POURQUOI LA FAMINE REVIENT- ELLE AU BURUNDI ?
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 22 février 2006
La famine a été un sujet plus d’histoire que d’actualité burundaise. Depuis l’indépendance, le Burundi avait connu une légère famine après 1972. Les burundais ont eu toujours de quoi manger dans leurs champs. Il faut reconnaître que le pouvoir de Bagaza avait fait un bon travail au niveau agricole et le suivi régulier des agronomes et vulgarisateurs avait permis d’améliorer la productivité. Depuis le départ de Bagaza, les politiques agricoles ont été plutôt des théories pour faciliter les détournements de fonds.
Pour la deuxième fois à moins de deux ans, la population de Kirundo et Muyinga vient ce connaître la famine. D’autres provinces sont touchées comme Cankuzo, Ruyigi et autres. Le coupable est officiellement le manque de pluie. Il n’y aurait pas de pluie pour permettre des récoltes. Si c’est le cas, le pouvoir était au courant alors de l’imminence de la famine. Or, il donne l’impression de découvrir avec les morts que la famine frappe depuis un moment la population burundaise. Les ministres seraient au chaud dans leurs bureaux sans savoir si le peuple est menacé de famine ou pas. En l’espace de plus de 3 mois, aucun signal n’a averti le gouvernement de ce danger pour anticiper afin d’éviter des morts par famine.
La famine au Burundi est plus un problème de mauvaise politique agricole que de la sécheresse en soi. La dernière famine devait inciter le pouvoir à trouver d’autres cultures alternatives. Cette sécheresse n’est pas un pur hasard. La dégradation écologique du pays met à nu les collines et les montagnes burundaises. Le pouvoir devrait penser à reboiser le pays.
Les rivières burundaises constituent un bon départ du Nil pour le bonheur des paysans égyptiens. Cette eau passe à une centaine de mètres des villages sans en profiter au maximum. Un puit d’eau permet de cultiver des légumes et des fruits dans le désert. Pourquoi une rivière ne permettrait-elle pas d’irriguer des champs des burundais ? Les marais burundais sont cultivés 4 mois par an. Or, la terre reste fertile et irriguée douze mois sur douze. En d’autres termes, ces marais peuvent assurer 3 récoltes par an ; ce qui permettrait d’avoir des récoltes de soudure en cas de sécheresse.
Récolter l’argent pour aider les affamés est une initiative louable. La transparence au niveau de la gestion des fonds ne fera que rassurer les cotisants. Les burundais de l’intérieur vont obligatoirement cotiser. Il appartient au pouvoir d’organiser une collecte des burundais de l’étranger. Nous avons fait plusieurs acte de notre patriotisme. Les Burundais de l’étranger sont prêts à aider. Espérons que la commission nommée analysera la faisabilité de cette collecte.
Le Burundi a besoin d’une véritable politique agricole. Elle ne se fait pas dans les bureaux de Bujumbura. Elle se conçoit sur le terrain, elle doit être proche du paysan et assurer l’autosuffisance alimentaire, voire une exportation. Les burundais ont besoin d’une véritable révolution verte qu’un simple changement politique. Ils ont déjà entendu des promesses, ils veulent aujourd’hui des actes. Ils ont besoin d’orientation et les dirigeants sont payés pour cela.