsieur KAGABO Evariste, des aveux recueillis sous la torture comme nous l’avons indiqué ci-haut. C’est vraiment indécent d’oser même faire allusion à ces aveux avant même d’avoir jugé les tortionnaires.

-         La quasi-totalité des témoins à charge sont originaires de la province CIBITOKE, et tous prétendent avoir été recrutés par l’Honorable Hussein Radjabu. Notons qu’aucun de ces témoins ne figurait parmi les proches cadres politiques ou militaires de l’Honorable Hussein Radjabu. Ce dernier semble avoir voulu confier une rébellion à de véritables inconnus, lesquels par ailleurs donnent des témoignages pour le moins bizarres : trop de discordances dans leurs témoignages, aucune accusation claire sur la question du complot contre la sûreté de l’Etat. Les implications du Service National de Renseignement avec ces témoins donnent largement à penser à une véritable subordination des témoins par ces mêmes services.

-         La quasi-totalité des preuves a été caractérisée par son irrégularité, son irrecevabilité et son caractère purement farfelu : que vient faire un habit en pagne et deux armes rouillées pour justifier une insurrection militaire ? Comment un rebelle aguerri par plus de 10 ans de rébellion peut faire des recrutements et les consigner dans un REGISTRE ? Enfin, comment un homme comme Hussein Radjabu qui, jusqu’à maintenant, a des fidèles acquis entièrement à sa cause, peut recruter des inconnus, des démobilisés sans profession (tous dirent être des fermiers) sans aucun cadre ou officier à part entière dans son camp ? Difficile de le croire. Enfin, les témoins parlent de près de 40 personnes ayant assisté à cette réunion de déstabilisation avec Hussein Radjabu mais, bizarrement, ils ne se souviennent d’aucun autre des participants à cette réunion, à part les accusés. Certains ont même avoué n’avoir rencontré l’Honorable Hussein Radjabu qu’au cours de cette réunion. Et c’est avec eux qu’il comptait organiser une rébellion ? Enfin, toutes les personnes ayant écouté le journal radiodiffusé sur certaines stations locales, auront entendu l’histoire des fameux « éléments sonores » quasiment inaudibles.

 

Vous avez bien lu : les enregistrements présentés par le Ministère Public, malgré que la Défense ait prouvé leur irrecevabilité par la Cour, et malgré le fait que les juges, dans un effort gigantesque pour aider le Ministère public, aient quand même autorisé leur audition, ces enregistrements se sont avérés inaudibles : on ne pouvait absolument rien entendre  de ces fameux éléments sonores qui devaient constituer la clé de voûte du réquisitoire du ministère public. On ne pouvait rien entendre, encore moins reconnaître les voix dans ces éléments.

 

Disons-le franchement, dans ce procès pour le moins partial, le manque de preuves, la qualité douteuse des témoins, l’irrégularité de la procédure confirment pour ceux qui en doutaient encore du montage politique qui entoure ce procès. C’est purement et simplement un procès politique, à l’image de ceux des régimes précédents, de celui du président NDAYIZEYE et de l’ancien vice-président KADEGE. Ces faits sont confirmés par la plupart des observateurs burundais que sont les médias, les associations de défense des droits de l’homme et l’opinion dans son ensemble qui suivait ce procès public.

 

La Justice burundaise est encore sollicitée par le pouvoir dans ce genre d’exercice qui risque d’entacher la réputation de nos juridictions sur le plan international. A ce jour, l’ancien procureur général NDUWAYO Léonard, s’en est tiré la tête haute : il avait pu dire NON au pouvoir de MICOMBERO en refusant de cautionner l’emprisonnement et la condamnation des accusés dans ce que l’on avait appelé à l’époque « l’affaire NTUNGUMBURANYE ». L’attitude de NDUWAYO lui a valu, jusqu’à sa mort, un respect inégalé dans toutes les composantes de la société burundaise. La facilité avec laquelle le pouvoir NKURUNZIZA abuse des jeunes recrues de notre système judiciaire hypothèque les chances d’une véritable réforme de ce système. C’est aussi un manque de vision politique car une justice équitable et juste est garante de la stabilité sociale d’un Etat et de la démocratie.

 

Mais comme l’indique le rapport 2008 de Human Rights Watch, « les simulacres de démocratie minent les droits humains ». Nous appuyons la position de cette illustre organisation qui condamne les Etats-Unis et les pays européens pour leur complaisance face aux régimes autocratiques.

 

 « Il est aujourd’hui trop facile pour les autocrates de se tirer d’embarras en mettant en scène une parodie de démocratie », a expliqué Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Et cela parce que trop de gouvernements occidentaux insistent sur la tenue d’élections et en restent là. Ils n’exercent pas de pressions sur les gouvernements au sujet des points clés des droits humains qui font fonctionner une démocratie – la liberté de la presse, le droit de se réunir pacifiquement, ainsi qu’une société civile active qui peut réellement défier le pouvoir ».

 

C’est cela le sens que nous donnons au cautionnement du Congrès de NGOZI par certains ambassadeurs des démocraties établies qui ont ouvert la boite de pandore qui allait permettre à NKURUNZIZA de faire de la violation de la loi et des droits politiques et humains, un mode de gouvernement.

 

Nous ne considérons pas le procès contre l’Honorable Hussein Radjabu comme le sien uniquement. Hussein Radjabu est poursuivi pour ses positions politiques avec son refus de cautionner le Congrès de NGOZI. C’est son droit absolu et celui de tous ceux qui l’ont suivi et qui ont été persécutés pour avoir adopté un courant politique de leur choix.

 

Si l’on laisse le pouvoir condamner Hussein Radjabu, demain ce sera à quiconque aura une position politique différente de celle du pouvoir d’être condamné. On l’observe déjà dans les attitudes du pouvoir de Bujumbura. Le procès contre Hussein Radjabu est un procès contre la démocratie et les libertés individuelles, et si l’opinion nationale et internationale  acceptent sa condamnation, ce sera encore une fois ouvrir la boite de pandore et assister à l’instauration d’une véritable dictature au Burundi.

 

Mais pourquoi cet acharnement contre l’Honorable Hussein RADJABU :

 

Celui que tout le monde appelait l’homme fort du CNDD FDD aura marqué la politique burundaise par certains faits que nous aimerions partager avec vous, et qui nous poussent à parler du phénomène RADJABU :

 

1.     Son emprisonnement politique l’a renforcé politiquement au lieu de l’affaiblir comme le voulait le pouvoir de Bujumbura. C’est le premier prisonnier politique que la prison n’arrive pas à casser comme l’ont remarqué les personnes ayant assisté à ce procès marathon. Par rapport à ses anciens partenaires du CNDD FDD, le camp Radjabu, contre toute attente, continue de rallier davantage de soutien parmi les élus du peuple à tous les niveaux. On voit des défections vers le camp RADJABU mais aucune dans le sens contraire. Mêmes ses pires ennemis politiques d’hier qu’étaient Mathias BASABOSE et Alice NZOMUKUNDA plaident pour sa libération pour ce qui est un véritable montage du pouvoir. On les dit même politiquement plus proches de Hussein Radjabu que des autres acteurs politiques burundais.

 

2.     Le limogeage de la plupart des tutsis des grands postes dans l’administration et dans le parti CNDD FDD, confirme pour beaucoup que, finalement, l’idéologie d’ouverture ethnique du CNDD FDD, par rapport à l’aile dure et ethnisante qui dirige aujourd’hui le Parti, était défendue par l’Honorable Hussein RADJABU. Les tentatives de faire porter le chapeau de leurs échecs politiques aux TUTSIS, se confirme de plus en plus de la part du pouvoir en place. A cet effet, l’exclusion des tutsis des postes clés au sein du Parti CNDD FDD est perçue comme un nettoyage ethnique et un écart par rapport à l’idéologie présentée à l’électorat en 2005. RADJABU apparaît aujourd’hui comme le dirigeant politique hutu le plus modéré.

 

3.     L’acharnement des grands généraux ex-FDD qui sont finalement les vrais gestionnaires du parti, s’explique par les positions de Hussein RADJABU par rapport au rôle de l’armée : il a réaffirmé, lors de son procès, son refus d’accepter l’ingérence des militaires dans le jeu politique des partis en indiquant que leur rôle réside dans la conduite des questions de démobilisation, d’intégration pour aboutir à l’émergence d’une vraie armée nationale. Or, nous le savons tous, l’éviction de Hussein RADJABU ouvrait la porte à l’entrée des militaires dans les affaires du parti CNDD FDD. Le CNDD FDD actuel est un pouvoir militaire au vrai sens du mot. Le Président NKURUNZIZA ne l’a-t-il pas confirmé quand il recevait les cadres du CNDD FDD au Source du Nil en 2007, en disant « les forces de défense et de sécurité me soutiennent et personne ne peut me destituer ». Son refus de cautionner les positions de ces généraux soutenus par le Président NKURUNZIZA lui a valu d’être l’adversaire politique numéro un du régime.

 

4.     Enfin, autre fait significatif : avec les ralliements des élus du peuple du CNDD FDD, on observe un nouveau style de comportement de la part des politiciens burundais. Alors que certains appliquaient la fameuse règle : « le roi est mort, vive le roi » en faisant allégeance au Congrès de NGOZI et aux nouveaux leaders du Parti CNDD FDD, d’autres se sont ralliés spontanément au dirigeant déchu. La plupart en a souffert dans leur intégrité physique (assassinats, tortures), dans leur intégrité matérielle (limogeages abusifs) et autres formes d’intimidations. Cependant, ils ont tenu bon et aujourd’hui continuent de marquer des points avec les nouvelles défections. Du jamais vu dans l’arène politique burundaise ! NKURUNZIZA est celui qui avait tout à offrir mais il y en a qui préfèrent encore soutenir Hussein RADJABU.

 

5.     Dans l’opinion publique, cet homme avait au moment de sa destitution et de son emprisonnement, une cote négative. Aujourd’hui, les dérives du régime NKURUNZIZA remettent en question toutes les accusations qui étaient portées contre Hussein Radjabu. L’exclusion de l’Honorable Alice NZOMUKUNDA vient renforcer cette opinion, soutenue encore une fois par les différents témoignages de ces derniers jours sur les assassinats de Muyinga, l’affaire FALCON, les tueries de KINAMA et les révélations de Maregos, pour ne citer que cela. Voilà, un autre facteur nouveau au Burundi que de voir un homme politique tomber bas dans l’opinion et se relever de cette manière.  

 

D’aucuns se demandent les visées exactes du pouvoir sur ce procès dont l’aboutissement sera plus une décision politique qu’une décision relevant du droit. Son caractère marathon suscite aussi des interrogations.

 

Dans tous les cas de figure, voici les scénarios possibles :

 

Scénario 1 : L’Honorable Hussein Radjabu et ses co-accusés sont condamnés à une quelconque peine d’emprisonnement : ce scénario viendrait confirmer l’intention du pouvoir d’éliminer l’Honorable Hussein Radjabu de la scène politique mais aussi son mépris délibéré du système judiciaire burundais. En plus de cela, n’oublions pas que les positions défendues par l’Honorable Hussein Radjabu sont partagées par beaucoup d’élus du peuple qui verraient dans cette condamnation une confrontation directe avec NKURUNZIZA pouvant compliquer davantage le jeu de nos institutions par un regain de sympathie de la part des autres parlementaires et sénateurs du CNDD FDD et même de l‘opposition, qui pourrait mener le camp NKURUNZIZA à se vider davantage de sa substance et de risquer carrément l’ « empeachment » (destitution constitutionnelle). Très dangereux pour NKURUNZIZA qui espère au moins terminer son mandat. NKURUNZIZA peut-il vraiment confirmer le nombre de parlementaires ou sénateurs encore acquis à sa cause car les raisons de « haute trahison » ne maquent pas. Toute condamnation aura une dimension politique car les accusations sont vides de sens comme le procès l’a révélé. Sur ce point, tous les observateurs sont unanimes. Nous pensons donc qu’une condamnation politique ne pourra que renforcer, par ailleurs, la stature politique de l’Honorable Hussein Radjabu. Enfin, nous ne voyons pas encore une fois l’opinion internationale faire la même erreur et cautionner cette condamnation. Sa crédibilité serait en jeu dans le cadre des efforts de stabilisation politique et institutionnelle du Burundi et d’instauration d’un Etat de droit. Des pressions énormes viendraient peser sur le régime pour le contraindre à libérer l’Honorable Hussein Radjabu.

 

Scénario 2 : L’Honorable Hussein Radjabu et ses co-accusés sont acquittés à l’issue de ce procès. Dans ces conditions, le pouvoir NKURUNZIZA ne pourra qu’en récolter les fruits en faisant respecter la loi et les libertés individuelles, chose dont ils ont besoin après les révélations sur Muyinga, les accusations de Maregos, etc. D’un autre côté, la libération de Radjabu sera interprétée comme une victoire contre la persécution politique et permettra au camp Radjabu de capitaliser aussi dessus politiquement. Elle peut aussi susciter aux durs du régime l’intention d’éliminer définitivement cet adversaire politique par un assassinat en bonne et due forme comme certains le disent dans certains cercles de Bujumbura.

 

Pour nous, nous nous joignons aux autres pour dire que tout burundais est libre d’avoir et de militer pour ses propres convictions politiques sans risque de persécution. Nous sommes aussi d’avis qu’il faut appliquer la LOI dans son entièreté sans distinction pour tous les burundais sinon aujourd’hui c’est Radjabu, demain ce sera Jean, François ou vous-même qui lisez ce document.