LA PRESIDENCE DE L’ASSEMBLEE EST DEVENUE L’ENJEU POLITIQUE PRIMORIDAL POUR CERTAINS
Burundi news, le 29 juillet 2007
Par Gratien Rukindikiza
Dans l’art militaire, celui qui contrôle le haut contrôle le bas. Une armée qui contrôle les montagnes ou les collines surplombant un centre névralgique ou une capitale est en position de force. L’exception est toujours burundaise. En politique, celui qui contrôle l’exécutif doit avoir la main mise sur le Parlement. Toutes les lois passent par ces élus et ils sont capables de bloquer un pays, sans parler de favoriser l’accession au pouvoir dans certains cas.
L’Assemblée Nationale est bloquée depuis le limogeage de Radjabu de la tête du CNDD-FDD. Le coup de main du Frodebu, de l’Uprona et du CNDD de Nyangoma pour destituer l’ancienne présidente de l’Assemblée Nationale n’a pas été récompensé. Ces partis déçus, associés aux pro Radjabu ont formé un forum de l’opposition. Ce forum a plus de la majorité à l’Assemblée Nationale. Il est capable de faire tomber le bureau de l’Assemblée Nationale pour désigner les leurs. A partir de l’Assemblée Nationale, ils peuvent agir selon la constitution, pour faire respecter leur volonté.
Celui qui contrôle l’Assemblée aura aussi un contrôle sur l’exécutif et même sur le Président de la République (Il était habitué aux tutelles). Ce contrôle n’intéresse pas que ce forum de l’opposition. Jérémie Ngendakumana se prépare aussi.
Et si la présidence de l’Assemblée Nationale passait au Frodebu !
Le forum de l’opposition a déjà demandé et obtenu des réunions du bureau élargi aux présidents des groupes parlementaires. Au cours de ces réunions, ce forum a montré clairement que le président de l’Assemblée Nationale risque de perdre son poste s’il ne les écoute pas. Or, ce dernier est entre le marteau et l’enclume. Entre les ordres reçus de Jérémie Ngendakumana, président du CNDD-FDD, et ceux du forum de l’opposition, il ne sait pas quoi faire. Il est devenu l’homme politique burundais le plus angoissé.
Le forum de l’opposition peut passer à l’action en cas d’inertie du président de l’Assemblée Nationale. Si ce forum contrôle l’Assemblée Nationale, il peut accélérer les commissions sur les détournements notamment les dossiers du pétrole nigérian, l’affaire Falcon etc… Sachant que le Président de la République peut être destitué pour corruption selon l’article 116 de la constitution. Selon l’article 302, le successeur du premier Président post transition est élu selon les mêmes modalités ; donc par le Sénat et l’Assemblée Nationale réunis en congrès.
Article 116
Le Président de la République peut être déclaré déchu de ses fonctions pour faute grave, abus grave ou corruption, par une résolution prise par les deux tiers des membres de l’Assemblée Nationale et du Sénat réunis.
Article 302
A titre exceptionnel, le premier Président de la République de la période post-transition est élu par l’Assemblée Nationale et le Sénat élus réunis en Congrès, à la majorité des deux tiers des membres. Si cette majorité n’est pas obtenue aux deux premiers tours, il est procédé immédiatement à d’autres tours jusqu’à ce qu’un candidat obtienne le suffrage égal aux deux tiers des membres du Parlement.
En cas de vacance du premier Président de la République de la période post-transition, son successeur est élu selon les mêmes modalités prévues à l’alinéa précédent.
Le Président élu pour la première période post-transition ne peut pas dissoudre le Parlement.
Concrètement, le Président de la République peut être destitué pendant son mandat selon la constitution. Son remplacement ne nécessite pas d’autre financement. C’est pour cela que le contrôle du Parlement est capital pendant cette période post transition de 5 ans.
Jérémie Ngendakumana est aussi pressé
Le président du CNDD-FDD Jérémie Ngendakumana a aussi ses ambitions. Probablement que ses ambitions peuvent même menacer le fauteuil présidentiel. Tactiquement, il souhaite d’abord présider l’Assemblée Nationale. Pie Ntavyohanyuma, président de l’Assemblée Nationale, a un mauvais rôle. Il est sous les ordres de Jérémie Ngendakumana qui le pousse à la faute pour prendre sa place. Ne pouvant pas lui dire non, il est entrain de se chasser lui-même de son poste.
Si Jérémie Ngendakumana contrôle la présidence de l’Assemblée Nationale, il sera en position de force pour contraindre le Président de la République à démissionner ou à accepter certaines conditions.
La présidence de l’Assemblée Nationale est la clé des prochaines élections. Elle fera l’objet de batailles ces jours à venir. Quant aux alliances, c’est la politique de TOUT sauf qui sera la règle.