A LA RECHERCHE DES PREUVES DE LA SOI DISANTE TENTATIVE DE PUTSCH

 Burundi news, le 21 août 2006

Par Gratien Rukindikiza

Ces derniers jours, les discussions des Burundais sont dominées par des histoires de coup d’Etat. Il y a eu beaucoup de versions. Certains ont affirmé que le putsch est un montage du chef du CNDD-FDD et la Documentation. D’autres ont dit qu’ils disposent de preuves d’implication des politiciens et des officiers dans cette tentative de putsch. Le pouvoir, surtout le cercle proche de Radjabu, a affirmé que les preuves sont suffisantes pour faire emprisonner les présumés putschistes.

Le journal du CNDD-FDD a reproduit la fameuse preuve de ce putsch. La « preuve » manque de cohérence et démontre bien qu’il s’agit d’un pur montage.

La conversation téléphonique entre un homme politique et un officier n’est autre qu’une comédie jouée par Mugabarabona et le commandant Rudadi qui a été faite pour être enregistrée par la Documentation.

Aucun homme sensé ne peut organiser un putsch de A à Z au téléphone en une fois. On savait que les deux hommes avaient travaillé pour Adolphe, le patron de la Documentation pour des raisons financières ou autres. Personne ne pouvait s’imaginer qu’ils pourraient faire enregistrer une telle comédie. La comédie a été aussi mal préparée par la Documentation car la conversation est faite d’incohérences.

Dans leur conversation, il ne parle nulle part des forces qu’ils disposent, des soutiens. Ils donnent l’impression que c’est le commandant Rudadi qui monte à l’assaut du palais présidentiel et la résidence de Radjabu avec l’appui de Mugabarabona. Les réalisateurs de Ninde auraient des sujets d’inspiration. Un haut cadre du CNDD-FDD les a appelés des Samandari. Il a trouvé le terme convenable.

La conversation a été faite le 07 juillet 2006 et le putsch devait se passer dans les jours proches. Or, les arrestations ont été faites le 01 août 2006. La Documentation aurait alors laissé en liberté les gens qui étaient en phase finale d’un putsch. La première au monde ! Le commandant Rudadi, chef militaire des opérations d’après la conversation, est resté libre jusqu’à sa conférence à l’ISCAM, plus d’une semaine après les arrestations. Il a passé cette semaine à affiner son « putsch » avec comme conseiller Adolphe, le patron de la Documentation. Quel putsch ? Entre temps, Mugabarabona était sur le point d’être libéré.

La Documentation devait laisser libres ses comédiens pour s’occuper de ses innocents torturés.

Au cours de la conférence à l’ISCAM, le commandant Rudadi a oublié sa leçon et a affirmé que les Kadege et autres ne sont pas dans le putsch. Il a affirmé que seul lui et Mugabarabona sont impliqués. Il a oublié de dire qu’ils sont les seuls comédiens au service de la Documentation avec Ndayishimiye.

Les autres preuves de la Documentation sont les « aveux » de Kadege après deux évanouissements suite à la torture. Il a préféré avouer n’importe quoi pour éviter la mort par torture. Il a eu raison. Ces « aveux » signés avec une fausse signature, comme l’a fait Kadege, ne sont pas des éléments à produire en justice dans un pays démocratique. Or, le Burundi est devenu une dictature comme les autres.

L’ancien Président Ndayizeye vient d’être arrêté dans le cadre de ce putsch monté par la Documentation pour éliminer les opposants. Si un ancien Président est arrêté dans ces circonstances, rien n’empêchera aux autres d’arrêter celui qui dirige aujourd’hui le Burundi. En banalisant la fonction présidentielle, le Président Nkurunziza se banalise lui même. Les preuves dont on lui parle ou qu’on lui montre sont des confections de documents, de voix arrangées etc… Il est le premier manipulé. Son discours a brillé par son incompréhension de la vraie situation qui prévaut au Burundi. Il ne réalise pas l’angoisse des Burundais, leur peur et la haine qu’ils ont à l’égard du pouvoir.

Les trois comédiens ne comprennent pas pourquoi ils croupissent en prison alors qu’ils ont rempli leur contrat. Une comédie contre l’argent ! Sauf que la comédie plonge le pays dans un chaos.

Le pouvoir s’apprête à libérer Mugabarabona, le commandant Rudadi et Ndayishimiye. Qui restera en prison ? Les innocents ! Ce n’est pas la première fois, ni la dernière fois au Burundi surtout avec ce pouvoir. A ce rythme, le pire est devant nous. A bon entendeur, salut !