QUI PILLE LE CAFE BURUNDAIS?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 14/04/2008

La libéralisation du commerce du café burundais n'est pas pour demain. Ceux qui ont fait du Burundi leur parcelle d'enrichissement illicite ne manquent pas d'idées quand il s'agit d'appauvrir le Burundi. Manque de chance pour le Burundi, celui qui devait le sauver est le grand pilleur de la nation et j'ai nommé le Président de la République.

Le Président Nkurunziza a confié le commerce du café burundais à un commissionnaire via la confédération nationale des caféiculteurs dirigée par un proche du Président. Le monopole est détenu par un courtier qui perçoit selon la 2 è vice Présidence 2 % des ventes du café. Officiellement. Officieusement, c'est une autre histoire.

Le Président et son commissionnaire saignent à mort les citoyens

Le café burundais est vendu aux USA à la société Starbucks. Pour permettre au Président d'empocher beaucoup de commissions, le courtier sert d'intermédiaire entre l'acheteur et la confédération burundaise des caféiculteurs. Un kilo de café est vendu 10 $ à Starbucks  et le paysan burundais reçoit 0. 6 $ alors  que la société Starbucks finance les charges d'exploitation du café notamment le lavage. A supposer que la transformation coûterait 2 $ par kilo, la marge est énorme par rapport à ce qui reste au paysan. Ceux qui en profitent le plus sont le Président de la République et  le commissionnaire qui empochent des commissions des deux côtés du vendeur et de l'acheteur. Pourquoi avoir un intermédiaire alors que l'acheteur est connu et est disposé à acheter directement le café? La réponse se trouve à la Présidence.

Ce courtier traite directement avec le Président et son conseiller principal Mpozagara qui arrange juridiquement les pillages du Président de la République.

Le 2 è vice-Président torpille les intérêts  du Président au moment où la ministre des finances est malmenée à Washington

La ministre des finances est en ce moment à Washington où elle subit un examen de passage qui la dépasse. Elle ressemble à un étudiant de littérature qui se retrouverait devant un examen de mathématique. La question du café burundais l'a mise à terre. Elle ignorait que le Président Nkurunziza avait contourné l'obligation de libéraliser le café en passant par un courtier pour magouiller. Le dos au mur, la ministre a été obligée de téléphoner à Bujumbura et plus précisément à Ntisezerana, 2 è vice-Président. Ce dernier ignorait aussi les détails des magouilles présidentielles. Alerté, le Président de la République a accepté de suspendre temporairement le contrat du commissionnaire courtier mis en cause. La Banque Mondiale n' a pas accepté et le dossier du café bloque les fonds de la Banque Mondiale promis au Burundi. La ministre attend à Washington.

Ntisezerana, soucieux de marquer des points sur un terrain qui l'échappe a organisé une rencontre avec les producteurs de café pour leur demander de résilier le contrat du courtier, commissionnaire du Président de la République. Selon la 2 è vice-Présidence, le président de la confédération nationale des caféiculteurs a défendu bec et ongles le courtier. Ntisezerana avoue que les producteurs burundais ne sont pas bien payés et que le marché doit être soumis à une concurrence. En d'autres termes, il a mis les pieds dans les plats du Président de la République. Quelle arrogance de  Ntisezerana qui ose même demander au Président de rembourser le Falcon avant de demander aux autres de rembourser!

Le café burundais est très apprécié dans le monde. Selon les spécialistes, le paysan burundais pourrait avoir un prix raisonnable de 3 $ par kilo s'il y avait un régime qui défend les intérêts du peuple.

On pille le café, on pille les minerais, on pille les caisses de l'Etat, on pille tout. Demain, le Burundi sera vendu au plus offrant si le peuple burundais ne prend pas garde.