Psychose à Bujumbura…

Par The Leadership Institute

 

Enfin le gouvernement vient de réagir, par un communiqué de presse, à la psychose qui existe actuellement au Burundi. Il vaut mieux tard que jamais, mais le gouvernement réussira-t-il à rassurer les burundais sur ses intentions réelles pour ramener la sécurité ? Nous en doutons pour les raisons suivantes :

1.     Le Gouvernement du Burundi semble caractérisé par un certain bicéphalisme entre le pouvoir officiel et une clique de généraux qui dirigent le parti CNDD FDD et composent le « kitchen cabinet » du Président NKURUNZIZA. Ce sont ces généraux qui sont accusés aujourd’hui de vouloir déstabiliser le pays par l’élimination de certains adversaires politiques et dans la société civile. Ce projet macabre serait celui du parti CNDD FDD qui est aussi dirigé, en réalité, par cette clique.

2.     Des menaces sont rapportées par les médias d’une part, les partis politiques de l’opposition ainsi que certains parlementaires, d’autre part. Le Service National de Renseignement (SNR) est cité pour être le planificateur et l’exécuteur de ce projet macabre.

3.     Certains actes de violence ont été rapportés avec l’assassinat des leaders locaux du Frodebu dans Bujumbura Rural et les tirs contre la résidence d’Alexis SINDUHIJE, sans oublier les menaces rapportées à l’intention des journalistes par certains militaires des forces de sécurité.

4.     Cela fait des mois que l’insécurité règne dans tout le pays sous le silence absolu du gouvernement et en toute impunité.

5.     Certaines révélations contre le patron des SNR circulent sur des CD et DVD dans tout le pays et le gouvernement n’y a fait aucun commentaire, contribuant à la psychose et à la méfiance. Soit le gouvernement est en train de contribuer dans son dénigrement dans les médias (ce serait une tactique de NKURUNZIZA qui aime bien trouver des boucs émissaires), soit le Président le couvre pour la réalisation de ses sales besognes, sinon on ne comprend pas le pourquoi du silence du Chef de l’Etat quand ses grands serviteurs sont attaqués : le chef des services de renseignement et le ministre de la défense nationale et des anciens combattants. Il devrait d’une manière ou d’une autre, soit les désavouer soit leur montrer publiquement tout son appui face à ces accusations. C’est le moins qu’on attendrait de lui.

6.     Les changements attendus au sein du Bureau de l’Assemblée Nationale avec l’exclusion de l’Honorable Alice NZOMUKUNDA du parti CNDD FDD semblent confirmer l’existence d’un agenda caché pour éliminer politiquement certains membres du Parlement tels que l’Honorable Pasteur MPAWENAYO et d’autres. Le CNDD FDD semble vouloir mettre dans le Bureau de l’Assemblée Nationale un agneau docile qui va entériner toutes les demandes de levée de l’immunité. Cela ressort des propos tenus dans les médias burundais par l’Honorable NZOMUKUNDA elle-même.

7.    Les propos de certains militaires très haut placés ex-FDD auprès de la classe politique hutu inquiètent car ils sont divisionnistes, ethnistes et sectaires : ils essaient de convaincre tant bien que mal que les problèmes actuels du pouvoir sont le fait des tutsis. Ces positions ne sont pas, heureusement partagées par la plupart d’entre eux, mais indiquent de la volonté du pouvoir de ramener les démons de l’ethnisme et de la division.

Pour toutes ces raisons, nous pensons qu’un simple communiqué de presse n’est pas de nature à rassurer les burundais. Des gestes assez forts et significatifs sont nécessaires pour mettre de l’eau sur la poudrière.

Dans d’autres écrits sur internet, on nous a invité à procéder à une critique positive et constructive en proposant des solutions concrètes. Nous nous permettons donc de faire les propositions suivantes à l’intention du gouvernement :

-         La mise en place d’un Conseil National de Sécurité élargi aux leaders des groupes parlementaires pour faire un monitoring de la situation de sécurité et des mesures de prévention du crime prises par les responsables sur terrain ainsi que des mesures de lutte contre l’impunité et les actes de  violation des droits de l’homme.

-         L’adoption de mesures draconiennes contre les personnes impliquées dans les actes de violences : si nécessaire faire voter une loi en la matière. L’Etat pourrait se documenter sur les mesures prises dans les pays post-conflits où pullulent les armes. L’insécurité actuelle requiert des mesures spéciales sinon on risque de croire que le gouvernement y est impliqué comme cela se raconte.

-         Prévoir aussi des mesures spéciales contre les agents des services de l’ordre pris dans des actes de violence contre la population burundaise.

-         Le limogeage du Général Adolphe NSHIMIRIMANA et le déclenchement d’une mise en examen pour les actes lui reprochés (assassinats de KINAMA, vols, rançonnements de certains citoyens, meurtres, tortures etc…) afin de regagner la confiance de la population et de l’opinion internationale sur les véritables intentions du pouvoir sur la question des droits de l’homme.

-         La poursuite judicaire contre toutes les personnes accusées de violation des droits de l’homme et de tortures au sein des services de sécurité. Sur ce, nous invitons le gouvernement qui, dans son communiqué a demandé des mesures contre les agents des services de sécurité impliqués dans les actes de violence, de passer à l’acte et d’annuler la nomination de Jean Bosco NGENDANGANYA au poste de premier secrétaire d’Ambassade à Pretoria afin de poursuivre la procédure judiciaire contre lui pour les tortures sans nom infligées contre Evariste KAGABO. Ce geste sera de nature à montrer le sérieux du gouvernement dans la lutte contre l’impunité et les violations contre les droits de l’homme. Les mots ne suffisent pas. Le peuple veut des actes concrets.

-         La mise en place, à la demande du gouvernement lui-même, d’une commission d’enquête internationale sur les assassinats de Muyinga et de Kinama afin d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur les auteurs de ces crimes contre l’humanité. La réputation de nos services de défense et de sécurité implique de condamner ou de laver de tout soupçon les responsables cités dans ces massacres. Si nécessaire, même le Président de la République doit s’expliquer dans ces affaires et s’il est prouvé qu’il a couvert ces crimes, IL DEVRAIT DEMISSIONNER par respect pour le peuple burundais, sinon le Parlement devrait le démettre.  Le cas échéant, nous demandons aux organisations de défense des droits de l’homme de porter plainte, au nom des familles des victimes, à la Cour Internationale de La Haye contre les personnalités impliquées et citées dans cette affaire et d’exiger leur comparution.