OU EST PASSE LE PIRATE DE L'AVION BURUNDAISE?  

Burundi news, le 19/01/2011

Par Gratien Rukindikiza

Le lecteur me pardonnera du terme pirate. Celui qui triche et qui commande un avion qu'il ne devait pas commander est un pirate. Nkurunziza a triché lors des élections burundaises. La communauté internationale est au courant mais ne voit pas la porte de sortie. Au parlement européen et au parlement français, la tricherie est un secret de Polichinelle et certains députés en parlent ouvertement. Personnellement, j'ai été témoin.

Nkurunziza a triché pendant les élections et refuse d'assumer au moins son rôle de pirate ou de faux pilote. Le Burundi navigue en automatique. La cabine de pilotage est vide. Celui qui se prétend aux commandes est assis parmi les passagers. Pire, il n'a pas la même conception des problèmes de l'avion que les passagers.

Qui détient le pouvoir?

Au Burundi, les nouvelles n'étonnent plus les Burundais. Quant aux diplomates et observateurs du Burundi, la question qui se pose est de savoir où se trouve réellement le pouvoir. Un homme d'affaires croyait avoir réglé ses marchés en négociant directement avec le Président Nkurunziza. Quelques jours après, la rencontre n'a rien servi. Les affaires ont été bloquées par d'autres centres de pouvoir parfois mafieux. Un autre homme d'affaires avait pensé trouver le vrai centre. Il avait donné de l'argent au parti CNDD-FDD. Manque de chance, le centre du pouvoir n'est plus dans le parti à deux têtes.

Aujourd'hui, le Président n'a pas le dernier mot. Son respect dans son camp est un mot inexistant. Celui qui détourne affirme qu'il fait comme le Président. Quelque soit le centre du pouvoir, Nkurunziza s'est mis au centre de l'argent. Toute corruption importante doit transiter par lui. A défaut, c'est la tolérance 0 qui s'applique.

Affaire Interpetrole, on perd son latin

Une commission paritaire Interpetrole et gouvernement avait conclu à un arrangement entre ce que doit Interpetrole et le gouvernement à Intrepetrole. Le chèque de caution de 5 milliards de francs bu devait être rendu à Interpetrole. Chaque fois que la remise de ce chèque était évoqué, le dossier Interpetrole revenait à la surface et souvent avec la complicité étrange d'un membre de la société civile.

Le gouverneur de la BRB a refusé de remettre le chèque malgré les injonctions du procureur général de la République. Par ailleurs, le gouverneur de la BRB n'est pas n'importe qui. La femme du Président est la soeur de la femme du gouverneur de la BRB. Le refus d'exécuter les injonctions du procureur général est basé sur cette relation avec le Président. Ce dernier, est-il complice ou pas? On ne peut rien écarter car jamais un Président n'avait été aussi corrompu que Nkurunziza.

L'affaire Interpetrole vient de faire un rebondissement digne d'un polar. Le ministre de la Bonne gouvernance a écrit à la  ministre de la justice pour qu'elle saisisse la cour suprême afin de juger en citation directe l'affaire Interpetrole. La ministre de la justice a contourné le procureur général qui devait porter l'affaire en nommant un avocat du gouvernement chargé de faire le travail du procureur général. En effet, pour le procureur général Elysée Ndaye, l'affaire est close. L'avocat du gouvernement avait pu décrocher une convocation de tous les intervenants dans ce dossier Interpetrole le 05 mars 2011.

Le président de la cour suprême a voulu savoir si le Président Nkurunziza était au courant de cette affaire, la ministre de la justice lui avait répondu qu'il avait été informé. C'est ainsi que le président de la cour a voulu avoir des instructions supplémentaires chez le Président Nkurunziza. Furieux, Nkurunziza a convoqué la ministre de la justice pour la remettre à sa place. L'avocat du gouvernement a écrit une lettre au président de la cour suprême, sur demande de la ministre qui venait d'être savonnée, pour retirer la plainte. L'avocat du gouvernement a  écrit dans cette lettre qu'il est incompétent pour ce dossier, que le dossier avait déjà été clôturé, bref qu'il n'avait rien à faire dans ce dossier.

Pendant les tractations de l'annulation de ces convocations, l'Olucome se félicitait de la reprise de ce dossier par la justice. Le dossier Interpetrole est encore une fois à la une même close.

Affaire des armes achetées en Ukraine de l'armée

En l'absence du pilote, l'inspecteur général a tenu une conférence de presse où il affirme que le dossier est au complet et que la justice doit sévir contre les personnes citées dans ce dossier. Quelques jours après, c'est au tour du ministre de la Bonne gouvernance qui nomme une autre commission pour reprendre les enquêtes sur ce dossier. Or, l'inspecteur général dépend de ce ministre. Il y a lieu de se poser la question de qui dépend de qui.

 

Le Président Nkurunziza est chez lui à Ngozi depuis les fêtes du nouvel an. Sa présence à Bujumbura est rare. Il reçoit à Ngozi peu de gens. Les affaires de Bujumbura ne le concernent pas. Pourtant, voilà le dossier Ernest Manirumva qui ressurgit à travers les médias. Les généraux tortionnaires qui ont exécuté Manirumva sont dans l'oeil du FBI. Nkurunziza refuse les investigations complémentaires du FBI. Cette affaire risque de gâcher ses vacances illimitées.

Si le CNDD-FDD triche les élections, pourquoi au moins ne pas mettre à la tête du pays un Burundais qui dirige le pays?