LA DEMOCRATIE EMPRISONNEE AU BURUNDI A TRAVERS LES JOURNALISTES DE LA RPA

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 22 novembre 2006

Incroyable, le pouvoir vient de franchir le cap du ridicule. La démocratie vient de prendre un coup de fouet. Emprisonner les journalistes est le pire des actes d’un pouvoir, il équivaut à tuer la démocratie.

Serge Nibizi et Domitile Kiramvu ont été emprisonnés ce mercredi 22 novembre 2006 pour avoir parlé dans le journal de la radio RPA du procès des faux putschistes. Les éléments qu’ils ont donnés sont déjà publics car le procès est déjà fixé. Selon la loi, rien n’interdit de prendre connaissance du dossier des accusés dès que l’audience est fixée. Les avocats sont en possession du dossier.

Deux poids, deux mesures. Willy Nyamitwe, conseiller à la Présidence,  avait publié un document complet de ce procès deux mois avant la connaissance de la date d’audience. Il n’a pas été inquiété alors qu’il était dans l’illégalité. Il a osé publier un document de justice de la fameuse conversation téléphonique entre Rudadi et Mugabarabona alors que les prévenus ne l’avaient même pas reçu.

Le pouvoir a décidé d’emprisonner les deux journalistes les plus estimés du Burundi pour les empêcher de démontrer le montage de ce faux putsch.

La vérité est unique. Les intimidations du pouvoir ne retireront rien de la détermination des Burundais à contraindre le pouvoir de changer de cap. La démocratie protège le pouvoir alors que la dictature le détruit.

Le pouvoir n’a pas  seulement emprisonné les deux  journalistes. Il a aussi emprisonné la vérité, privé le peuple de ses serviteurs. Ce sont  la démocratie et la liberté de la presse qui vont passer la nuit, voire des nuits à Mpimba.

L’opinion publique est témoin. La communauté internationale constate avec amertume le comportement honteux de ce pouvoir dictatorial. Je suis convaincu que le Dieu que le Président de la République prie avant chaque réunion ne lui a pas recommandé d’assassiner la démocratie. Un bon croyant n’est pas celui qui prie à longueur de la journée pour prier pour soi. Il est avant tout un juste. Celui qui pratique une injustice à l’égard de ses concitoyens est un mauvais croyant.