Elections de 2010 : Pourquoi il ne faut pas avoir peur.
Par Parfait BURUNDI
Burundi news, le 31/12/2009
Une peur grandissante ?…
La peur liée aux élections de 2010 gagne du terrain. Beaucoup expriment une inquiétude grandissante, persuadés que le régime actuel, corrompu et de plus en plus impopulaire, ne remportera les élections qu’au prix d’un scrutin truqué qui sera forcément contesté par l’opposition, ce qui risque de replonger le pays dans la guerre. Des articles sur Internet et sur les radios privées dénoncent régulièrement l’existence de milices prêtes à terroriser ceux qui seront soupçonnés de vouloir envoyer le régime actuel dans l’opposition et certains de ses dignitaires devant la justice. Des entraînements déguisés en sport collectif sont tenus publiquement. Les slogans qui y sont lancés pour galvaniser les troupes sont sans ambiguïté quant à ce qu’ils préparent. La violence commence dans les mots ! L’Eglise burundaise et l’union européenne ont déjà exprimé leur inquiétude.
… N’y cédons pas !
Il ne faut cependant pas laisser la peur dominer l’espace politique pour ne pas laisser les prophéties de malheurs s’auto réaliser et, au demeurant, que ce soit au niveau de la Commission Electoral Nationale Indépendante, de l’armée, de la société civile et, quoique dans une moindre mesure, de la police et de la communauté internationale, la sérénité des scrutins qu’on est en droit d’espérer en 2010 ne manque pas de ressorts.
Une Commission électorale qui inspire confiance
Pour l’instant, la Commission Electorale Nationale Indépendante échappe au contrôle du pouvoir. Théoriquement, son organisation décentralisée au niveau national, provincial et communal rend tout trucage extrêmement difficile du fait que les résultats sur le plan national ne peuvent provenir que des consolidations au niveau provincial dont chacune consolide les résultats de niveau communal ayant été validés par les représentants des partis politiques et de la société civile dans chaque bureau de vote. Quant aux bulletins de vote non utilisés, qui auraient pu constituer une source de chantage, ils devront être remis dans des urnes spéciales. De cette façon le secret du vote sera garanti à l’extérieur comme à l’intérieur des bureaux de vote et par conséquent, il ne pourra être reproché à personne d’avoir « mal » voté, faute de preuves.
Une armée politiquement neutre
Après avoir été au cœur de toutes les dictatures, l’armée a opéré un revirement démocratique spectaculaire et salutaire sous la houlette de l’actuel Ministre de la défense qui a réussi à lui forger un caractère clairement revendiqué de neutralité politique. Cette armée roule aujourd’hui pour la nation, du moins a-t-elle réussi à nous en donner le sentiment. Il s’agit là d’un acquis démocratique de poids parce que sans l’appui de l’armée, prendre le pouvoir ou s’y maintenir par la force suppose de disposer d’une force capable de la soumettre. Soyons clairs : cette force n’existe pas au Burundi.
Une police qui laisse à désirer, mais…
La police, quant à elle, est loin des performances patriotiques de l’armée. Comparativement à l’armée, elle est mal tenue et la neutralité politique de son commandement est fortement discutable. Cependant,- il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain-, ceux qui au sein de la police nationale sont animés d’un esprit patriotiques sont suffisamment nombreux pour faire échouer toute immixtion directe et massive de leur corps dans le jeu démocratique. Fort heureusement le Burundi n’est pas l’Iran !
Une société civile prometteuse
Nous assistons à deux phénomènes majeurs pour l’avenir démocratique du Burundi : l’agonie de l’ethnisme et la naissance d’une véritable opinion publique là où on pouvait déplorer des opinions à forte coloration ethnique. Une société civile de plus en plus consciente de son influence et de son pouvoir se met petit à petit en place. Elle est tenue informée par une presse qui lutte courageusement pour garder son indépendance. Alors que les révoltes populaires contre le pouvoir ont toujours été horizontales au Burundi : on s’en prenait aux voisins sensés symboliser le pouvoir et jamais directement au pouvoir, l’évolution sociale en cours rend possible, en cas de trucage des élections, une révolte verticale, c'est-à-dire une société civile, toutes ethnies confondues, disant pacifiquement et directement « NON ! » à un pouvoir usurpé, comme en Ukraine lors de la révolution orange!
Une communauté internationale attentive
Pendant longtemps, la communauté internationale et plus particulièrement les pays de la région ont été au chevet du Burundi. Elle a beaucoup contribué à élaborer et faire aboutir la solution qui a permis d'arrêter la guerre, aucun des belligérants n'ayant réussi à remporter une victoire totale. Même s'il ne faut pas compter sur son voisin pour assurer sa sécurité, -« Akimuhana kaaza imvura ihise »-, il est permis de penser que la communauté internationale fera ce qui est en son pouvoir pour favoriser un vote à la fois libre et respecté.
«N’ayez pas peur ! »
Pour 2010, j’invite mes compatriotes à répondre positivement et massivement à ces paroles prononcées par un homme qui a contribué à abattre le communisme en Europe de l’est et cela sans armes ! Hier, les communistes pouvaient dire de lui : le Vatican, combien de divisions ? Comme d’autres pourraient dire : « la société civile burundaise, combien de divisions ? »
A tous les Burundais, je souhaite une bonne et démocratique année 2010 !
Parfait BURUNDI