LES PERDANTS AUX ELECTIONS PARTENT AVEC LA CAISSE
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 16 juillet 2005
Le Frodebu et l’Uprona ont perdu les élections législatives. Les anciens députés qui n’ont pas été reconduits sont en majorité du Frodebu et de l’Uprona. Les caisses de l’Etat sont vides et ils sont les premiers à le savoir. Pour se racheter de leur défaite, le Frodebu et l’Uprona veulent contenter les anciens députés avec une bonne enveloppe.
Le Président sortant Ndayizeye, Minani, ancien président du Parlement et Bararunyeretse, ancien président du Sénat ont fait une réunion au cours de laquelle ils ont décidé que les indemnités seront de 5 millions de francs Bu aux députés et sénateurs, 7 millions aux membres du bureau et 12 millions aux présidents du Parlement et du Sénat. Le président du Sénat et celui du parlement devraient avoir chacun 3 véhicules de l’Etat pour circuler dans le pays. Le montant total est de 2 milliards de francs Bu.
A titre de comparaison, le ministère de la planification, du développement et de la reconstruction a un budget de 373 millions, celui de la réforme institutionnelle 101 millions, celui de la mobilisation, de la paix et de la reconstruction 164 millions.
Une loi a été votée mais ne précise pas les montants. Un décret- loi devait le préciser après consultation du vice-Président et du ministre d’Etat chargé de la bonne gouvernance. Or, ce dernier n’a pas été consulté. Aujourd’hui, le Président de la République assure les affaires courantes. Les nominations, les décrets-lois signés depuis la défaite de son parti peuvent être frappés de nullité. Il doit assurer les affaires courantes car le Burundi se trouve dans une période sans Parlement, faute de la première session parlementaire des nouveaux députés.
D’habitude, comme les ministres, le partant a 3 mois de salaire. Le Président sortant a décidé alors non pas de piller les caisses de l’Etat car elles sont vides mais de récompenser ses anciens députés en empruntant à la BRB. L’Etat veut s’endetter pour payer les députés qui étaient payés
600 000 francs Bu par mois avec un service minimum. Le peuple aura alors une dette pour récompenser ceux qui n’ont rien fait pour lui. Quand il a eu faim, les députés n’ont rien fait pour se solidariser. Je peux me tromper mais je crois savoir que les députés n’ont pas constitué de leur initiative un fond d’aide à la population affamée. Ils n’ont rien fait pour arrêter les emprisonnements des malades pauvres.
L’ardoise de 2 milliards est une dette individuelle de tout burundais en âge de produire la richesse d’un montant de 572 francs Bu. En d’autres termes, tout burundais doit payer sous forme d’impôts ou de manque à gagner ou de manque de prestation d’un montant de 572 francs.
Le Burundi est observé à la loupe aujourd’hui par les bailleurs de fonds. Si le Burundi distribue les 2 milliards de francs Bu aux députés en augmentant le déficit de l’Etat, certains bailleurs pourront s’opposer à ce que la dette publique internationale soit effacée, d’après certaines informations recueillies en Europe. Le Burundi aurait moins de chance que le Rwanda reconnu pour sa bonne gouvernance en matière de lutte contre la corruption et de gestion des deniers publics.
La décision de bloquer la distribution des fonds prise par le futur Président et actuel ministre de la bonne gouvernance et de l’inspection de l’Etat est soutenue par le peuple. Si cette décision fait partie de l’idéologie du parti CNDD-FDD, espérons aussi que les députés actuels, majoritairement CNDD-FDD, n’auront pas des indemnités exorbitantes à la fin de leur mandat.
Le peuple a besoin de sa part du gâteau. La justice sociale passe par une bonne redistribution des fruits de la production nationale et des aides.