QUI VEUT LA PLACE DU PRESIDENT BURUNDAIS ?

 Burundi news, le 15 avril 2007

Par Gratien Rukindikiza

Si le pouvoir symbolise la puissance, le droit  de nommer à ces postes clé, l’autorité sur un pays, il est aussi une prison. Il isole le Président du peuple, de ses amis et le laisse dans les mains de ses courtisans, de sa solitude, de son incompréhension des problèmes et dans son sentiment d’inutilité. Le pouvoir est un enfer que les citoyens devaient se méfier. Pourtant, il attire et pousse à la trahison, aux meurtres.

Au Burundi, le pouvoir actuel symbolise une impuissance à régler les problèmes et surtout à les comprendre. La famine ravage le pays, le pouvoir observe. L’économie dégringole, les caisses sont vides et pourtant, les salaires dans certains ministères doublent, triplent même au moment où les taxes baissent. Le pays navigue à vue. Aucune vision à moyen terme. En général, c’est la banque centrale qui était encore le garant de la stabilité monétaire, de la politique influençant la stabilité des prix. Cette banque était souvent confiée à des techniciens, connaisseurs des dossiers. Elle a été confiée à un diplômé en sciences politiques dont son passé au Canada n’est pas du tout à louer. C’est le moins que l’on puisse dire de Monsieur Isaac Bizimana.

Le Président Nkurunziza, sera-t-il victime de la chute de Radjabu ?

Le limogeage de Radjabu a révélé beaucoup de failles au sein du pouvoir et au sein du parti CNDD-FDD. Les cadres de ce parti ont du mal à s’entendre sur la ligne politique. Les nouvelles alliances paralysent le Parlement. Le Président de la République est plus isolé que jamais. Il n’a jamais eu un laboratoire pour tracer sa ligne. Il compte sur ses différentes influences qui finissent par devenir des interférences.

C’est dans ce climat que certains cadres de son parti songent sérieusement à prendre sa place. Des groupes s’organisent ici et là. Certains ont parlé de groupe de Gitega. Derrière cette rumeur se cache un véritable coup de maître. Un groupe serait entrain de déstabiliser  le Président en commençant par l’isoler de ses soutiens. Il est vrai que la lettre du président du Sénat a trahi ses ambitions, ses démentis n’ont fait que l’enfoncer. Cette lettre est venue conforter ceux qui accusent un groupe de Gitega de vouloir prendre la place du Président de la République. Le président du Sénat a commis une bourde avec cette lettre.

Un autre groupe de Ngozi ou du Nord rêverait  de prendre la place du Président mais après avoir évincé le groupe de Gitega. Des pressions s’exercent sur le Président afin d’écarter ce groupe de Gitega dont la réalité est plus dans les têtes de ceux qui veulent détruire des individus. Ce fameux groupe comprendrait Gervais Rufyikiri, président du Sénat, Onésime Nduwimana, 1 er Vice-président du Parlement, le Général Adolphe Nshimirimana, chef de la Documentation (SNR) et le Général Evariste Ndayishimiye, ministre de l’intérieur. Ce sont des hommes bien placés et qui ont joué un rôle clé dans les derniers changements. Si le hasard fait qu’ils viennent tous de Gitega, la réalité de création d’un groupe en est une autre. Ceux qui veulent la mise à l’écart de ces quatre personnalités ont des ambitions inavouées. En les écartant, le Président de la République serait à la portée de ce groupe du Nord qui se forme  pour prendre sa place ou pour préparer tranquillement les élections à venir. Selon certaines sources, ce groupe comprendrait aussi des membres éminents du Frodebu.

Radjabu, sera-t-il à la base de la chute du Président Nkurunziza ?

Ce qui est sûr, Radjabu est la grande équation du Président Nkurunziza. Il est difficile de savoir qui entre les deux frères ennemis qui fait plus mal à l’autre. Certains pensent que Radjabu détiendrait  une bombe sous forme de dossiers explosifs contre le Président. Ces dossiers seraient un tapis rouge pour ceux qui veulent sa place et permettraient de l’invalider pour trahison. Le travail se ferait en congrès réuni du Sénat et du Parlement. Les voix des partisans de Radjabu ne pourraient pas manquer pour faire du mal au Président de la République. Le Frodebu et l’Uprona attendent  toujours les promesses reçues lors du limogeage de l’ancienne présidente du Parlement. Ces voix se chargeront aussi de la vengeance. Nyangoma attend impatiemment  la décision lui autorisant de reprendre sa place au Parlement. Les mécontents ne manquent pas. De toutes les façons, pour destituer, les partisans ne manqueront pas.

Aux urnes citoyens, les élections anticipées approchent !

Les prochaines échéances électorales sont attendues dans 3 années, si tout va bien. Or, la situation actuelle complique les calculs. Le pouvoir ne détient plus la majorité depuis le limogeage de Radjabu. Ce dernier dispose de 20 députés acquis à lui sans parler des infiltrés dans le groupe CNDD-FDD. Ils ont choisi de rester pour bien rapporter à Radjabu ce qui se trame. Ils se trahissent souvent à l’étranger quand ils expliquent la situation politique actuelle.

Le pouvoir a besoin des voix du Frodebu et de l’Uprona pour faire passer des lois, des nominations et le budget. Comme ces deux partis s’estiment trahis, ils peuvent jouer l’opposition au Parlement. La situation deviendrait catastrophique. Le Président ne pouvant pas dissoudre le Parlement, il serait alors contraint de démissionner et de provoquer les élections anticipées pour la période restante de cette transition qui ne dit pas son nom.

En dehors de ces problèmes des alliances, les enjeux politiques, les ambitions des uns et des autres depuis la démocratisation du parti au pouvoir, la lutte fratricide aboutiront à des divisions insurmontables que seules les élections seraient le remède. Le peuple burundais sanctionnerait alors les politiciens en les poussant à faire des alliances solides,  faute de majorité parlementaire d’un seul parti politique.