LE PLAN SECRET DU FRODEBU POUR SABOTER LES ELECTIONS
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Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 18 juin 2005
En 1993, l’Uprona et Buyoya ont perdu les élections sans s’y attendre. Tous ceux qui annonçaient leur échec étaient bannis. Malgré le goût du pouvoir, Buyoya avait accepté sa défaite sportivement. Il ne m’arrive pas souvent de le féliciter ; mais je dis bravo au Major Buyoya car le pays a évité le pire cette nuit des élections présidentielles. Buyoya a été un homme d’Etat. Il a refusé les plans de guerre proposés au cours de la nuit pour pouvoir rester au pouvoir. Je ne suis pas entrain de juger ses actes pendant les mois qui ont suivi les élections. Dans tous les cas, l’histoire retiendra qu’il a cédé le pouvoir pacifiquement.
Le plan de 1993 prévu au cours de cette nuit n’ a pas été complètement enterré. Il paraîtrait que des upronistes viennent de le vendre au Frodebu.
La défaite électorale du Frodebu dans les élections communales a laissé plusieurs séquelles. Outre la dépression du Président Ndayizeye, confirmée par les conseillers du Président, elle a démotivé les militants. Pour gagner les élections, la direction du Frodebu est convaincue que les méthodes classiques ne serviront à rien. Ils ont d’abord cherché un mouton à cinq pattes et ils l’ont trouvé. La cinquième patte est devenue la déstabilisation basée sur les tracts et des perturbations prévues aux bureaux de votes.
Des tracts circulent dans le pays. Ces tracts font la propagande de l’extrémisme hutu. Ils préconisent ni moins ni plus une déstabilisation du pays, une incitation à la guerre. Officiellement, personne ne connaît pas l’origine de ces tracts. Officieusement, les politiciens burundais et les gendarmes qui ont fait des enquêtes, sont convaincus que les tracts sont élaborés et distribués par les membres du Frodebu. Le Frodebu serait devenu plus extrémiste que le Palipehutu. Certains se demandent même s’il n’aurait pas déjà fusionné avec le FNL Palipehutu. Le Frodebu est devenu la risée des burundais. Ils se moquent de ce refus de perdre et de ne pas vouloir voir la réalité en face. Perdre les élections n’est pas un péché ; mais perdre son âme et entraîner le pays dans un chaos est coupable et punissable par la loi. Les burundais peuvent se passer du Frodebu et ils en ont l’intention.
Le Frodebu diffuse ces tracts pour pousser les hutu à voter pour eux et en semant la haine entre les citoyens. Ce langage inquiète ceux qui ont encore en mémoire les massacres des tutsi en octobre 1993 et ceux des hutu en 1994. Parallèlement à ces tracts, le Frodebu achemine à l’intérieur du pays des jeunes chargés d’intimider la population qui refuse de voter pour le Frodebu. Il y aurait parmi ces jeunes des FNL payés pour participer à cette campagne qui peut se révéler meurtrière quand on connaît les méthodes du FNL. Des sources sûres et de bonne foi ont confirmé à notre rédaction que l’ancien Président Ntibantunganya et Laurence Ndadaye ont convoyé ces jeunes à Gitega. Certains seraient dans les mains de la police pour vérifier les informations. D’autres seraient cachés en attendant leur mission.
Le deuxième volet du plan consiste à perturber les élections législatives. Ces jeunes serviraient à attaquer les bureaux de vote dans certaines communes et le Président sortirait un décret qui annule les résultats des élections législatives. Il le ferait dans le but de se maintenir au pouvoir pour empêcher le CNDD-FDD d’arriver au pouvoir afin de « défendre les intérêts des deux groupes ». Je le cite même s’il s’agit d’un extrait d’une conversation. Les deux groupes sont les nantis du Frodebu qui ont volé l’Etat et Buyoya et ses proches. Ce plan priverait la victoire au CNDD-FDD ; ça serait comme si Buyoya avait annulé la victoire du Président Ndadaye au cours des élections présidentielles de 1993.
Aujourd’hui, le CNDD-FDD à qui Ndayizeye et Minani veulent priver la victoire dispose des combattants qui sont soit dans l’armée, soit en cours de démobilisation. Il a aussi une bonne partie de sympathisants dans l’armée. L’exécution de ce plan mettrait le feu au poudre et personne ne sait pas si le Président Ndayizeye ne peut pas connaître le sort de Ceausescu, l’ancien Président roumain. Des fois, on sait comment on arrive au pouvoir mais on ne sait pas comment le quitter.
Le Burundi a besoin de la paix. Que celui qui a la confiance du peuple gagne. Celui qui veut s’opposer à la volonté populaire finit par subir une sanction populaire et elle est à la hauteur des conséquences de ce refus. Quelques hommes ne peuvent pas tenir en otage le peuple burundais juste pour continuer à ruiner le pays.
J’en appelle à travers cet article au bon sens de certains cadres que je connais du Frodebu. Je sais que certains ont été écartés pour avoir osé donner des conseils. Comme on dit en kirundi « Kananira abagabo ntiyimye » qui veut dire que celui qui n’écoute pas les autres n’arrive jamais au pouvoir.