LE PLAN D'EXTERMINATION MASSIVE A DEJA COMMENCE AU BURUNDI

 Burundi news, le 29 octobre 2012

Par Gratien Rukindikiza

Depuis les élections truquées de 2010, les gagnants font la revanche sur le peuple qui ne les a pas élus. Burundi News l'avaient écrit dès août 2010, ceux qui n'ont pas voté pour le candidat du CNDD-FDD devraient le payer cher. Beaucoup de hutu du FNL ont été tués pour des raisons politiques. Ceux qui pensent que le pire est derrière eux se trompent. L'avenir réserve des surprises. Au pays du Président implorant Dieu tout le temps, les massacres s'invitent, les pleurs et les désolations se donnent rendez-vous dans les familles de pauvres paysans hutu.

Ce n'est pas un récit exagéré, approximatif. Le présent article est à la hauteur de l'horreur qui a déjà commencé. Ces macabres massacres ont fini par révolter les militants du CNDD-FDD, y compris les proches du Président Nkurunziza et certains membres de la Documentation. Grâce à ces proches du Président, des gens très importants que nous avons pu rassembler ces informations.

L'organisation des massacres à grande échelle/mode opératoire

Le mot d'ordre est de faire disparaître les anciens démobilisés du FNL, les mobilisateurs du FNL et les grands militants des partis de l'opposition. La tactique a changé. Ils ne sont plus enlevés de chez eux. Les tueurs attendent que les personnes recherchées quittent chez eux, soit pour aller dans les grandes villes ou les centres commerciaux. Leurs familles continuent à pensent qu'ils sont allés travailler en ville alors qu'ils ont été égorgés.

Le mode opératoire a aussi changé. Le fusil fait beaucoup de bruits. Les personnes visées sont égorgées et jetées dans des fosses communes.

Les cadavres ont été enterrés dans des fosses communes à Kayanza, le long de la rivière Kanyaru, à Bururi et à Rukoko. C'est d'ailleurs à Rukoko que Jean Petit a été enterré dans un petit trou à côté de la rivière Rusizi pour qu'il soit emporté par l'eau après sa décomposition.

Les dénonciateurs, les tueurs et la rémunération

Une liste de plus de mille personnes a été établie. Il s'agit principalement des membres du FNL. Plus de 60 % ont déjà été tués. Les autres sont traqués tous les jours. Cette liste a été établie par les anciens du FNL, employés actuellement dans la Documentation ainsi que les dissidents de Rwasa qui ont rejoint l'aile FNL Nyakuri. D'autres listes sont dressées par des comités locaux du CNDD-FDD au niveau commune, même colline dans certaines provinces.

La Documentation et la Police se tiennent en réserve. En première ligne, ce sont les miliciens imbonerakure. Ils ont été recrutés pour commettre ces exécutions. Ils égorgent les victimes avec des couteaux. Ces imbonerakure sont payés à la tâche. Selon un milicien qui s'est adressé à Burundi News, ils sont payés à 150 000 frs par tête coupée. S'il coupe 5 têtes recherchées dans une nuit, il gagne plus qu'un général de l'armée.

Les planificateurs

Dans un récent article concernant les empoisonnements prévus pour éliminer les opposants, les militants de la société civile et les journalistes, surtout de la RPA, nous avons préféré ne pas mettre les noms. Aujourd'hui, nous sommes en face d'un plan gigantesque des massacres. Les Hutu sont tués comme des mouches dans Bujumbura rural, Cibitoke, Bubanza, Kirundo, Kayanza etc.... Jamais un pouvoir, à part en 72, n'avait autant massacré les hutu.

Les planificateurs sont connus et le silence serait coupable. Ils sont : Le général Léonard et le général Agricole de la Documentation, Gihahe, député de Kirundo, Moïse Bucumi, ministre des transports et des travaux publics, Le général Evariste, alias Never, chef de cabinet militaire du Président et un député, ancien gouverneur de Makamba.

Très étonnant, le général Adolphe Nshimirimana n'est pas sur la liste. Il s'occupe du volet économique de la spoliation. L'or extrait à Muyinga est rassemblé et remis à son bar. Le fruit de la vente de cet or sert à rémunérer certains généraux et colonels du CNDD-FDD qui sont hors du cercle des généraux privilégiés. Ces colonels et généraux du deuxième étage reçoivent de temps en temps des enveloppes des millions de francs bu pour qu'ils restent des soutiens du pouvoir.

Les gouverneurs ont été sommés de justifier les actions faites au cours de l'année contre les militants du FNL. C'est dans ce cadre qu'il y a eu un changement des gouverneurs. Jacques Kenese n'a pas voulu suivre à la lettre ces massacres pour les organiser. Il a été limogé. Le gouverneur de Karuzi avait refusé la mission. Il a été aussi remercié. Désormais, les nouveaux gouverneurs  de certaines provinces devront travailler avec l'administration locale et les imbonerakure dans cette mission d'éradiquer les démobilisés et mobilisateurs du FNL.

Les moyens utilisés

Le député Gihahe vient de transporter 150 fusils kalachnikovs de Bujumbura à Kirundo sous l'escorte de la police. Ces armes ont été déposées et stockées dans la permanence provinciale de Kirundo  du parti CNDD-FDD. Elles seront distribuées aux miliciens imbonerakure.

Des plaques ont été rassemblées pour brouiller les pistes. Dans une résidence de la capitale, des plaques militaires, de la police, des immatriculations temporaires IT, des immatriculations civiles sont stockées. Un seul véhicule peut changer d'immatriculation cinq fois en une journée.

L'armée prête une main forte à ces tueries surtout dans la première région militaire avec la complicité du colonel Kabisa. La question se pose même pour savoir si le ministre de la défense a encore son mot à dire dans le comportement de la première région militaire. Des témoins ont observé des camions militaires transportant des cadavres fraîchement égorgés vers Rukoko où ils sont enterrés dans des fosses communes.

L'argent vient des services de renseignements et une autre partie proviendrait d'une autre caisse d'une haut responsable.

Inquiétude et immobilisme

Ces informations sont inquiétantes. Elles inquiètent paradoxalement les cadres du CNDD-FDD parce qu'ils sont au courant de l'ampleur des massacres. Malgré le dynamisme des médias et de la société civile et la bonne foi du  CNDH (Droit de l'homme), ces organes semblent ne pas bien comprendre le niveau élevé de ces horreurs. Demain il sera tard.

L'union européenne vient d'exiger à Génève,  où se passent la conférence des bailleurs, la poursuite des personnes coupables des exterminations extrajudiciaires. Une exigence qui ne pourra pas être entendue car le pouvoir ne se tirera pas une balle dans le pied.

Burundi News a jugé bon de ne pas publier tous les éléments d'enquêtes. Si les massacres continuent, nous nous réservons le droit de donner tous détails, y compris des éléments accablants pour certains. Aucun citoyen ne peut assister sans dénoncer ce qui se passe. Egorger un citoyen pour la simple raison de penser autrement en politique est un crime contre l'humanité. Egorger des milliers de citoyens, planifier des massacres généralisés à tout le pays relève d'un tribunal international.

S'il faut rester au pouvoir en massacrant son peuple, le Président Nkurunziza devra savoir que c'est ce même peuple qui risque de se réveiller et de se révolter.