COMMENT ET AVEC L’ AIDE DE QUI LE TOP ONE HUSSEIN RADJABU DIRIGE - T- IL LE BURUNDI ?
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 14 août 2006
La région des grands lacs a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. D’instabilités en instabilités, les pays des grands lacs ont mobilisé beaucoup d’énergies et d’espoirs de la part de la communauté internationale. Le Rwanda traverse une période de stabilité politique et sécuritaire, du moins temporairement. Le Congo vient de terminer sa campagne électorale avec la victoire du Président Kabila. Le Burundi peine à trouver un terrain d’entente entre le gouvernement et le FNL Palipehutu. Le Burundi est surtout entré dans la phase de l’instabilité avec une usurpation du pouvoir qui se déroule au grand jour.
Les Burundais ont élu, par le biais de leurs représentants, le Président Pierre Nkurunziza. Il avait tous les pouvoirs l’autorisant à assumer son pouvoir et à l’exercer pour le bien du peuple burundais. Or, son pouvoir a été récupéré par un autre homme qui ne dispose pas d’un mandat national d’autant plus qu’il est l’élu de la mairie de Bujumbura.
Comment le Président Nkurunziza a –t-il été dépouillé de son pouvoir ?
Pourquoi Radjabu a-t-il fait une main mise sur le pouvoir ?
Quelle est la force de Radjabu ? Ses soutiens ? Son mode de direction ?
Le Président Nkurunziza n’a pas eu le pouvoir sur un plateau d’argent. Le plateau qu’il a reçu était rempli de conditions indiscutables, à prendre ou à laisser. Il devait accepter que le Président du parti serait le véritable patron notamment au niveau des nominations, des décisions etc… En réalité, il ne lui restait que les honneurs et le silence.
Avant de parler des hommes de Radjabu dans son dispositif de contrôle de pouvoir, il convient d’analyser les raisons qui le poussent à cette usurpation du pouvoir. Radjabu a eu comme modèle le Rwanda de Kagame et Bizimungu. On connaît la suite au Rwanda. Certains lui avaient conseillé de devenir Président au lieu d’exercer le pouvoir en dehors des circuits habituels et il a refusé.
Depuis l’arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, Radjabu a compris qu’il fallait verrouiller le pouvoir pour bien le contrôler. Ce contrôle vise à préparer son arrivée au pouvoir. Il prépare le terrain pour qu’il soit Président de la République dans 4 ans. Espérons que ce ne sera pas avant !
Il n’est pas exclu qu’il y ait d’autres cadres du CNDD-FDD qui rêvent d’accéder au pouvoir suprême. Certains pourraient barrer la route à Radjabu. Il est difficile de jouer la défensive au niveau du parti CNDD-FDD d’autant plus que d’autres chefs des partis ont été limogés. La stratégie permettant l’accession au pouvoir de Radjabu suppose avant tout le contrôle du pouvoir actuel pour distribuer les postes aux fidèles et mettre sous pression ceux qui pourraient contester son pouvoir.
En contrôlant le pouvoir, Radjabu impose la peur aux cadres de son parti. Rares sont ceux qui peuvent s’aventurer à émettre un avis contraire à celui du chef. Si Radjabu n’avait pas le contrôle du pouvoir, il aurait été déjà contesté sur plusieurs dossiers au sein de son parti. Le pouvoir sert à se protéger et à faire de lui un chef craint par d’autres Burundais même non membres de son parti. Ce contrôle lui assure son accession au pouvoir et lui permet aussi de rassembler assez d’argent pour financer sa campagne électorale et certaines missions.
Seul Radjabu ne pourrait pas contrôler le pouvoir. Il a besoin de s’assurer de sa main mise sur la Présidence de la République, la Documentation, la Police, et l’information. De ce fait, il a placé ses hommes à ces postes stratégiques. Mbazumutima est le directeur de cabinet du Président Nkurunziza, le général de brigade Adolphe Nshimirimana dirige la documentation nationale, le général de brigade Bunyoni contrôle la police et Karenga Ramadhani pilote le ministère de l’information.
Pour contrôler un ministre ou un Président, il suffit d’avoir une main mise sur son cabinet. Le directeur de cabinet du Président de la République est l’homme en qui Radjabu a le plus confiance. Il est son œil et son oreille à la Présidence de la République. Son véritable patron est Radjabu et suit scrupuleusement ses consignes. Certaines mauvaises langues disent même que Radjabu reçoit les documents destinés au Président de la République avant que ce dernier les reçoive.
Sans contrôle de son cabinet, le Président Nkurunziza n’est pas maître de son bureau présidentiel. Mbazumutima, directeur de cabinet présidentiel, était le secrétaire particulier de Radjabu avant les accords de paix. Sa nomination a été une sorte de mission donnée par Radjabu, son véritable chef. Tant que le Président Nkurunziza aura le directeur de cabinet au service d’un autre, son pouvoir ne se sera que théorique.
Il est difficile de contrôler un pouvoir sans les services des renseignements. Adolphe Nshimirimana est un homme de confiance de Radjabu. Certains dossiers sont traités directement entre lui et Radjabu comme celui du montage d’un faux putsch. A travers Adolphe, Radjabu contrôle la Documentation et fait peur aux Burundais d’autant plus que la Documentation est réputée être un territoire hors la loi au Burundi. Kadege en sait quelque chose. Radjabu a les outils pour monter des coups bas ou pour éviter ceux qui le visent. Celui qui gêne Radjabu personnellement voit son cas traité à la Documentation sans autre forme de procès. Alexis Sinduhije, directeur de la RPA, avait été mis sur la liste des putschistes par la Documentation et par les envoyés spéciaux de Radjabu du seul fait qu’il ne s’entendait plus avec le président du parti CNDD-FDD, Radjabu. La Documentation devait s’en charger pour trouver les preuves.
La Police Nationale reste un poste clé dans le contrôle du pouvoir. Radjabu a mis un homme sûr à la tête de la Police Nationale du Burundi. Le général de brigade Bunyoni est un homme de confiance de Radjabu. La police judiciaire peut bloquer des dossiers de malversations, accélérer certains dossiers etc… La Police Nationale intervient aussi en soutien à la Documentation Nationale dans certains dossiers. Elle a beaucoup contribué dans le dossier de faux putsch.
L’information est le nerf de la guerre. Tout contrôle de pouvoir officieux suppose une communication adéquate. Karenga Ramadhan, ministre de la communication et porte parole du gouvernement est le confident et complice de Radjabu. Il n’est pas étonnant que certaines informations du putsch sortent de sa bouche avant les arrestations. Le soutien de Karenga à Radjabu dans le contrôle du pouvoir est primordial. N’en déplaise à ceux qui n’y croient pas, Karenga est un « chef important » dans le dispositif du pouvoir actuel comme il aime le dire. Certains disent que les deux hommes dirigent en réalité le Burundi.
Le Burundi traverse une période difficile liée à ce pouvoir officieux qui n’assume pas ses actes. Cet article vise à éclairer l’opinion publique. Ce sont ces réalités qui aideront à comprendre la suite des événements burundais. Les révélations faites ci-dessus sont des secrets de Polichinelle. Les cadres du CNDD-FDD en parlent clairement quand ils sont en confiance toujours avec la peur de Radjabu. A l’armée, les officiers de l'armée burundaise en parlent ouvertement et n’hésitent pas de dire du mal de Radjabu, considéré comme responsable de plusieurs problèmes actuels du burundais. La communauté internationale commence à s’inquiéter du rôle de Radjabu dans l'exercice du pouvoir au Burundi.
Jusque quand Radjabu exercera-t-il le pouvoir sans un mandat du peuple ? Quand est-ce que le Président de la République Nkurunziza récupérera son pouvoir ? Wait and see.