LA POLICE A DELIBEREMENT VOULU TUER A L'UNIVERSITE

Burundi news, le 27/10/2011

Par Gratien Rukindikiza

Des fois, les mots ne suffisent pour exprimer le dégoût d'une violence non fondée, un matraquage inapproprié et le refus de sauver une personne mourante.  Ce qui s'est passé à l'Université ce 16 octobre 2011 est ignoble. Tout a commencé par une promesse de changer de camp au niveau de la violence, promesse faite au Président par son chef des services de renseignement. Après avoir traqué les hutu du FNL, le Président a pris connaissance par le biais d'un rapport qu'il est en passe de rattraper l'ancien Président Micombero au niveau du nombre de hutu tués par son pouvoir. Le temps est alors arrivé pour le pouvoir de se retourner contre les tutsi afin de ne pas perdre le soutien déjà perdu des hutu.

Un montage grossier

L'universitaire qui a été "arrêté" avait conçu le scénario avec les services de renseignement. Il avait refusé la veille d'aller au restaurant universitaire avec les autres pour recevoir le carton des armes sans la présence des autres. Ce sont ceux qui ont apporté le carton la veille qui sont venus le chercher le lendemain. Une véritable comédie.

Le jour de son "arrestation", il avait refusé de quitter sa chambre mais prévenant les autres de sortir comme s'il attendait un invité. Sur les images d'Euronews, on voit bien qu'il était content de la présence des policiers. Les policiers sont allés jusqu'à lui suggérer de rester dans la chambre alors qu'il ouvrait sa porte. Drôle d'arrestation où les policiers préfèrent que la personne à arrêter reste dans sa maison sans la présence des policiers. Si la personne était dangereuse, détenant des armes, pourquoi la police l'aurait-elle traitée ainsi? Ne craignait-elle pas qu'elle tire sur elle? Apparemment non; donc une pure comédie.

A son arrestation, un document a été signé et le fameux universitaire a affirmé qu'il avait envoyé plusieurs fois des armes au Congo. Drôle de montage. Les armes se trouvent au Congo plus qu'au  Burundi.

Le personnage arrêté est très drôle. Il se présentait tantôt comme un militant du MSD, tantôt comme un major de Fronabu Tabara, tantôt comme du FNL. Son rôle à l'Université était autre qu'étudier. Il était devenu une proie facile des services de renseignement pour qu'il accepte le montage.

La violence policière meurtrière

Le commandant de la région policière ouest avait fait ce montage sans en parler à son hiérarchie. Même le directeur général de la police n'était pas au courant. Ce commandant a positionné la nuit des policiers armés. Cette présence a révolté les universitaires qui ont protesté. Face à la grogne des étudiants, ce commandant a commandé une intervention rapide, musclée contre les étudiants.

Paradoxalement, l'intervention qui a eu lieu en matinée n'avait plus raison d'être. Les étudiants avaient accepté la fouille de cette chambre de Tropicana 1 N° 372 après l'arrivée du recteur. Tout était calme à l'arrivée des policiers du GMIR. On voit bien sur les images que les policiers passent à côté des universitaires simples spectateurs. Subitement, les policiers commencent à frapper, à tirer des gaz lacrymogènes avec des fusils d'assaut belge de marque FAL. Certains policiers pointent avec ces fusils d'assaut pour les militaires sur des étudiants, une scène imaginable en MROP (Maintien et rétablissement de l'ordre public). A regarder ces images, il ressort que ces policiers sont des criminels en armes. Ils frappaient pour faire du mal comme si c'était une vengeance des armes contre le savoir.

L'étudiant Anicet Hakizimana a été tué par un projectile tiré à bout portant à moins de 10 mètres. L'impact sur sa poitrine est très visible sur ces photos publiées. Il est strictement interdit dans le maintien et rétablissement de l'ordre public de tirer à bout portant sur des manifestants avec des projectiles métalliques.

La police a interdit aux universitaires de sauver leur camarade Anicet agonisant. Il est mort sans assistance et cela relève des actes criminels de la part de la police.

Un autre étudiant nommé Richard Nimenya est mort 5 jours après en raison de ces violences policières.

Impliquer au maximum les tutsi

Ce montage des services de renseignement vise des arrestations des tutsi parce que cela a été dit ainsi. Des arrestations devront suivre. Cette personne arrêtée a dans sa feuille de route des noms de gens à impliquer. La liste lui a été fournie par le service de renseignement.

Des arrestations ont déjà commencé à la police et à l'armée uniquement des tutsi. Des innocents, ne sachant même pas ce qui s'est passé à Gatumba, n'étant pas présents à Gatumba sont arrêtés par la fameuse commission d'enquête  à la solde des services de renseignement. Pour manger son chapeau, désavoué par son chef, d'après une discussion houleuse, le chef des services de renseignement veut éthniser le carnage de Gatumba. Un policier arrêté pour un autre motif inventé se retrouve devant cette commission des services de renseignement sous les accusations de crime contre l'humanité. Le ridicule ne tue pas.

On reviendra sur ce sujet de Gatumba.