LE POUVOIR PILLE LE PAYS SYSTEMATIQUEMENT
Burundi news, le 23 juillet 2007
Par Gratien Rukindikiza
Le développement d’un pays dépend de plusieurs facteurs. Les citoyens et les dirigeants de chaque pays doivent s’y impliquer dans le développement pour améliorer le bien-être de tous et de chacun. La corruption des dirigeants freine le développement et peut même ramener le pays dans la misère. Personne ne peut comprendre comment un pays riche, un des plus riches de l’Afrique, un des plus grands producteurs du pétrole recherché pour sa qualité se trouve dans la misère. Les citoyens sont parmi les plus pauvres de la planète alors que les dirigeants sont parmi les plus riches de la planète. Il y a des pays qui font un décollage économique et social en raison de la bonne gouvernance qui entraîne aussi des investissements et des aides.
Au Burundi, la corruption est devenue une monnaie courante. Le Zaïre de Mobutu n’est plus différent du Burundi actuel. Par ailleurs, le Burundi bénéficie encore de la bonne organisation de l’administration qui garde un certain esprit de professionnalisme.
17 milliards détournés par le nouveau pouvoir par le biais d’Interpetrol
Ces derniers jours, des révélations ont été faites par plusieurs médias concernant le détournement de plus de 17 milliards de francs bu. Certaines radios ont tenté en vain de défendre l’ancienne ministre des finances. Or, Denise Sinankwa, ancienne ministre des finances avec la complicité du gouverneur de la BRB, a payé deux fois les arriérés de l’Etat envers la société Interpetrol relatif aux arriérés sur différentiel de change. Ces arriérés étaient déjà payés deux fois par l’ancien ministre des finances Gahungu.
Si Denise Sinankwa a signé le déblocage de ces sommes, c’est qu’il a bénéficié de hautes complicités. Comme on le disait à propos de l’ancien ministre Ngowembona, il n’avait pas osé vendre l’avion du Président sans l’accord du concerné. Denise Sinankwa n’a pas plus osé fermer les comptes de Sida, de carburant sans demander l’aval du Président de la République.
Ce pouvoir a déjà pris le goût des détournements des fonds publics. C’est devenu un sport des palais. Ce ne sont que des naïfs qui croient en libérateurs. Ceux qui se croyaient libérés ont été spoliés. C’est le paradoxe burundais.
Si huit milliards de Francs bu peuvent sortir de la banque centrale sans que le deuxième vice-Président de la République ou le Président soit au courant, il serait temps que le Burundi soit cédé au plus offrant pour que chacun citoyen ait sa part du pays.
Comme l’Etat ne disposait pas de ce montant, la ministre a eu recours à un stratagème jamais imaginé. Personne n’aurait osé vider les caisses pour lutter contre le Sida, les fonds de soins de santé gratuit pour les enfants et femmes enceintes, les fonds carburant, les fonds d’urgence, les fonds pour les vaccinations, bref tout ce que le Burundi avait comme caisses spéciales.
Sinankwa, a –t-elle été protégée par le Président de la République ?
Le ministre de la bonne gouvernance avait constaté les irrégularités imputables à sa collègue des finances. Il avait interdit à cette dernière de quitter le Burundi. Sinankwa s’est plaint au Président de la République qui lui a donné l’autorisation de sortir ou de fuir. L’histoire rappelle la fuite de Ngowembona, ancien ministre des finances. Denise Sinankwa était partie à l’Ile Maurice. A la fin de sa mission, certains dignitaires lui ont demandé de rester à l’étranger. Selon certaines sources, la Présidence lui aurait conseillé de ne pas rentrer. A l’évocation d’un mandat d’arrêt international, la présidence a spécifié qu’elle s’apprête à rentrer.
Denise Sinankwa réside actuellement à Paris en France et n’a aucune intention de rentrer. Ce dossier n’arrange pas le pouvoir. Le complice, gouverneur de la BRB n’est pas inquiet et se trouve à Bujumbura.
L’ancien ministre accusé d’avoir détourné un avion présidentiel est libre à Bujumbura. Une autre affaire éclate et le pouvoir reste dans son mutisme.
Sauve qui peut !
Qu’est-ce qui fait courir ou détourner autant les dirigeants actuels ? L’envie de s’enrichir ou la maladie des détournements ? Le peuple n’en revient pas. A-t-il élu des voleurs ?
Les dirigeants actuels donnent l’impression de se retrouver dans une caisse où ils disposent de quelques jours pour vider et partir. Cette stratégie avait été inventée par des guerriers. Il s’agit de la tactique de la terre brûlée. Or, ils sont au pouvoir. Quand ils auront vidé les caisses du pays, ils se retrouveront devant la révolte du peuple ou devant la sanction populaire.