Burundi news, le 08/04/2008

 

 

Plaidoyer pour un gouvernement

d’Union africaine immédiat  

                  

  1. Le contexte

 

Aujourd’hui, l’Afrique et en particulier les pays de l’Afrique subsaharienne se trouvent dans un grand tournant. Ou bien nous acceptons d’opérer un changement de cap, en douceur et dans la paix, ou bien le processus suivra l’autre itinéraire faisant suite aux frustrations, aux injustices, aux privations élémentaires d’accès à un niveau de vie digne, et ça sera l’explosion. L’UNION peut nous éviter de se retrouver devant des situations extrêmes, comme par exemple le cas tout récent du Kenya, sur lequel on reviendra dans ce papier !  Les dirigeants africains ne doivent pas avoir peur de se lancer dans cette Union. Or, cette peur n’est pas justifiée, car, le gouvernement de l’Union n’aura des prérogatives que celles que les dirigeants réunis auront consenties à leur attribuer, et que par conséquent, ce dernier n’empiétera pas sur les prérogatives des chefs d’Etats et de gouvernements. Dans un premier temps, l’Union peut par exemple jouer un rôle clé de « veiller à la paix et à la sécurité des pays membres ». Le message du guide Libyen Mouammar Kadhafi qui presse les dirigeants africains à rendre effective l’Union des Etats-Unis d’Afrique n’est pas en effet à prendre à la légère. On voit très bien le danger qui guète certains régimes politiques enfermés sur eux-mêmes et qui suscitent peu d’espoirs et d’avenir meilleur pour leurs peuples, du moins à court et moyen terme.  Car le danger qui guette un certain nombre de pays africains, c’est l’implosion foudroyante suite aux revendications populaires relatives notamment au respect de leur vote pour le changement, à l’accès aux retombées des richesses importantes dont recèle l’Afrique, et qui pour le moment ne vont pour l’essentiel que dans les poches de certains au pouvoir. Cette mission « de maintien de la paix et de la sécurité » aurait du sens et de l’utilité dans le contexte actuel qui est caractérisé par  une forte demande populaire d’un changement profond et radical des modes de gouvernance. Cette mission bien circonscrite n’enlèvera rien des missions régaliennes des chefs d’Etats et de gouvernements. Nous pouvons dans un premier temps nous engager sur ce minimum utile et stratégique, et faire évoluer avec le temps, ces prérogatives du gouvernement de l’Union.

 

  1. Accroître le cercle de dirigeants favorables à l’Union immédiate

 

A l’heure d’aujourd’hui, la question des Etats-Unis d’Afrique divise les dirigeants Africains. On a deux écoles. La première qui prône l’Union immédiate et la création d’un gouvernement d’Union avec des ministres africains. Cette école est défendue par le guide libyen Mouammar Kadhafi et le président du Sénégal Abdoulaye Wade. L’autre école prône une démarche graduelle, à savoir s’atteler d’abord à réussir l’intégration régionale, et passer à l’Union ensuite.

 

D’un point de vue personnelle, la première école  à savoir « l’Union immédiate » est porteuse de plus d’espoir pour les peuples africains. Les dirigeants africains doivent comprendre qu’agir en ordre dispersé nous affaiblit, au profit des puissances extérieures qui nous manipulent et qui exploitent nos richesses en corrompant au passage certains régimes, tout ceci au détriment des intérêts des pays et des peuples.

 

L’intégration régionale n’est certainement pas antagoniste avec l’Union des Etats-Unis d’Afrique. Les deux pourront coexister et apporteront plutôt des synergies bénéfiques que des antagonismes.

 

Les dirigeants africains ne doivent pas avoir peur de se lancer, car il faut toujours un début à toute chose. En effet, les processus de liberté et de développement d’un peuple sont longs et toujours inachevés. Ce sont donc des batailles de tous les instants, générations après générations. On s’appuie sur l’acquis et l’apport des autres cultures et on avance pour aller plus loin. Tous les peuples sont donc relativement disposés à relever les grands défis. A partir du moment où un individu, un peuple ou un pays est libre et conscient de l’être, il sent en lui cette puissance qui le rend apte à soulever des montagnes et à relever le défi de la prise en main de son propre destin. Il acquiert ensuite une confiance en soi et une assurance qui lui permettent d’affronter l’avenir avec sérénité et détermination, et les résultats sont certains au bout du voyage. On transmet ensuite cet acquis à ses enfants qui prennent le relais, pour perpétuer ce qui fait la dignité et la fierté d’un peuple, d’un pays. Les peuples africains sont prêts, les dirigeants n’ont donc qu’à déclencher cette Union qui nous permettra d’avoir du poids et de la considération dans le concert des nations.

 

  1. L’UNION, garde-fou contre les dérives

 

Les peuples africains coalisés de plus en plus au sein des associations diverses, demandent de plus en plus des comptes à leurs dirigeants, pour plus de justice sociale, pour l’accès à un niveau de vie plus digne. Les attentes et les frustrations sont nombreuses et ont beaucoup duré. Dans bon nombre de pays africains, la paix et la stabilité sont relativement précaires. La plupart des dirigeants africains ont refusé d’opérer le changement radical de cap dans la gouvernance, alors que les pays disposent aujourd’hui de suffisamment de gens formés et d’une population laborieuse. Logiquement, le développement devrait aller vite, mais, ce n’est pas le cas. Les demandes sociales deviennent de plus en plus pressantes, mais, les politiques feignent de les ignorer ou ne font pas assez pour prendre à bras-le-corps les problèmes importants. Les réponses aux demandes de changement de leadership au pouvoir et à l’accès aux besoins élémentaires se font dans la douleur, du fait que certains se cramponnent au pouvoir même quand les urnes ont dit le contraire. Au passage, certains n’hésitent pas à utiliser la fibre ethnique en invoquant le complot de telle ethnie. Le cas récent du Kenya, un pays jugé stable, a vu sa stabilité voler en éclats pour un moment. Beaucoup de pays de l’Afrique subsaharienne ne sont pas à l’abri de tels événements. Au cours des deux prochaines décennies, c’est un enjeu aussi important que le développement. Il faudrait créer sans tarder des mécanismes de prévention qui nous permettraient d’éviter ce genre de  déstabilisation qui crée des clivages entre communautés d’une même nation, et qui peut compromettre le développement sur des décennies. On pourrait donner au gouvernement de l’Union cette mission de « veiller à la paix et la sécurité » des pays membres, avec le pouvoir de rappeler à l’ordre, voire de sanctionner par la destitution d’un président et de son gouvernement, en cas de manquement grave à la paix et à la sécurité de leur pays. Le cas tout récent du Kenya  par exemple, une fois prouvée que des résultats des élections ont été faussés, le gouvernement de l’Union Africaine, pourrait avoir la compétence d’exiger le décompte des voix, ou carrément réorganiser de nouvelles élections, sans attendre que la violence d’installe. Cette compétence du gouvernement de l’Union ne serait pas en soi une mauvaise chose ni pour les peuples, ni pour ceux qui gouvernent. Aucun gouvernement ne serait au dessus de la loi en matière de paix et de sécurité. Car sans la paix et la stabilité, point de développement.

 

  1. Le guide Mouammar Kadhafi ne doit pas laisser tomber l’Union Africaine

 

Le guide libyen est sans doute l’un des grands défenseurs de l’Union Africaine. C’est notamment lui qui a beaucoup contribué à l’abandon de l’OUA et à la naissance de l’UA. Aujourd’hui, il continue à presser les pays africains à aller plus loin et à créer les ETATS-UNIS D’AFRIQUE, avec un gouvernement de l’Union. Mais récemment, Kadhafi a menacé d’abandonner l’Afrique si le continent de s’unit pas vite. « Le colonel Kadhafi a menacé également de réorienter les investissements libyens en Afrique-estimés selon lui à plus de 5 milliards de dollars par an- vers des pays arabes ou méditerranéens.

Pour Kadhafi, la Commission de l'UA est un corps mort sans prérogatives qui devrait être remplacé par un conseil ministériel exécutif 1.

 

Si Kadhafi quitte l’Union Africaine, il est  probable qu’elle se transforme en OUA bis, ce qui serait très dommageable au continent africain. Connaissant l’importance de l’immobilisme politique en Afrique, notre souhait est que le guide Kadhafi puisse continuer à croire en cette Union des ETATS-UNIS d’Afrique, en invitant sans cesse ses homologues à la ratifier le plus vite possible et à lui confier entre autres et dans un premier temps, une mission stratégique qui serait de veiller « au maintien de la paix et de la sécurité dans les pays membres ».

 

  1. Ne tuons pas encore une fois le rêve de nos enfants et des générations futures

 

A force de tergiverser, en reportant le changement de cap, nous hypothéquons l’avenir des générations actuelles et celles à venir. N’oublions pas que la pauvreté et la maladie faute de soins adéquats, tuent plus de personnes que les guerres. Comme l’a dit kadhafi, l’Afrique a besoin de dirigeants forts, qui incarnent un autre type de leadership et un véritable changement dans les modes de gouvernance. Les pays et leurs peuples sont prêts, et nous sommes tous lassés par cet immobilisme et ce manque de confiance en notre capacité de changer le destin de nos pays. Inspirons-nous surtout des modèles économiques asiatiques qui ont su en quelques décennies se hisser aux rangs de pays développés. Nous en sommes aussi capables. L’exemple des résultats économiques que le Rwanda est en train d’enregistrer, sous la houlette du président Paul Kagame, montre bien qu’avec un bon leadership, les pays africains peuvent se développer très vite.   Les dirigeants africains doivent privilégier la vision et l’action, et surtout comprendre que le fait de passer le témoin permet un renouvellement de l’équipe dirigeante et aller de l’avant. Il ne sert à rien de s’éterniser au pouvoir. Enfin, l’Afrique dispose aujourd’hui d’intellectuels et d’une population de travailleurs aptes à porter le changement à des niveaux qui seront à envier dans les années à venir. Alors, allons-y sans attendre.

 

J-B. Hippolyte NDIKUMWAMI

J-Baptiste MUBUMBYI-DUNIA

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1 : AFP du 29 janvier 2008, sur Jeune afrique.com , « Kadhafi menace d’abandonner l’Afrique si le continent ne s’unit pas vite ».