LE PIRE DES SCENARIOS POUR LE PRESIDENT NKURUNZIZA

 Burundi news, le 26/02/2015

Par Gratien Rukindikiza

Le Burundi s'apprête à vivre une période électorale très mouvementée. Le problème principal s'appelle Nkurunziza Pierre. Aucune personne ne peut diriger le Burundi plus de 10 ans. Celui qui est le plus en danger est celui qui se croit soutenu à tort.

Le Président Nkurunziza est décidé à se porter candidat aux élections présidentielles pour un troisième mandat en violation de la constitution et des accords d'Arusha. Au début de l'année 2014, le troisième mandat ne posait pas des problèmes dans son camp. Il était soutenu par les cadres du CNDD-FDD. Aujourd'hui, qu'en est-il? Qu'est-ce qui a changé? Quel est le grand danger pour le  Président Nkurunziza?

Scénario tragique et probable

Seul un seul scénario sera traité. Il est très probable.

Aujourd'hui, les cadres du CNDD-FDD ont tourné le dos au Président. Le troisième mandat est plus combattu au CNDD-FDD qu'à la silencieuse ADC- Ikibiri qui a cédé l'opposition à la société civile. Presque tous les cadres du CNDD-FDD contactés nous ont dit qu'ils sont opposés au troisième mandat et qu'ils encouragent la société civile à manifester, faute d'y aller eux-mêmes. Nkurunziza est alors lâché par les siens. Etrange! Le Président Nkurunziza a négligé l'impact de la presse sur les cadres de son parti. Les cadres du CNDD-FDD ont fini par comprendre que le trio Nkurunziza-Adolphe -Bunyoni est un trio infernal qui ne peut que plonger le Burundi dans la violence.

Nkurunziza est lâché aussi par une grande partie des généraux ex-FDD, sans parler des officiers ex-FAB. L'usure du pouvoir, l'enrichissement illicite du trio infernal et l'arrogance du même trio n'ont fait qu'éloigner les militaires ex-FDD du pouvoir ainsi que les militants du CNDD-FDD.

Le Président Nkurunziza compte aujourd'hui sur la violence pour s'imposer. Voilà comment il va précipiter le scénario tragique pour lui. Pour user de la violence contre son peuple, il compte sur sa milice imbonerakure, la police et l'armée. Or, nous venons de voir l'armée et la police lui tournent le dos. La milice imbonerakure est sous influence des cadres du CNDD-FDD, eux-mêmes opposés au troisième mandat. En plus, les imbonerakure ne peuvent pas agir sans la protection de la police. Le commandement national des imbonerakure incombe au général Adolphe Nshimirimana. Que peut-il faire contre l'avis des autres généraux?

Ce scénario commence à s'affirmer. Les généraux Adolphe Nshimirimana et Bunyoni étudient dans ces jours toutes les options. Ils pensent déjà à fuir le pays et auraient déjà trouvé une sortie en cas de trouble en laissant sur place Nkurunziza. Nkurunziza serait laissé alors à la merci des manifestants burundais. Après la fuite de Bunyoni et Adolphe, les autres soutiens de Nkurunziza comme Ndakugarika, le général Prime Niyongabo et Steve de la Documentation se sentiraient menacés et pourraient, soit fuir, soit faire allégeances aux manifestants.

Ce scénario est très dangereux pour Nkurunziza car il pourrait subir le sort de l'ancien Président Kadhafi ou Mobutu à qui le général Mayele a eu le courage de lui dire qu'il n'a plus d'armée pour le défendre. Tragique mais il faut le dire, Nkurunziza pourrait être lynché par le peuple burundais pour tout le mal qu'il lui fait subir. Même s'il était arrêté, il serait accusé de haute trahison et sa famille ne pourrait pas bénéficier des avantages des familles des anciens Présidents. Quel sort pour un homme qui a dirigé pendant dix ans le Burundi.

Ce scénario est plus que probable. Son intransigeance fait qu'il crée l'unanimité contre lui que ce soit en interne ou au sein de la communauté internationale. Ce scénario est aussi un clin d'œil au Président Nkurunziza pour qu'il comprenne que c'est de la pure folie son obstination. Agasozi kari amarere kahiye abagabo babona ( Une colline insolente a brûlé sans que les hommes ne puissent éteindre le feu).

Le peuple burundais est dans la phase pré-scénario. Après la sortie de Bob Rugurika de prison, le peuple burundais a vaincu la peur. Les policiers ne peuvent plus commettre des bavures sans que la population ne réagisse. La peur serait du côté de la police. La police ne peut pas tirer sur une foule, à moins d'être commandée par un fou. Celui qui donnera l'ordre se retrouvera dans un tribunal ou lynché par la population. La bonne manière de faire est de refuser de tirer sur les manifestants qui sont leurs frères, sœurs, parents, amis etc... Faut-il tuer pour défendre un dictateur qui viole la loi? Non.

Il est grand temps que les patriotes burundais s'organisent, au- delà des partis pour éviter une main mise sur le Burundi par le trio infernal. Demain, ça sera tard car Nkurunziza ne veut pas seulement un troisième mandat mais une présidence à vie pour rendre esclave le peuple burundais. Ne faut-il pas se lever et se battre qu'être esclave toute la vie? La liberté ne s'obtient pas sur un plateau d'argent mais elle s'arrache. Nos héros le savaient et n'ont pas hésité pour se battre au profit de la génération future.

Un scénario qui interpelle le bon ou mauvais entendeur.