LES PISTES QUI EVOQUENT L'ELIMINATION D'ERNEST MANIRUMVA

Source Iwacu i Burundi

Burundi news, le 14/06/2009

Des sources proches de la société civile évoquent l’élimination d’un officier de police qui serait lié à l’assassinat de Manirumva. Les circonstances de sa mort intriguent. Dans la foulée de l’élimination de Manirumva, un certain « Sésé », informateur au Service National des Renseignements a été exfiltré vers un pays occidental. Deux pistes intéressantes pour l’enquête.

Selon des sources proches de la société civile, la première personne soupçonnée d’être  liée à l’assassinat d’Ernest Manirumva, serait le Capitaine Pacifique Ndikuriyo. Celui-ci faisait partie de la garde présidentielle depuis 2005. Il a été assassiné par des hommes en armes le 30 avril chez lui à la 11ème avenue au quartier Mutakura dans la commune urbaine de Cibitoke. C’était vers minuit moins le quart. D’après ces sources, il aurait été tué pour effacer toute trace de remonter au  meurtre d’Ernest Manirumva.

 
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Feu Pacifique Ndikuriyo
Des proches de feu capitaine Pacifique Ndikuriyo sont d’un avis concordant: « Pacifique représentait un danger pour certains hauts cadres de ce pays. Il a été abattu parce qu’il en savait trop sur l’assassinat d’Ernest Manirumva. » Selon un de ses proches, l’opération de liquider Manirumva avait été confiée au départ au capitaine Ndikuriyo et ses hommes. « On lui avait demandé d’aller avec son unité pour accomplir cette sale besogne. Mais il a refusé. Ce refus lui a coûté sa vie. » L’un des amis de feu Pacifique Ndikuriyo revient sur l’élimination de l’officier ce 30 avril:  « Ce jour- là il m’a dit qu’il  allait à la police pour demander une feuille de route parce qu’il devait se rendre à Ngozi le lendemain pour y suivre une formation des OPJ. Je lui ai téléphoné à 11 heures et m’a dit qu’il avait eu sa feuille de route et m’a demandé de le rejoindre en ville. Nous avons partagé un repas et un verre avec des amis. Il est ensuite rentré chez lui. »


Arrivé à la maison vers 15 heures, Pacifique Ndikuriyo "est passé à table mais a mangé trop peu. Il a plutôt préféré se reposer", a indiqué un témoin immédiat. Il a ensuite fait une sieste jusqu’à 18 heures. Il s’est réveillé et il est allé prendre une douche: « Mais il m’a confié qu’il ne se sentait pas bien et il m’a dit qu’il allait rendre visite à son ami à la 13ème avenue », témoigne encore ce proche. Le capitaine Pacifique Ndikuriyo est retourné chez lui à 23 heures et 20 minutes. Un de ses agents de transmission (AT) communément appelé « Mwarabu » n’était plus à son poste. Pendant ce temps, d’après une source proche de la famille, sa femme a essayé de faire dormir leur bébé de quelques mois: « Il est allé dans la chambre et a dit qu’il sortait prendre de l’air avec ses gardes », a confié une autre source proche de la famille. Pacifique Ndikuriyo se doutait-il de quelque chose ? Pour cette source, cela a semblé surprenant : « Ce jour là, il a pris son kalachnikov, alors que souvent il restait dehors avec seulement son pistolet. » Arrivé dehors, il aurait demandé au garde resté sur place où était son collègue. .   . .Celui-ci lui aurait répondu qu’il est allé en patrouille.

A 23 heures 45 minutes, des coups de feu retentissent. Pacifique Ndikuriyo vient d’être assassiné. Une demi-heure plus tard, la police arrive sur les lieux et évacue le corps du Capitaine Pacifique Ndikuriyo. Mais l’arme de ce capitaine disparaît. Elle sera retrouvée le lendemain à 6 heures du matin à la 13ème avenue. Selon des informations recueillies sur place, le soir du 30 avril, une camionnette avec une plaque de la police a fait des mouvements de va et vient entre la 8ème et la 12ème avenue vers 21 heures. Cette camionnette y déposait des policiers. Une autre source nous a révélé  que  « Mwarabu », le policier affecté à la garde de Pacifique Ndikuriyo a été vu avec un groupe de six policiers qui seraient responsables de l’attaque chez le Capitaine.Beaucoup de questions restent cependant sans réponse. 


Pourquoi Mwarabu  a déserté son poste ? Pourquoi le garde resté sur place n’a jamais essayé de protéger son patron ripostant aux tirs des tueurs alors que son chef a eu le courage de répliquer. Il aurait confié à certains que vu l’effectif des assaillants, il a pris peur et s’est caché. Les deux gardes sont actuellement incarcérés au BSR et des enquêtes ont débuté mais aux yeux des proches du Capitaine Pacifique, ces enquêtes n’avancent pas du tout.

La piste « Sésé »

L’autre personne pointée du doigt par des organisations de la société civile dans l’assassinat du vice-président de l’OLUCOME est un certain Gabriel Nduwayo, alias « Sésé ». Selon plusieurs sources proches de la Documentation, « Sésé » était très lié aux services des renseignements. « Il n’avait pas de fonction précise à la Documentation mais il y venait souvent, nous croyons qu’il effectuait des missions ponctuelles secrètes. » D’après ces sources, Gabriel Nduwayo  avec un ordre de mission de l’OCIBU aurait déjà quitté le Burundi le 14 avril avec la délégation de l’OCIBU pour participer à  une foire à Atlanta aux Etats-Unis d’Amérique. Il aurait bifurqué depuis lors au Canada.  Interrogé par Iwacu, le directeur général de l’OCIBU a nié cette information.

Selon lui, l’OCIBU a été représentée par Longin Muyuku, directeur administratif et financier, Pascal Girukwishaka, directeur économique et Alexis Bizimana, chef de laboratoire SODECO- Songa. En tant que société mixte, cet ordre de mission a été signé par le président du Conseil administratif et Gabriel Nduwayo ne figurait pas sur cette liste. Mais une info est certaine. Gabriel Nduwayo, alias « Sésé » est sorti du Burundi pour un pays occidental. Sous quel nom a-t-il eu son visa ? Avec quel ordre de mission ? Avec la collaboration des ambassades occidentales au Burundi, il y a moyen de  faire le tracing de l’itinéraire de « Sésé » vers l’Occident. Son cas rappelle un peu celui du Colonel Vital, impliqué dans les massacres de Muyinga qui s’est volatilisé.