LES CHOSES COMMENCENT A SE GATER POUR LE PRESIDENT NKURUNZIZA
Burundi news, le 25/02/2015
Par Gratien Rukindikiza
Est-ce la fin qui s'annonce ou une malédiction de 10 ans au Burundi? En tout cas, Nkurunziza n'échappe pas à la règle. Tout régime dictatorial commence à s'effondrer dès que le peuple commence à vaincre la peur. La peur est l'arme fatale d'une dictature. Dès qu'elle est vaincue, une dictature tombe. Celui qui sait anticiper se retire quand le peuple prend le dessus sur la peur.
Bob Rugurika a donné une grande leçon au pouvoir. Depuis sa libération, le Président Nkurunziza a perdu plus de 50 % de ses chances pour se maintenir au pouvoir. Le roi est nu. Le peuple l'a démystifié.
Les policiers sous la pression populaire
En ville de Bujumbura, deux évènements ont marqué la fin du régime. Commençons par les commerçants de Bujumbura. Ils n'ont pas accepté que la police frappe un des leurs. Ils ont pris des pierres et les policiers ont fui sous les jets de pierres. Pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, les policiers ont reculé devant la détermination des Burundais.
A l'Université du Burundi, les étudiants n'ont pas aimé que leur représentant soit mis au cachot. Ils sont partis en masse impressionnante pour le faire libérer et ils ont eu gain de cause. Celui qui était au cachot s'est retrouvé à la tête d'un grand rassemblement universitaire où il haranguait une foule qui dépasse celle qui se présente à un meeting de Nkurunziza.
La police a été obligée de relâcher un étudiant arrêté au cours des affrontements sous la pression des camarades d'université. Les chansons scandées par les universitaires ont dû siffler dans les oreilles du Président Nkurunziza.
Une dernière cartouche du Président Nkurunziza à la Documentation
Burundinews avait informé ses lecteurs d'une réunion qui s'est passée avant le limogeage du général Niyombare. A cette réunion, étaient présents le Président Nkurunziza, Bunyoni, Adolphe Nshimirimana, Ndakugarika, Prime Niyongabo qui est chef d'Etat major de l'armée, le ministre de la sécurité publique et Etienne Ntakarutimana surnommé Steve. Steve était en ce moment responsable de la logistique à l'Etat major de l'armée. Les six personnes qui étaient avec le Président Nkurunziza pour analyser le rapport de la Documentation sont des fidèles de Nkurunziza. Une personne a suscité notre attention. Comment est-ce que Steve s'est retrouvé dans cette réunion au haut sommet sans que le chef d'Etat Major adjoint et le ministre de la Défense ne soient invités?
La réponse vient de tomber. Steve allait être le nouveau patron de la Documentation. Pourquoi Steve? D'abord Steve était avec les généraux frondeurs ou tout simplement il était un général frondeur. Encore plus, quand les généraux frondeurs ont convoqué Bunyoni et Adolphe pour leur lire la lettre demandant leur limogeage, c'est Steve qui a lu cette lettre devant les deux qui faisaient la pluie et le beau temps. Ceci dit en passant, les deux généraux ont répondu à la convocation avec un profil bas avec des accusations mutuelles.
Steve a trahi les généraux frondeurs et a fait allégeance au général Adolphe Nshimirimana. Adolphe, le grand patron du Burundi, vient de nommer Steve à la Documentation. A travers cette nomination d'Adolphe Nshimirimana, Adolphe vient de revenir à la Documentation par la fenêtre.
Le Président Nkurunziza vient de gaspiller sa dernière cartouche. Cette nomination creuse davantage le fossé qui sépare le trio au pouvoir aux autres officiers. Nkurunziza est maintenant plus haï dans son camp que dans l'opposition. Un point positif pour le Président Nkurunziza : Enfin il a convaincu sa femme de la nécessité du troisième mandat. Un an pour convaincre sa femme, il faudra un siècle pour convaincre les Burundais. En ce moment, Nkurunziza ne sera plus en vie.