FUTURS PUTSCHISTES LEVEZ-VOUS !

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 07 mars 2006 

Les malheurs du Burundi indépendants tirent leurs origines des coups d’Etat. Ce sont les coups d’Etat qui sont à la base des évènements de 1965, 1969, 1972 et  1993. La crise de 1988 de Ntega Marngara est une exception. En 1965, les officiers hutu arrêtés et tués avaient tenté un putsch contre le Roi Mwambutsa. En 1969, le coup de Nkaka a été une occasion pour éliminer certains officiers hutu qui pouvaient revendiquer le pouvoir. En 1972, le fonds du problème a été un putsch interne du pouvoir avec des manipulations des extrémistes hutu. En 1993, la tentative de putsch qui a entraîné l’assassinat du Président Ndadaye est à l’origine des massacres de 1993 et 1994.

Parler de tentative de coup d’Etat aujourd’hui rappelle les malheurs du peuple Burundais. Quelques années après la fin de la guerre en dehors de la partie Imbo, le peuple Burundais est secoué par les nouvelles de putsch diffusées par la RTNB hier le 06 mars 2006.

Qui sont les putschistes ? Qu’est-ce que le Président a dit réellement à Muyinga ? Quelles sont les dessous de cette histoire ?

Les putschistes sont 3 anciens officiers supérieurs de l’Armée qui ont fait plusieurs réunions à Gitega. Ces officiers sont très connus à tel point que leur présence ne pouvait pas passer inaperçue. Les trois politiciens sont aussi des gens connus qui veulent se soustraire d’une justice par rapport aux détournements. Ont-ils fait des réunions de déstabilisation ou leurs mouvements inquiètent-ils plus leurs intentions ?  Aux lecteurs de ne pas me demander les noms, ils sont toujours confidentiels. Au pouvoir de les révéler.

Selon certaines personnes présentes, le Président de la République n’aurait pas parlé de putsch mais de déstabilisation par ces officiers et les politiciens par le biais des démobilisés. Le Président a demandé au commandant de la police de Gitega s’il ne connaît pas ces gens. Ce commandant a nié. Cependant, ils sont venus plusieurs fois à Gitega. Cette nouvelle ne fait que relancer les rumeurs au sein de l’Armée et de la Police. Elle fragilise aussi les chances d’octroi d’aide internationale. L’insécurité repousse les investisseurs et les aides. Certaines déclarations peuvent fragiliser la paix et compromettre les chances de développement du pays.

Cette histoire de déstabilisation ou de putsch peut cacher autre chose. Qui a intérêt à renverser le pouvoir ? Celui qui peut le récupérer. Or, le pouvoir reviendrait à celui qui serait élu par le Parlement et le Sénat réunis. Le parti qui domine les deux instances est le CNDD-FDD.   Personne n’ose s’imaginer un officier se mettre au pouvoir et remettre en cause l’étape démocratique actuelle. Par ailleurs, les FDN et la Police sont composées par les anciens militaires et FDD. Les FDD et les anciens militaires sympathisants du CNDD-FDD constituent la majorité de la nouvelle Armée et Police. Les chefs de ces deux corps ont été nommés à 100% par le pouvoir du CNDD-FDD. Il serait impensable que ce pouvoir nomme des officiers en qui ils ont des doutes. Or, un putsch ne peut pas se réaliser s’il est combattu par le ministre de la défense, le chef d’Etat major, le G3 et le G2.

Des histoires de putsch ont servi dans le passé à éliminer certains officiers et politiciens gênants. Des vengeances personnelles peuvent profiter de l’occasion pour glisser un nom de tel ou tel autre officier parmi les probables putschistes.

Ces histoires interviennent au moment où la Documentation Nationale est accusée de plusieurs violations de droits de l’homme notamment des meurtres par la très sérieuse consultante des droits de l’homme de Human Right Watch Alison Desforges et plusieurs radios. La sécurité présidentielle ne rassure pas non plus la population burundaise après deux incidents mortels au cours des déplacements du Président à Ruyigi et à Ngozi. Le peuple a trop misé dans le nouveau pouvoir. Il lui appartient de rassurer, de mettre de l’ordre dans ses services et sécurité.

La meilleure façon de côtoyer  le danger est de laisser en attente des dossiers de corruption et de détournements. Soit les dossiers sont traités rapidement et les fautifs n’ont pas le temps de tenter l’irréparable pour se protéger, soit les dossiers sont enterrés définitivement au détriment des intérêts du peuple. L’attente et l’immobilisme sont les grands ennemis d’un pouvoir.