QUAND LE POUVOIR LANCE DES GRENADES ET ACCUSE LES VICTIMES

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 10/03/2008

Le ridicule ne tue pas. Des grenades ont été lancées sur des domiciles de 5 députés, Basabose, Alice Nzomukunda, Nyangoma, Mpawenayo et Zaitunu Radjabu en faisant beaucoup de dégâts matériels. Par chance, les personnes visées par les attaques n'ont pas été touchées. Chez Basabose, les grenades ont visé le balcon de sa maison où il est souvent assis le soir. Chez Nyangoma, il avait déménagé et sa maison était louée aux Italiens.  Zaitunu Radjabu venait de déménager.

Certains commentateurs zélés du pouvoir dont Kabuto, alias Samson Kwizera, accusent les victimes d'avoir lancé des grenades contre eux-mêmes. Ce même Kabuto a une courte mémoire car des grenades avaient été lancées chez des députés il y a quelques mois et le pouvoir n'a jamais fourni le résultat des enquêtes du simple fait que les enquêtes conduisaient aux agents du pouvoir.

Le mensonge du pouvoir

Les députés avaient demandé la protection car ils se sentaient menacés. Certains proches du pouvoir avaient même averti certains députés qui ont été victimes de ces attaques de l'imminence des attaques.

Le lendemain de la première attaque chez les députés il y a plusieurs mois, Adolphe Nshimirimana m'avait confié que ce sont les mêmes députés qui ont organisé les attaques eux-mêmes. Ainsi, comme l'Administrateur général de la Documentation avait des preuves de ce montage, pourquoi n'a-t-il pas transmis le dossier au parquet pour les arrêter? Pourquoi les enquêtes ont-elles piétiné? Pourquoi le pouvoir a-t-il bloqué le travail des ligues des droits de l'homme qui avaient des éléments de la culpabilité de la Documentation Nationale?

Le ministre de la sécurité publique Bunyoni vient de se ridiculiser en affirmant que Alice Nzomukunda avait une sécurité de l'armée alors qu'il sait bien que la sécurité lui a été retirée. Bunyoni sait bien que la sécurité d'Alice Nzomukunda lui a été retirée pour permettre cette attaque avec des grenades. Le plan visé par le pouvoir est de faire peur pour que les opposants les plus importants prennent la fuite. C'est même ce que Kabuto suggère à travers ses écrits signés Samson Kwizera. Il leur demande de prendre le chemin de l'exil comme si lui aussi il n'avait pas pris le chemin inverse. Kabuto sait bien qu'il n'a pas connu un exil doré au Rwanda, au Cameroun et en Hollande. Le minimum d'humanité lui conseillerait de ne pas souhaiter l'exil à ses compatriotes.

Un mensonge qui ne tient pas debout

Si les députés avaient voulu organiser des attaques contre leurs domiciles, Nyangoma et Zaituna ne se seraient pas trompés de domiciles. Pire, Nyangoma n'aurait pas attaqué ses locataires européens pour se retrouver sans locataires. Basabose n'aurait pas lancé des grenades sur son balcon, il aurait fait comme le gouverneur de Ruyigi qui les a lancées dans son jardin, loin de la maison. Mpawenayo n'aurait pas fait un deuxième essai sur son domicile après les dégâts très importants sur sa voiture et la toiture de sa maison.

Les 5 députés n'auraient pas organisé d'une façon méthodique les attaques à la même heure. Je vois mal Basabose et Alice faire confiance au point de monter ce genre de choses avec des proches de Radjabu. Même s'ils peuvent travailler ensemble au parlement, ils n'auront pas une telle confiance.

Si le pouvoir avait voulu sécuriser les députés, il aurait dû  proposer d'emblée la sécurité quand les 46 députés avaient envoyé une lettre au Secrétaire Général des Nations Unies. Le but poursuivi est de charger les victimes afin de les emprisonner. Le cas Kadege et Ndayizeye est toujours dans les mémoires.