LE FAUX DEPART DU PROCES DES MASSACRES DE MUYINGA

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 10/06/2008

Les massacres de Muyinga sont une épine dans le pied du pouvoir de Nkurunziza et ses généraux. Le colonel Bangirinama qui avait tout organisé a pris la fuite avec la complicité d'un général de l'Armée burundaise. Des tractations ont été faites pour enterrer le procès. Mais, les morts ne sont pas encore enterrés dignement. Leurs familles, les Burundais et la communauté internationale veulent savoir pourquoi le pouvoir de Nkurunziza a organisé ces massacres.

En l'absence de Vital Bangirinama qui serait déjà au Canada, l'Armée a voulu faire le procès pour que la lumière soit faite et que les coupables soient condamnés même s'ils ne sont que des exécutants.

Parmi les accusés, un officier et quatre sous officiers sont sous les verrous. D'autres sont encore en service en raison de leur rôle mineur dans ces massacres. Ceux qui sont en prison sont un officier d'escorte de l'ancien commandant de région militaire, quelques militaires, un sous officier de l'escorte et deux sous officiers de la position sur laquelle les personnes accusées d'être membres du FNL ont été massacrées et autre sous officier du camp Mukoni. Au départ, le procès concernait que des militaires et la cour militaire était compétente. Or, cette cour n'était pas sous le contrôle total du parti CNDD-FDD. Il a fallu trouver un arrangement. Profitant des démobilisations, un ou deux officiers haut gradés, ex FDD, selon certaines sources, auraient glissé deux noms des militaires impliqués dans le dossier mais toujours en activité pour leur participation passive dans les massacres.

Le jour du procès, contre toute attente, le président de la cour militaire a sorti un écrit qui signale que deux des prévenus sont déjà démobilisés depuis plus de 5 mois. Le président de la cour militaire s'est adressé à l'auditeur général pour lui demander s'il a vu le document. Un véritable tollé car le colonel Ntibanoboka aurait dû en parler à l'auditeur général avant le procès pour éviter de se ridiculiser devant le public nombreux venu assister au procès au camp Muyinga, alias Mukoni.

Le président de la cour militaire, aurait-il voulu éviter un procès gênant ou serait-il tombé dans le piège de ceux qui ont organisé les massacres? Dans tous les cas, son intention s'est manifestée car  il a demandé le renvoi du procès devant les juridictions civiles compétentes pour juger les civils. Cependant, un dossier commencé au moment où un militaire est sous les drapeaux ne change pas de main parce qu'il est passé chez les civils.

Si le dossier est remis aux juridictions civiles sous le verrouillage total du CNDD-FDD, les Burundais auront un procès comme le jugement de la cour constitutionnelle qui dit tout sauf le droit. Quoi qu'il en soit, un procès sur des massacres ne se fait pas comme les autres. Les morts hantent ceux qui s'y aventurent en les massacrant pour la deuxième fois.